QUATRE, ou DEUX NOUVEAUX

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Aujourd'hui Alexandre réintégrait le lycée. Le problème c'est qu'il était devenu exécrable avec ses amis, et que la seule chose qu'il avait appris cette semaine c'était la partition de Star Wars à la harpe.

Il espérait vraiment que personne n'était au courant qu'il avait été témoin de l'accident. De toute façon il n'avait sûrement pas été le seul alors, l'attention devait être centrée sur d'autres gens que lui. Il espérait.

Si jamais le cas contraire se passait. Si jamais les gens le regardais de biais et venaient lui poser des questions Alexandre s'était entraîné, sur des répliques du genre : « Tout va bien, je suis bien entourée grâce à vous ! » ou encore « C'est du passé, il faut que je passe à autre chose si je veux avancer. », le tout accompagné d'un petit sourire et d'yeux grands ouverts pour plus de réalisme. Mais il était très intelligent, et il savait que parler seul à seul avec soi-même devant un miroir n'était rien comparé à affronter une meute d'adolescents dans la jungle qu'était son lycée.


Il arriva juste à temps pour la première heure. Il avait remonter sa capuche sa tête, et baissait la tête comme un chien battu, les yeux sur son téléphone pour éviter que quelqu'un ne vienne lui parler. Mais tous ses sens étaient aux aguets, c'est comme ça qu'il su que ses amis étaient juste derrière lui, et qu'ils savaient qu'il savait qui s'étaient tous reconnus. Mais ils le laissèrent tranquille, et entrèrent les premiers dans la classe sans un regard pour lui.

D'abord il y eu l'appel, et toutes les têtes se sont tournées dans sa direction à l'entente de son prénom. Ensuite, le prof lui interdit de garder sa capuche en cours. Et pour finir, le prénom de Caroline suivit le sien, alors qu'il n'y avait pas de Caroline dans la classe. Pourtant une main s'est levée, et il l'a reconnue.


Deux jours plus tôt :

«Il fait chaud. »

Puis Alexandre s'assit à un mètre d'elle, et histoire qu'ils ne soient pas face à face : habitude qu'il avait prise à cause des rendez-vous chez le psychologue.

"- Tu t'appelles comment ? et elle remis une mèche de cheveux en place derrière son oreille, avec des doigts très fins. Alexandre préféra ne pas se demander pourquoi il avait remarqué ça.

-Alexandre, mais Alex est plus cool un peu, et plus court. "

Il remarqua qu'elle était vraiment très jolie, du genre un peu typée. Aussi la mèche de cheveux était retombée sur sa joue. Et en faisant glisser ses yeux sur son visage, il croisa une rangée de dents parfaitement alignées, concrètement dévoilée par un sourire gigantesque, sans exagérer.

" Moi c'est Caroline, si jamais ça peut t'être utile. " Elle lui sourit.

Ils continuèrent ensuite de parler jusqu'à tard le soir toujours à propos de tout et n'importe quoi. Le plus souvent elle riait à ce qu'il disait. Mais comme pour Alexandre ce n'était pas censé être drôle, il ne savait pas trop si elle se moquait de lui ouvertement. Foutue absence de confiance en lui... Et il se souvint de ses grandes mains et de ses doigts fins.

" - T'es musicienne ?

- Non. Et toi ? » Heureusement pour lui, elle avait pris cette question comme une simple banalité, ce qui le stoppa dans son élan de la complimenter sur ses doigts. Sa propre stupidité le fit sourire.

- Je joue de la harpe. J'ai commencé il y a deux ans, c'était un héritage. Je parle de la harpe.

- Je connais pas de harpiste. En fait j'y connais rien en musique. "

Lui non plus à vrai dire. Est-ce que c'était une façon de lui faire comprendre qu'elle en avait rien à faire ? Est-ce qu'au moins elle aimait un peu la musique ?

Il rentra chez lui peu après, un peu secoué d'avoir apprécié la compagnie de quelqu'un depuis l'accident.



" - Comment t'aurai pu savoir qu'on était dans la même classe ? Pourquoi t'as rien dit ?

-J'ai vu la photo de classe, Alex. » Elle insista sur le -l « Alex», comme si il y en avait deux. Mais peu importe.

Il ne chercha pas à savoir pourquoi, parce que quelque-chose d'autre le dérangeait. Il lui demanda, alors qu'ils étaient assis sur un banc de la cour :

"- Pourquoi tu mens ?

-De quoi tu parles ? Elle avait croqué dans un biscuit en même temps qu'avoir prononcé ces mots.

-J'étais pas là le jour de la photo de classe. "

Caroline comprit là son erreur.  Ses lèvres s'étaient plissé histoire de lui faire comprendre qu'elle était désolée. Alors autant jouer cartes sur table, elle lui avoua un peu maladroitement : " Bah... Je voulais rester ton amie. Enfin tu vois c'est juste que j'ai entendu dire que t'avais tendance à repousser tes amis récemment. Attention je te reproche rien hein, pense pas... ".

Il l'a coupa : " Alors tu sais. " Ses lèvres s'étaient de nouveau crispées. 

" - Je suis désolée, je voulais pas qu'il y ait de malaise. Tu vois ? ». Il ne répondit pas, car il savait qu'elle savait qu'il ne voyait que trop bien.

C'était foutue. Si Caroline savait ce qu'il avait vu alors qu'elle n'était là que depuis quelques jours, alors tôt ou tard tous le monde commencerait à venir lui poser des questions. Et si eux il ne pourrait pas les sentir, déjà d'avance, Caroline elle fut aussitôt pardonnée parce que dans ses yeux il n'y avait pas de reproche ni de jugement. 

"-  Alors on est amis, ça va être super !

- Qu'est ce qui va être super ? "

Il se rendit compte à ce moment là que, comme d'habitude, il n'avait pas su trouver les bons mots. Le problème c'est que dès qu'il ouvrit la bouche, il s'enfonça encore plus : " Bah notre relations. Tous les trucs qu'on va faire. ".

Elle ne répondit pas, mais intérieurement elle riait du malaise qu'il créait. Alexandre tenta de se rattraper une dernière fois :

" Des trucs d'amis, évidemment. "

C'en était trop, et elle laissa échapper un fou rire qui ne rassura absolument pas Alexandre.

The temptation of the " touchin' hands " thingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant