Maria Cardon, chirurgienne et herboriste, peine à se remettre de son récent divorce. Pour tenter d'atténuer sa douleur, elle fait le choix de rentrer en France à Paris mais avant son départ, elle souhaite faire ses adieux à son ex-époux. Alors qu'el...
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Je m’efforçai de faire fi des regards qui se posaient sur moi et des chuchotements qui allaient bon train autour des membres qui composaient la Cour de France. Il ne fallait point partager le sang d'Einstein pour se douter du sujet qui semblait enfler dans la foule qui se hâtait de rejoindre, chacun, leur carrosse. Il fallait être aveugle ou le faire exprès pour ne pas voir la marque qui ornait ma joue. Elle était si difficile à ignorer que lorsque Anne d’Autriche posa son regard sur moi, il fut facile de lire dans ses yeux qu’elle connaissait l’auteur de cet acte. Qui d’autre cela pourrait-il être ? Aucun sujet du Royaume de France n’aurait même pensé à tenter un tel geste quand une mise à mort immédiate aurait été son seul salut.
La reine douairière m’invita à partager son carrosse en compagnie du cardinal Mazarin et je n’hésitai pas une seconde à accepter son invitation, soulagée de ne pas avoir à faire le trajet aux côtés d’un homme capable de lever la main sur une femme, de surcroît enceinte ! Je me doutais que les femmes étaient très peu tenues en estime à cette époque mais jamais je n’aurais pu imaginer qu’un monarque s’abaisserait à user de violence envers une femme.
— Ne concevez point de crainte quant aux agissements de Louis, mon enfant, me dit Anne d’Autriche. Être monarque est une tâche lourde à porter mais maintenant que vous vous tenez à ses côtés, je suis certaine qu’il s'adoucira avec le temps.
Je voulus hausser les épaules mais retins mon geste à temps. Il m’était parfois difficile de me souvenir quelle était ma place dans ce nouveau monde.
— Il est mon époux et mon roi, aussi, je m'attacherais à le servir du mieux que je le pourrais et si ma présence lui permet d’alléger son fardeau alors j’en suis heureuse.
Oui, je suis heureuse de lui servir de punching-ball. Très enthousiaste et volontaire ! Il pourra recommencer autant de fois qu’il le voudra mais il a intérêt à bien protéger ses bijoux de famille car la prochaine fois, je me ferai un plaisir de le castrer et de lui faire avaler ses burnes.
— Que voilà de belles paroles ! s'exclama le cardinal. Nous n’aurions pu trouver de meilleure épouse à notre roi que vous et me voilà rassuré de savoir qu’il a ses côtés une personne qui le soutiendra en toutes épreuves. C’est avec l’esprit léger que je me laisserai périr.
— Périr ? fit la reine douairière, indignée. Ce royaume tout comme Louis a encore besoin de vous, Mazarin. Vous nous êtes précieux, aussi, je vous prierai de cesser de dire de telles fadaises.
Le cardinal émit un petit rire mais promit à Anne d’Autriche qu’il n'évoquerait sa mort, du moins, en sa présence. Puis il changea de sujet pour calmer les inquiétudes de la reine douairière et entreprit de me faire la conversation. Il paraissait intrigué par le mode de vie de la Cour espagnole et souhaitait en savoir un peu plus sur les us et coutumes de la noblesse hispanique. Je m’efforçai de lui dire ce que j’avais pu glaner comme informations au cours des derniers mois que j’eusse à passer en Espagne.