Devil's Eagles T4 : Les Ailes Du Destin

18. Jackson

Je me réveille dans les bras de mon père.
Je sens ses doigts jouer dans mes cheveux.
Je déteste qu'on touche à mes cheveux, pourtant, venant de lui, ce geste m'apaise.

Je n'ai jamais aussi bien dormi de toute ma vie. C'est comme si le poids de toutes ces années de galère avait soudain cessé de m'écraser et me laissait enfin respirer librement.
Pas d'insomnie, pas de cauchemars. Juste mon père, le sommeil et moi.

Aujourd'hui est le premier jour de ma nouvelle vie. Je suis tout excité et en même temps terrifié.
Jusqu'à présent, j'ai toujours eu un but, une raison d'être. J'ai veillé sur mes petits frères et j'ai tout mis en œuvre pour me débarrasser de Sheitan, même si je n'avais pas vraiment prévu de le tuer moi-même.
Maintenant que nous sommes libres et en sécurité, où est le sens de mon existence ?
Que suis-je supposé faire de ma vie ?

Je relève la tête et croise le regard souriant de mon père. J'ai envie de croire que cet homme peut m'aider à trouver les réponses à mes interrogations.

- Tu as bien dormi ?
- Oui.

Je repose la tête sur son torse. Je n'ai pas envie de me lever tout de suite. Je veux profiter encore un peu de cet instant privilégié avec lui.
J'ai 24 ans, je ne vais pas non plus passer mes nuits dans le lit de mon père.
Et de toute façon, il y a Emmeline et le bébé.

- Papa ?
- Oui.
- Tu penses qu'on pourrait aller voir Emmeline ?
- Bien sûr. Et en parlant d'elle, il faut que tu saches que j'ai reconnu sa fille.

Je me redresse sur mes bras pour lui faire face.

- Sérieux ? C'est ma sœur alors ?
- Oui. Ça ne t'ennuie pas ?
- Tu plaisantes ! m'exclamé-je en me jetant hors du lit. Je vais prendre une douche et on va voir ma petite sœur !

Je me précipite dans la salle de bain.
Je pense que c'est la douche la plus rapide de mon existence.
Je m'habille à la hâte avec des vêtements propres déposés là à mon inttention, très certainement par Cherry.
Cette fille à l'œil, ils sont pile à ma taille.

Une sœur ! Voilà qui va me changer un peu. Les frères, ça va bien un moment, jusqu'à ce qu'ils se chamaillent. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai du les séparer.

Quand je retourne dans la chambre, mon père est assis sur le lit, en pleine conversation téléphonique.

- Tu me l'envoies dès que tu le trouves... Ok, merci Smart.

Il raccroche et pose son smartphone sur le lit.

- Tu crois que j'ai le temps de prendre un douche moi aussi ou tu es trop pressé ?
- Je devrais pouvoir attendre encore un peu.
- Je serai rapide, promit-il en prenant des vêtements au hasard dans sa commode. Au fait, pour le père d'Alex, il faudra attendre. Smart a du mal à mettre la main sur son numéro de téléphone.
- Moi je l'ai. Mais il est sur ma carte sim et j'ai plus de téléphone.
- Tu n'as qu'à mettre ta carte dans mon téléphone pendant que je me prépare.
- D'accord.

Il part faire sa toilette et j'attrape son téléphone. Mais avant que j'aie pu l'éteindre, il se met à sonner dans ma main.
Je grince des dents quand je vois le nom de ma mère s'afficher à l'écran.

Voilà un problème que je n'avais pas prévu, mais que je vais quand même devoir régler. Mon père lui a pourtant dit de nous laisser tranquille.
Mais elle bornée. On doit tenir ça d'elle.

J'accepte l'appel et porte le téléphone à mon oreille.

- Maman.
- Jackson ? C'est bien toi ?
- Oui, maman. Comment tu vas ?

Je ne sais pas pourquoi je lui demande ça. Faut croire qu'inconsciemment ça m'intéresse.

- Je vais bien. Je ne me drogue plus, tu sais. Et j'ai rencontré un homme bien. Ton père l'a rencontré, il pourra te le dire.
- Ça me fait plaisir.

Malgré mon ton froid, je suis sincèrement heureux pour elle. Elle a beau nous avoir pourri la vie, elle restera toujours ma mère. Et j'ai envie de savoir quelle genre de personne elle quand elle ne se drogue pas.

- Et toi, dis-moi, comment vas-tu ?
- Bien. Sheitan est mort hier soir, alors ça va. Et on a trouvé le père d'Alex. Ah oui, et aussi, j'ai une petite sœur.

Je me sens comme un gosse à qui on offre le jouet de ses rêves.
Je me souviens que, petit, je faisais des pieds et des mains pour qu'elle m'accorde un peu d'attention. Ce qu'elle ne faisait jamais.

Ça a causé ma perte. Sheitan était peut-être un monstre, mais il m'accordait l'attention que je réclamait. Il s'assurait que je ne manque de rien, tant en vêtements qu'en nourriture, et surtout il me payait bien. Sans ça, je n'aurais jamais pu prendre soin de mes petits frères.

- Je suis heureuse que tout s'arrange pour vous. Je m'en veux énormément, tu sais.
- Je sais, maman.

Mon père sort de la salle de bain. Il n'a pas menti, c'était du rapide.

- Tu veux parler à papa ? Il vient de revenir.
- Oui, passe-le moi.
- Au revoir, maman.

Je tends le téléphone à mon père et sort de la chambre.
J'ai besoin d'air. Je suis content d'avoir pu lui parler, mais j'ai le sentiment horrible de me trahir moi-même et surtout, de trahir mes frères.

Quand mon père me rejoint, je lui demande la raison de son appel.

- Elle voulait juste me demander de lui donner de vos nouvelles de temps en temps. Je ne le ferai pas. Il est temps pour moi de l'oublier. Par contre, je te donnerai son numéro. A toi de décider si tu veux d'elle dans ta vie.
- Je comprends. Tu m'en voudrais si...
- C'est ta mère, Jackson. Je ne t'empêcherai jamais de la voir ou de lui parler.
- D'accord.

Je ne rajoute rien. Je sors juste mon portefeuille et extirpe ma carte Sim de l'un des compartiments.
Mon père éteint son téléphone et l'ouvre pour y insérer ma carte. Il allume l'appareil et me le tends.
Je tape mon code et ouvre directement le répertoire sans me soucier des nombreuses notifications que je reçois.
J'enregistre le numéro de Ice dans la mémoire du téléphone avant de l'éteindre et de le rendre à mon père.

- Tu peux jeter la carte. Ou alors donne-la à Smart. Il y a sûrement des numéros qui peuvent vous intéresser.
- Tu es sûr ?
- Oui, de toute façon, le hackeur de Sheitan a réussi à chopé le numéro. Je préfère changer.
- Comme tu veux. Après l'hôpital, je t'offrirai un nouveau téléphone.
- J'ai de l'argent, je peux me le payer.
- J'ai raté 24 années de ta vie. Ça fait 24 anniversaires, 24 Noël...
- C'est bon, j'ai compris ! Tu as gagné ! Tu peux m'offrir un téléphone.

Il éclate de rire et passer son bras autour de mes épaules pour m'attirer vers lui.
Je ris à mon tour. C'est libérateur, il n'y a pas de meilleur mot pour décrire ce que je ressens.

- Ton bras va mieux, j'espère. Figure-toi que ton pote Kyle est passé prendre de tes nouvelles et il a ramené un petit quelque chose pour toi.
- Qu'est-ce que... Ma moto ? Il a ramené ma moto ?

Il pointe du doigt les motos garées à une centaine de mètres de nous. Ma Harley, aussi belle qu'au premier jour, et celles de mes frères sont rangées à côté de celles du club.

Je cours pour aller la chevaucher.
La pauvre, avec toutes ces histoires, je l'avais oubliée. Mais bon, je sais qu'avec Kyle, elle ne risquait rien. C'est même tout le contraire.

Mon père me rejoint et me tend la clé avant de se diriger vers sa propre moto.
Merde alors, sa Harley est plus grosse que la mienne.
J'en serai presque jaloux.

Nous démarrons et roulons côte à côte jusqu'à l'hôpital.
Je n'avais jamais roulé avec personne d'autre que mes frères. Et je n'aurais jamais pensé qu'un jour je roulerai avec mon père.

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Vous pensiez être débarrasser de Michelle ? Et ben non 😁