HUIT, ou LA PREMIÈRE VIDÉO

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Enrentrant chez lui ce soir-là, Alexandre fut incapable de dire à sesparents ce qu'il avait appris, ce qui les fit indéniablement doutersur le fait qu'il ne séchait plus les cours. Il tenta de lesrassurer : « Mais j'ai une amie. Elle s'appelle Caroline. V'voyez ?Vous avez pas à vous inquiéter... ». Sur ce, il grimpa dans sachambre.

D'abordil devait trouvé de quoi se filmer, et la qualité photo de sontéléphone n'aurai rien donnée d'autre de des mouvements saccadés qui auraient rappelé ceux d'une crise d'épilepsie. Il remit cettequête à plus tard et cherche simplement le meilleur post pour avoirla lumière naturelle et un jolie décor. Enfin, « chercher » un ungrand mot quand on sait qu'il s'est juste assis dans un fauteuil, enplein milieu de sa chambre. Mais ça ferait l'affaire, au moinsjusqu'à que ça ne lui plaise plus. Sauf qu'il n'avait toujours pasde quoi filmer.

Leproblème quand tu ne t'intéresses pas à ta propre vie, c'est quetu ne cherches pas à la partager aux autres. C'est pour çaqu'avoir un téléphone très peu performant et rien pour filmer nel'avaient jamais dérangé. L'autre problème, c'est qu'aujourd'huiétait un jour nouveau.

Tantpis, il se débrouillerait avec la webcam de son ordinateurportable, qu'il installa d'abord sur son lit, faute d'avoir unsupport plus haut. Sauf que le rendu était nul : on ne voyait queson corps, pas sa tête.

Iltrouva alors un moyen d'installer un tabouret sur une pile de livresur un pouf, le tout étant très peu stable, mais lui permettant defilmer son visage et ses mains à la fois. Si seulement il avait suque ce serait si compliqué, il n'aurai jamais accepté de faire ça.

Quandtout paraissait aller bien, qu'il était prêt à lancer le film etcommencer à jouer, quelque-chose l'en empêcha. Tu vois c'étaitcomme une petite voix dans sa tête qui lui disait de ne pas lefaire. Il se trouvait complètement débile à se filmer comme ça,en plus pour une vidéo qui terminerait il ne sait où. Et merde, ils'humiliait tout seul. Il retira son ordinateur de son installationqui de toutes façons serait tombée et le reposa sur son lit. Ilpourrait toujours dire qu'il n'avait pas eu d'autres choix que de sefilmer comme ça.

Ilcommença à jouer. C'était pas un air joyeux, ni entraînant.C'était plutôt le genre de mélodie qui t'endors avant d'avoir pu l'appréciée. Les sons qu'il produisait avec sa harpe l'avaienttoujours apaisé, mais quand il joua ce jour-là il ne se faisait queviolence. Pourquoi est-ce qu'il faut tant être en harmonie avecl'instrument pour jouer parfaitement ?

Cequi était sûr c'est qu'avec la déception qu'allait ressentirCaroline le lendemain, il n'aurait pas à se filmer une deuxièmefois. Au moins, elle allait abandonner son idée de vidéo, et enplus avec ça son avantage sur lui.

Ils'endormi après trois heures du matin, et se ne réveilla de sescauchemars nuptiaux qu'aux environs de neuf heures, un mardi en pleinesemaine de cours.

The temptation of the " touchin' hands " thingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant