Chapitre 4 : oeil de grenouille et queue de rat

136 6 0
                                    


          Hermione voyageait dans les limbes du sommeil, ce moment privilégié entre le rêve et le réveil. Elle se sentait bien, extrêmement bien, en sécurité comme on peut l'être après avoir trouvé un refuge alors qu'un danger nous menaçait. Pour la première fois depuis plus de deux mois elle avait dormi d'une traite, sans aucun cauchemar sur la guerre pour la réveiller. Reprenant doucement conscience, elle sentait un poids en travers de son corps et une douce chaleur en émanait la réchauffant. Ouvrant les yeux pour découvrir l'origine de cette sensation, elle vit un bras entourant son torse. Sur le moment, elle pensa qu'il s'agissait de Ron avant de se rappeler qu'il n'était pas à Poudlard. Trop endormie pour se rappeler où elle était et à qui appartenait ce bras, elle se tourna vers son propriétaire afin de lui demander des explications. Celui-ci aussi se réveillait et ses yeux s'ouvrant, rencontrèrent ceux de la jeune fille. Pendant un court instant, chacun sembla chercher qui était l'autre jusqu'à ce que la lumière jaillisse dans le cerveau d'Hermione :

- Malefoy ? cria-t-elle s'asseyant d'un bond.

Celui-ci, surpris par la vivacité du geste chuta du canapé et tomba à terre soulevant un nuage de poussière.

- Charmant comme réveil, je commence à comprendre Weasley, grommela-t-il, de toutes les filles qui ont partagé mon lit, aucune ne m'a jeté de cette façon au matin.

Rouge de gêne face à ses insinuations, elle lui fit néanmoins des excuses pour son geste brutal et pour changer de sujet lui demanda l'heure.

- 10h20 ? Mais, mais... bégaya-t-elle, nous avons dormi toute la nuit ici... tous les deux ? Par Merlin, que vont penser les autres ? Nous ne nous sommes même pas présentés au petit déjeuner.

- Tu n'auras qu'à dire que tu as fait la grasse matinée. Personne ne nous verra entrer à l'heure-ci dans la salle commune. Il fait beau, tout le monde est dehors, la rassura-t-il.

Se redressant, il s'épousseta et se recoiffa tant bien que mal avec ses doigts. Hermione fit de même et essaya de défroisser sa robe malmenée par la nuit sur le divan. Ainsi prêts, ils repartirent par le couloir abîmé de l'aile ouest. Il semblait que Drago avait vu juste car ils ne rencontrèrent personne et ils donnèrent le mot de passe à la grosse dame avec soulagement. Soulagement de courte durée cependant car, lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle commune, le murmure des conversations se tut et quelques paires d'yeux se tournèrent vers eux les dévisageant d'un air stupéfait. Seuls se trouvaient là Harry, Ginny, Neville et Luna l'anxiété se lisant encore sur leurs traits. Pour la première fois depuis bien longtemps, Hermione ne savait comment réagir. Aucun des milliers de livres qu'elle avait ouverts dans sa vie ne lui avaient appris que faire en pareilles circonstances. Confuse, elle opta pour le silence dans l'immédiat et partit en direction de sa chambre sachant qu'elle ne faisait que repousser le moment où elle devrait s'expliquer. Que pourrait-elle leur dire ? Elle avait beau retourner la question dans tous les sens, elle ne voyait pas comment leur raconter ce qu'il s'était passé la veille dans la salle commune des Serpentard sans leur avouer qu'elle y avait passé la nuit en compagnie de l'un d'eux. Bien sûr, il n'y avait rien de mal en soi mais elle-même n'arrivait pas à comprendre comment elle avait pu se sentir assez en sécurité pour dormir, contre lui en plus.

Parvenue enfin dans ses quartiers, elle rejoignit directement sa salle de bain pour une douche bienfaisante. Peu pressée d'affronter les questions d'Harry et des autres, elle prit tout son temps. Mais, ne pouvant décemment pas les faire attendre plus longtemps sans paraître impolie, elle se décida à les rejoindre presque une heure après son entrée remarquée dans la salle commune en compagnie de Malefoy.

Ses amis l'attendaient toujours sur l'un des canapés disposés devant la grande cheminée ou aucun feu ne brûlait ce jour-là. Elle se joignit à eux sans rien dire, espérant, dans un espoir totalement fou, passer inaperçue. Évidemment, c'était totalement puéril comme réaction, mais elle poussa tout de même le bouchon un peu plus loin en leur disant bonjour et en leur demandant comment ils allaient.

L'ombre pourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant