Devil's Eagles T4 : Les Ailes Du Destin

15. Judge/Jackson

Judge

Je regarde Razor comme si c'était un putain d'extraterrestre.

De un, j'aime pas sa façon calme de parler. Ce n'est pas son genre.
De deux, j'ai une envie folle de lui faire bouffer la main qu'il a posé sur mon fils.

- Explique, lâche Kill excédé par la situation.

- Sheitan sait pas mal de chose sur le club à cause de l'autre traître. Mais je suis à peu près sûr que ça se limite à notre chapitre. Je ne pense pas qu'il ait des infos sur nos nomades. C'est là que Warrior intervient.

- Continue, déclame l'intéressé. Tu commences à m'intéresser.

- Tu te fais passer pour un vétéran qui a besoin de fric et tu lui amène le gamin pour lui prouver que tu peux lui être utile. T'en penses quoi ?

- Oui, c'est une histoire qui se tient. Ça peut le faire.

- Par contre, t'es sûr que tu pourras gérer...

- Je peux tout endurer sans sourciller, connard ! Tu doutes de mes capacités ?

- Non, je voulais juste m'assurer que t'étais pas devenu une fiote avec le temps.

Mon frère lui répond d'un doigt d'honneur avant de se tourner vers moi.

- Ça te rassure si c'est moi qui l'accompagne ?

- Non, y a rien qui pourra me rassurer. Putain Will ! C'est mon fils, tu comprends.

Il pose ses mains sur mes épaules comme à l'époque où j'étais persécuté à l'école et qu'il voulait me remonter le moral.

- T'en fait pas p'tit frère, je te le ramènerai en un seul morceau.

- T'as intérêt ou je te crève.

Il se remet à rire. Cette manie qu'il a de rire de tout et n'importe quoi commence à me taper sur le système nerveux.
Je suis quelqu'un de calme et posé en général. Mais là, je suis complètement sous pression, prêt à exploser.
Je suis une putain de bombe à retardement.

- Dites, se manifeste Jay. Vous croyez que...

- Non !

Mon frère et moi avons gueulé en même temps.

- Putain, mais j'ai même pas fini ma phrase !

Comme si c'était nécessaire. On l'a vu venir de loin sa question. A vrai dire, vu son caractère, on se doutait bien qu'il voudrait être de la partie.

- Tu ne viens pas, tranché-je.

- Vous êtes pas mon père, vous ! Je n'ai pas d'ordre à...

- Jay, intervient Jackson. Il est hors de question que tu viennes. C'est trop dangereux.

- J'ai pas peur !

- Je sais, mais je ne peux pas être au top si je dois m'inquiéter pour vous. Alors vous aller tous les trois rester ici bien sagement et attendre que ce soit fini.

Il est contrarié, mais ne bronche pas. Même si ça ne lui plaît pas, il sait que son frère a raison.

Jackson se tourne vers nous.

- On démarre à 18h, et ce n'est pas négociable.

Ce gamin a un sacré caractère et l'étoffe d'un leader.

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Jackson

Mes frères et moi passons le reste de la journée dans la chambre de mon père. J'essaie tant bien que mal de les rassurer, leur promettant que tout se passera pour le mieux et que je ne risque rien avec Warrior à mes côtés.
Mais la vérité, c'est que moi-même je n'y crois pas. Après tout, je ne connais pas ce type et je prends un risque énorme en lui accordant ma confiance.
Le fait qu'il soit mon oncle ne change absolument rien à l'affaire.

18h00 arrive bien trop vite à mon goût.
Je rejoins mon oncle qui m'attend près d'un van.

- C'est quoi ça ? demandé-je en pointant la corde qu'il tenait dans sa main.

- Une corde, pour t'attacher.

- Hors de question !

- T'as pas vraiment le choix si tu veux qu'on soit crédible.

Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux. J'avais pas prévu ça. Mais il a raison, je peux me pointer là-bas comme une fleur.

- Si ça peut te rassurer, je ferai pas un vrai nœud. T'auras qu'à tirer un grand coup pour te libérer.

A contrecœur je le laisse m'attacher les mains dans le dos et m'aider à grimper dans le van.

Il m'informe que tous les bikers sont déjà partis se positionner aux environs du lieu de rendez-vous, prêts à intervenir si ça dégénère.

Mon oncle grimpe à l'avant et démarre le véhicule.

Pendant le trajet, il me parle de tout et de rien. De mon père, de ma mère, de l'armée.
Je crois qu'il essaie de me changer les idées et, même si je participe à la conversation, je n'arrive pas à me défaire de l'angoisse qui m'habite.
Le seul point positif, c'est que je sais un paquet de trucs sur ma famille grâce à lui.

J'ignore combien de temps nous avons roulé, mais j'ai l'impression d'avoir été ballotté dans tous les sens depuis des heures.

Lorsque le van s'arrête enfin je suis à la fois paniqué de me retrouver face à Sheitan et soulagé d'enfin voir la fin de tout ce merdier.

Warrior ouvre la portière et me fait descendre sans le moindre ménagement. Je ne comprends pas ce changement soudain de comportement.
Je grimace de douleur sous sa poigne de fer.

Une fois dehors, je réalise que nous sommes observés.

Warrior me tire derrière lui et, pour faire bonne figure, je résiste de toutes mes forces.
Mon oncle joue le jeu à la perfection et me tire plus brusquement vers l'avant.

Le gars qui surveille l'entrée se marre de me voir en mauvaise posture.
Il a de quoi être fou de joie, vu comment on leur en a fait baver mes frangins et moi.
Qu'il rigole tant qu'il le peut encore. Bientôt, il fera beaucoup moins le malin.

Lorsque nous arrivons devant lui, il tend un gros sac de sport à mon oncle.

- Le compte y est, je me charge de ce petit con.

- Sûrement pas ! réplique Warrior. Je livre en personne.

- Écoute mon gars...

- Non, toi, tu m'écoutes ! Si ton boss veut son colis, il va devoir me recevoir. C'est ça où je me barre avec le gamin.

Le garde sort son téléphone. Je sais par expérience qu'il appelle Sheitan. Personne ne prend de décision sans lui en avoir parlé avant.

- Le boss va vous recevoir.

Il s'écarte de la porte et nous laisse entrer dans le vieil entrepôt.

C'est maintenant que tout va se jouer.