Je me doutais que ma nouvelle sœur était de ces femmes qu'aucun homme ne saurait faire plier à leur volonté car elle semblait être faite de fer mais jamais, je n'aurais pu concevoir que Maria prendrait la fuite. Une telle idée ne m'aurait jamais effleuré l'esprit même si Louis avait cet agaçant don de vous donner envie d'être à mille lieux de lui.
— Ôtez-la de ma vue ! ordonna mon aîné avec une froideur qui m'aurait fait frémir si j'avais été la cible de son courroux.
— Perdoneme. Lo siento, pero ella es mi reina. Yo … cria la jeune espagnole tandis qu'elle était escortée par deux suisses. (Pardonnez-moi. Pardon, mais elle est ma reine. Je…)
— Il me semble qu'emprisonner cette pauvre âme soit excessif et je doute que Maria y soit fa…
— Maria l'y rejoindra, m'interrompit Louis. Lorsqu'elle sera trouvée, elle passera le restant de ses jours emprisonnée sous bonne garde !
— L'emprisonner ? ricanai-je, incrédule. Quand comprendras-tu, mon frère, que ton épouse n'est pas du genre à se laisser apprivoiser ? Elle aspire à la liberté et n'aura de cesse de s'échapper de la cage dorée dans laquelle tu souhaites l'y enfermer.
Il me lança un regard assassin et nous savions tous deux que j'avais raison mais il était bien trop opiniâtre pour ne serait-ce que l'admettre.
— Je la retrouverai et qu'elle consente à me suivre de son plein gré ou non, elle demeurera prisonnière jusqu'à ce je puisse en décider autrement, déclara-t-il avec fermeté.
Il s'éloigna tout en aboyant des ordres avant de prendre la tête d'un groupe composé de quelques membres de la Garde royale ainsi que des Gardes suisses.
— À peine viennent-ils de se marier que notre nouvelle reine s'échappe avec un miséreux, commenta mon amant qui vint se placer à ma droite. Crois-moi, même si nous ne parvenons pas à la retrouver, elle préfèrera rentrer d'elle-même que d'être déshonorée par les bandits qui pullulent les routes et les forêts.
Je frissonnai d'effroi à l'idée d'imaginer ma nouvelle sœur être la proie de telles personnes. Elle était, certes, courageuse mais elle ne pourrait survivre une journée toute seule dans ces bois, de surcroît dans les conditions dans lesquelles elle se trouvait, un enfant à charge.
J'enfourchai aussitôt mon cheval, plus qu'inquiet à la pensée de la savoir en danger.
— Philippe ! héla Armand.
Je me mis au galop et me dirigeai vers les bois mais prenant une toute autre direction que celle de mon frère et des gardes qui l'accompagnaient. Je connaissais Maria que depuis peu mais étais certain qu'elle ne s'aventurerait pas toute seule sur les routes. Elle était bien trop prudente et protectrice de la vie qui était en elle ainsi que de cet orphelin qu'elle avait fait sien, qu'elle n'irait pas volontairement au devant de situation périlleuse. Aussi, il me fallait impérativement tenter de me mettre dans sa tête et ainsi réfléchir comme elle.
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Un brin de ressemblance
Ficción históricaMaria Cardon, chirurgienne et herboriste, peine à se remettre de son récent divorce. Pour tenter d'atténuer sa douleur, elle fait le choix de rentrer en France à Paris mais avant son départ, elle souhaite faire ses adieux à son ex-époux. Alors qu'el...