Vase brisé et rose fanée

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Ce soir là, je n'ai pas réussi à m'endormir. Trop de chose se bousculaient dans ma tête. Le visage de ma mère, les traits flous de mon père, le nom de ce vieux fleuriste. Tout tournait à une vitesse folle comme dans un grand huit. Les yeux rivés sur le plafond, plongée dans la pénombre je repensais à tout. Au commencement de cette histoire. Aux indices de ma mère. À ce que je cherchais. Et la vérité c'est que je ne savais pas. Non, je ne savais pas ce que cherchais. Des preuves ? Oui mais lesquelles ? Je crois que je cherchais simplement quelque chose qui me prouverai que mes parents n'avait pas tué dans raison. Quelque chose qui prouverai au monde que les 42 victimes de Blaise Cool était morte pour le bien de l'humanité.
Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que mes parents aient tué de pauvres innocents. Je n'y arrivais pas parce que je savais que c'était faux. Avant de pourrir dans un cercueil, ils étaient 42 criminels. Et je voulais le prouver au monde, je voulais le prouver à la police pour qu'ils regrettent d'avoir tué la seule personne qu'il me restait. Ma mère.

Il était 1 heures du matin quand Tim et moi nous sommes échappés du foyer. Rien de bien compliqué, juste un mur à escalader. Le plus dur arrivait après : trouver un moyen de ce rendre à 30 kilomètres de là. Trouver un moyen d'atteindre l'objectif.

Quel taxi prendrait deux gosses égarés et sans argent ? Les chances étaient minces mais ça ne coûtait rien de tenter. Le premier ne s'est pas arrêter. Le deuxième à prétexter qu'il avait fini sa journée. Le troisième voulait de l'argent. Le quatrième nous a pris. Comme quoi, la chance me souriait encore quelques fois.

Nous sommes arrivés à destination vers 2 heures. Le magasin se trouvait en face de nous. J'ai pris le temps de l'observer, longuement. J'avais à peine eu le temps de fermer les yeux pour profiter du moment quand un bruit sourd a retentit. J'ai ouvert les yeux, Tim venait de défoncer la porte. Il me regardait, fier d'avoir forcé la porte d'un fleuriste. Il était vraiment imprévisible et franchement pas discret mais on est rentré. Si déjà il c'était donné la peine d'ouvrir les portes autant en profiter. Et de toute façon le bâtiment était à l'abandon.

L'intérieur ressemblait à un dépotoir. Tout n'était qu'un tas de vases cassés, de fleurs fanées et de décorations entassées. On arrivait à peine à se frayer un passage entre tout ce bordel. Il y avait encore quelque tableaux au mur. Des photos de fleurs, de bouquets et de champs. Des citations bien clichées sur la vie et les couleurs. Le spectacle était en bazard mais j'aurais pu rester des heures à essayer de reconstituer le magasin d'origine. Le "fleuriste du centre" avait mal vieilli mais il devait être avenant lorsqu'il était encore ouvert.

Autre bruit sourd. Un tableau cette fois. Il venait de tomber du mur, sûrement bousculé dans sa petite vie tranquille par l'ouverture brutale de la porte. Le verre s'est brisé laissant une photo d'un bouquet de roses et de tournesols sans protection. J'ai passé ma main sur celle-ci pour la dépoussiérer. La photo était si vieille qu'elle s'effrittait, le cadre tombait en morceau dans mes mains. J'ai levé la tête, Tim s'amusait à briser tout ce qu'il trouvait. C'était un cas désespérer. J'ai pris ce qu'il restait du cadre et je l'ai piétiné. Il s'est cassé du premier coup. J'ai éprouvé un sentiment de satisfaction. Ça fait de bien de casser des choses, je vous assure. Tim m'a regardé à son tour et tout les deux on s'est deffoulés sur les débris du cadre. Le verre et le bois craquaient sous nos chaussures.
Je m'apprêtais à donner le coup fatal à la photo quand Tim m'arrêta :

«- Attend !
- Quoi ?
- Il y a quelque chose derrière la photo.»

Au nom de la justiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant