Alma

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Lexia et Li-Ann échangèrent un regard. Les deux filles étaient au comble de leur nervosité. Prisca se plaça discrètement derrière elles.

-Regardez attentivement les garçons. Si ils veulent quoi que ce soit, ils vous feront un léger signe de la main. Comme ils savent que vous êtes nouvelles, il sera assez évident, mais entraînez-vous à voir le moindre petit geste. Alors, il faudra vous approcher rapidement derrière lui. Il vous dira à l'oreille ce dont il a besoin. Certains sont polis, certains pas. Attendez vous autant à un " tu pourrais me passer le sel s'il-te-plait ?" qu'a un simple "sel."

Murmura t-elle, à peine audible. Le ventre de Li-Ann se retourna quand elle vit Gemini agiter le poignet dans sa direction. Elle savait que c'était à elle de jouer. Elle en eut la confirmation lorsque Prisca la poussa gentiment dans le dos. Elle s'avança rapidement: autant perdre le moins de temps possible. Elle se pencha en avant et Gemini lui murmura à l'oreille

- Pourrais-tu me servir du jus d'orange ?

Li-Ann sourit intérieurement malgré elle. Elle était tombée sur quelqu'un de poli. Elle retourna vers lui avec un verre rempli presque à ras-bord de jus d'orange. Elle se servait toujours de cette façon car elle adorait cette boisson. Peut-être que lui aussi aimait en avoir le plus possible dans son verre ?

Lorsqu'elle le déposa devant Gemini, celui-ci sourit.

-Hé, on est connecté ! Je le voulais exactement comme ça !

Li-Ann lui rendit son sourire éclatant et se détourna vite avant qu'il ne la voie rougir. Elle avait réussi !

En regagnant son poste près du mur, Prisca la félicita d'une tape discrète sur l'épaule. Li-Ann relâcha le souffle qu'elle retenait sans le savoir. Elle regarda Lexia, qui venait d'être appelée. Elle avait l'air de bien se débrouiller, malgré le fait que Leo lorgnait sa poitrine.

PV GAËLLE

Je déteste Lucifer. Ruminai-je en arpentant la cuisine. J'avais chargé Annabeth de me prévenir si ce chien s'attablait. Pendant ce temps, je ne perdais pas mon temps. J'étais allée interroger la cuisinière à son sujet.

En pénétrant dans l'espace qui lui était réservé, je la remarquai immédiatement parmi le remue ménage. C'était une femme dodue, aux cheveux couleur caramel retombant en boucles soyeuses sur ses épaules. Son visage irradiait de la douceur. Elle avait des yeux bruns et chaleureux. Mais malgré son apparence maternelle, elle dirigeait les opérations culinaires avec autorité. Les serviteurs et les servantes s'activaient avec entrain et quelques uns me bousculèrent, marmonnant des excuses précipitées. En me voyant, le visage de la cuisinière s'anima. Elle se fraya un passage vers moi, bras écartés. Alors qu'elle ne me connaissait pas, elle m'enveloppa dans son étreinte. La cuisinière était faite pour les câlins. Une bouffée de nostalgie me submergea. Pour la première fois ici, je m'autorisai à pleurer.

La cuisinière, dont je ne connaissais d'ailleurs toujours pas le prénom, lança quelques ordres à ses assistants, et m'entraîna doucement à l'extérieur. Elle essuya mes larmes.

-Ma chère petite... sèche donc ton joli visage. Dis toi que rien que le fait d'avoir survécu jusqu'ici te rend très courageuse. Je m'appelle Alma. 

-Je ne devrais pas pleurer...

dis-je rageusement.

-Tout le monde pleure ma petite Gaëlle. Cela ne fait pas de toi une personne faible.

Je levai la tête vers elle, éberluée.

-Co...comment connaissez vous mon prénom ?!

Alma soupira.

-Mon pouvoir est de percevoir les intentions de mon interlocuteur quand il parle. Alors Gaëlle, que veux tu me demander par rapport à Lucifer ?

elle avait dit ça sur un ton de reproche. Je la fixai, songeuse.

-Vous l'aimez bien.

déduis-je. 

-Pas toi ?

me demanda Alma. Les larmes me revinrent en même temps que le souvenir. Je détournai la tête, regardant fixement devant moi.

-Non.

ma voix tremblait de rage.

-Non, je ne l'aime pas du tout.

Alma me reprit dans ses bras, mais cette fois je me raidis. Toutefois, je ne me dégageai pas. La douce cuisinière me caressa le dos de manière rassurante.

-Je comprends que tu ne veuilles pas me raconter, mais si tu le fais, je pourrais surement t'aider. Ton intuition t'as dicté la bonne chose en te conduisant vers moi.

Je baissai la tête vers mes pieds, et, parce que son étreinte m'avait fait pleurer, je lui racontai tout. Je lui faisais confiance. Je lui dis aussi la raison de ma venue. quand j'eus fini, elle m'entraîna vers le rebord du mur et nous nous assîmes. Elle attira ma tête contre son épaule, et le m'y appuyai, secouée de sanglots silencieux.

-Il se trouve,

dit alors Alma,

-Que je sais tout de ton bonhomme. Et parce que tu m'as fait confiance aveuglément, je vais te donner son point faible: moi.

-Malgré mes apparences de mamie-gâteau,

continua Alma,

-Je sais repérer un enfant perturbateur, et le rendre docile. Lucifer est un de ces enfants-là. Etant une cuisinière, et pas une servante comme toi, ce n'ai pas moi qui l'ai élevé. Mais c'est moi qu'il préfère, de toutes les femmes du monde. Je n'en me vante pas. J'ai réussi à fabriquer une recette de gâteaux qui le rendent dépendant. Il n'en a droit qu'a son anniversaire, et quand il est très sage, et il le sait. Je sais que ça peut paraître absurde, mais menace le avec ces gâteaux si il se comporte mal: tu verras l'effet.

Je fronçai les sourcils, sceptique. Elle avait raison: je ne voyais pas comment des gâteaux pouvaient me sortir d'une situation de vie ou de mort.

-Heu...ça marche vraiment ?

Alma sourit.

-Je te l'assure. Mais si non, tu peux tenter une autre méthode encore pire à mettre en pratique: il adore les massages comme ceux-là.

elle ponctua ses mots par une démonstration en traçant avec sa paume de grands cercles dans mon dos. Mes muscles se relâchèrent tandis que je poussai un "Oh!" de surprise. Alma gloussa.

-Tu vois ? Mais sur lui, ça a un plus grand effet.

Soudain, Annabeth déboucha en courant dans le couloir. Je me levai comme un ressort. Mes mains se crispèrent. Cet...animal était arrivé.




Servantes De SatanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant