24. Le manque est invicible

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Nous avons aucun moyen de contrôle sur nos sentiments. Nous pouvons choisir de les ignorer, de faire abstraction sur la douleur qu'ils envoient mais nous pourrons jamais les contrôler. Je me bats pour que le mal s'estompe, pour que mes larmes cessent de river sur mes joues, mais je n'y arrive pas. Je suis faible. Les images de son regard si triste sur moi n'arrêtent pas de défiler dans ma tête, prenant la forme d'un disque qui tourne en boucle. Comme s'il espérait, comme s'il croyait dur comme fer au fait que nous allons nous revoir, mais c'est faux. C'est fini. Il n'y a pas plus de nous. Il y a juste un moi. Et un lui. J'aimerais qu'Alec soit là, qu'il me souffle dans l'oreille que tout va bien se passer, que je n'ai pas à m'en faire, je m'en sortirais sans Justin. J'ai besoin qu'il me dise que je ne surmonterais pas ça seule, qu'il m'aidera même si c'est dur. Comme il avait su le faire auparavant. Mais je ne peux même plus compter sur ça. Je ne peux que compter sur la douleur pour me tirer vers le bas. Je n'ai aucun moyen de me sortir de là, pas sans lui.

Il m'a tellement aidé, il a toujours fait du mieux qu'il a pu pour moi, pour que je puisse être heureuse. Il a réussi à me rendre importante, à me faire sentir importante pour quelqu'un, pour lui. Et je laisse tout prendre le large. Je tire un trait sur ce que j'avais de mieux, sur ce que j'aimais le plus. Mais je me sens incapable de revenir, car la douleur est un peu plus corsée à chaque fois que je pense à son corps collé contre celui d'une autre fille. Unty. Maya. Elles m'empêchent de faire demi-tour. Elles appuient encore plus sur mon cœur, le laissant se heurter sans cesse sur le sol. Avais-je vraiment besoin de ça ? A croire que oui. A croire que l'absence infernale d'un frère n'est pas assez pour mon sort, il faut encore que l'on m'arrache l'envie de me battre. J'ai tout donné, mais je suis à bout. Je suis fatiguée de me combattre, fatiguée d'avoir mal. Il n'y a aucun moyen de combattre le vide. Le manque est invincible.

« Dearf, soufflais-je en redressant le visage vers elle. »

« Oui ma belle ? »

« Tu crois que je vais pouvoir passer au-dessus de ça ? sentant mes larmes reprendre de plus belle. Tu crois que je vais pouvoir reprendre ma vie là où je l'avais laissé avant que tout ça m'arrive ? »

« Silver ... soupire-t-elle d'une voix fragile. »

« Tu crois qu'un jour je pourrais être heureuse, je pourrais dire que j'ai passé le cap de la mort de mon frère, que je suis tombée amoureuse, mais que tout cela est fini, que je ne souffre plus ? »

« Tu es une filles forte. »

« Crois-tu en moi ? Penses-tu que je vais m'en sortir ? »

« Ça ne sera pas évident, et tu le sais autant que moi, dit-elle en posant sa main sur mon épaule en ne quittant pas la route des yeux, mais ce n'est pas impossible, si tu veux t'en sortir, tu y arriveras. »

« Ce n'est plus une question d'envie Dearf, mais de survie, appuyant ma main contre ma poitrine comme pour stopper la douleur. J'ai l'impression que je vais crever d'une minute à l'autre tellement que j'ai mal, tellement que la douleur ravage tout ce que je peux avoir encore en moi. »

« Silver, ma chérie, ça va aller d'accord ? On va tout faire pour que ça aille, je te le promets. »

Je sens sur ma veste son frottement de main contre mon épaule, essayant d'être le plus rassurant possible. Je veux y croire, je veux pouvoir me dire qu'elle a raison, comme elle a toujours eu raison sur mes histoires lorsqu'on se trouvait encore à Chicago. Comment elle a eu raison sur mon histoire avec Peter. Elle savait depuis le début. Elle m'avait prévenu qu'il n'était pas celui qu'il était, que j'aurais mal, qu'il me ferait souffrir, et qu'il allait jouer de moi. Je n'ai jamais voulu la croire, mais je me suis retrouvée face à sa raison, face à sa vigilance. Face à un sacré con. Je devrais la croire. Je devrais l'écouter lorsqu'elle me dit que tout va bien se passer, mais même-elle n'avait pas prévu ça.

FATAL POISONING (W/ J.B) || TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant