Chapitre 7 : Portrait de préfet

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Le dimanche matin, Hermione et Drago devaient se présenter à dix heures dans la salle des trophées où les attendait le Professeur McGonagall. Celle-ci patientait debout, au milieu de la pièce, discutant avec deux sorciers qu'Hermione ne connaissait pas. Le premier était aussi petit et rond que le deuxième était grand et maigre. Tous deux revêtaient des robes de sorciers tâchées de toutes sortes de couleurs au point que le noir d'origine n'apparaissait plus qu'à de rares endroits.

Voyant les deux Préfets en Chef approcher, ils cessèrent leur conversation et se tournèrent vers les nouveaux arrivants. La Directrice s'avança à son tour pour les accueillir et les présenter :

- Miss Granger, M. Malefoy, nos deux nouveaux Préfets en Chef, je vous présente M. Demiboulot.

Le petit rondouillard s'inclina devant eux. Il avait des cheveux longs comme de nombreux sorciers mais dégarnis sur le dessus, usés par un trop long port de chapeau. Ses deux yeux, trop rapprochés, semblaient vous deviner, vous percer à jour. La peau grêlée de son visage, ressemblait à sa robe, tachée de toutes parts. Hermione pensa qu'il n'était vraiment pas agréable à regarder. Pourtant, une impression de douceur et de gentillesse se dégageait de lui et c'est avec un sourire franc qu'il leur serra la main.

- Et voici M. Aspargus.

Le deuxième homme s'inclina à son tour. Il avait la pâleur des malades et l'allure d'un croque-mitaine. Il paraissait tellement âgé qu'Hermione ne parvenait pas à lui donner son âge. Seuls ses yeux semblaient encore vivants et s'il n'avait adressé la parole un peu plus tôt à la Directrice, la jeune préfète aurait pu penser à un montage, des yeux bien réels dans un corps faux.

- Tous deux sont peintres et sont ici présents ce matin pour réaliser vos portraits, qui, comme vous le savez, seront affichés dans vos salles communes visibles par toutes les générations suivantes. Vous participerez donc à ses séances tous les dimanches matin jusqu'à Noël de dix heures à midi. Ils réaliseront un portrait de chacun d'entre vous et un portrait commun. Mais, je les laisse vous expliquer le déroulement de ses séances.

À présent, Hermione comprenait mieux les taches multicolores qui ornaient les robes des deux sorciers peintres. Ceux-ci approchèrent et les saluèrent d'une poignée de main aérienne.

- Je vous en prie jeunes gens, installez-vous, leur dit le plus petit, désignant deux fauteuils placés au milieu de la pièce. À cette invitation, ils prirent place sur deux magnifiques bergères aux tentures grises brodées de fil d'or. L'assise était moelleuse, prolongée par un large dossier d'où s'échappait deux accoudoirs.

- Bien, Miss, M., reprit le croque mitaine, nous effectuerons quatre séances de deux heures chacune. Durant les deux premières, vous serez peints seul et pour terminer, vous poserez ensemble pour un seul portrait. Celui-ci sera exposé dans la salle des trophées comme tous vos prédécesseurs. Lors de ces séances, nous vous demanderons de bien vouloir changer de position régulièrement afin que nous puissions vous représenter sous toutes vos coutures. Vous devrez aussi parler le plus possible de ce qui vous tient à cœur, vous révolte, vous fait vibrer, ceci dans le but de représenter au mieux vos traits de caractère. Ainsi, votre tableau fini pourra se mouvoir comme vous et parler en votre âme et conscience, ceci bien après votre mort. Si vous n'avez pas de question, nous pouvons commencer.

Durant les quatre-vingt-dix minutes qui suivirent (ils avaient perdu trente minutes en présentation), ils alternèrent les positions assises, décontractées, jambes croisées, dos droit et les positions debout, de face, de profil, de dos ou encore accroupies. Tout en bougeant, ils parlèrent et parlèrent encore. Au début, le dialogue était incertain, imprégné de gêne, puis leur langue se délièrent pour parler de tout – l'esclavage des elfes, les mages noirs – et de rien – le bonheur d'un lever de soleil, d'un verre de Bièraubeurre. Durant leur échange, l'expression de leur visage pouvait refléter aussi bien la joie, l'étonnement que l'indignation ou la colère. Leurs corps se penchaient tantôt en avant plié par l'énervement ou le désir, et tantôt en arrière mimant l'esquive, la peur. Pendant ce temps-là, les deux artistes peintres menaient leurs pinceaux à la baguette au rythme de leurs modèles, faisant jaillir les couleurs les unes après les autres n'intervenant que ponctuellement pour leur demander de changer de position.

L'ombre pourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant