A corps et âmes...

#91

A corps et âmes...#Chapitre91

Dans la peau de Kouadio

Assis sur mon fauteuil roulant dans mon balcon, je regardais les enfants jouer dehors avec Yasmine avant de refermer les rideaux et rester dans le noir comme toujours.

Chaque jour, je réalisais que ma vie ne serait plus jamais comme avant.
Je n'avais plus goût à la vie et j'étais devenu aigri.
J'en voulais à la terre entière et je mettais toute ma colère sur une seule personne : Yasmine.
Pourtant c'était la seule que j'aimais et la seule qui me supportait et paradoxalement c'était celle que je faisais le plus souffrir.

Notre couple était au bord de la séparation et j'en étais le seul responsable.
Suite à une énième dispute j'avais demandé à Yasmine de quitter la chambre conjugale.
Désormais elle dormait avec Iman et bien que les enfants soient petits ils ne comprenaient pas ce changement brutal.

Yasmine avait repris le travail et j'avais un auxiliaire de vie qui venait chaque jour car je ne voulais pas qu'elle s'occupe de moi.
Le quotidien de Yasmine se résumait à se lever, préparer les enfants, les déposer à la crèche et école, aller au boulot, rentrer le soir faire à manger puis s'enfermer dans la chambre avec tous les enfants pour faire activité et jeu avec eux avant le bain, repas et dodo.
Elle était devenu comme un robot et n'était plus la même.

Nous étions comme des colocataires et encore je pense que des colocataires avaient plus de complicité.
Je voulais me demander comment nous étions nous arrivés là mais la question ne se posait pas. Cela était de ma faute.

J'avais vécu mes plus belles années avec Yas et je ne voulais pas vivre un cauchemar avec elle, raison pour laquelle je lui parlais sans cesse de divorce.

A quoi bon rester ensemble ? Je ne pourrais plus la rendre heureuse.
Plus de voyage improvisé, plus de sortie banale au resto et autres, pire encore je ne pouvais même plus la satisfaire sexuellement...

Le médecin m'avait dit que j'avais encore toutes mes facultés à ce niveau. Que si mon pénis n'était plus en érection c'était tout simplement psychologique car j'avais fait une croix dessus et que cela reviendrait une fois que je serai prêt à accepter ma situation.
Foutaise ! Je ne pouvais plus rien faire j'en étais persuadé.
Quand bien même ! Je ne pouvais plus être sur elle, je ne pouvais plus la porter, je ne pouvais plus lui donner ce plaisir magique d'avant.
J'étais devenu un légume impuissant et c'était tellement douloureux pour moi.

De toute façon je savais tôt ou tard que Yasmine finirait par me quitter, je voulais juste que cela arrive maintenant car c'était trop frustrant d'attendre sans savoir quand.

Je n'aimais pas ma vie, je ne voyais même plus l'utilité de vivre.
J'avais honte mais il m'était même arrivé de penser au suicide...
Un jour les garçons jouait au ballon dans la maison et Zion était venu vers moi en me lançant le ballon au pied en me disant "cou papa couuu papa" (court papa court ).
A ce moment là je réalisais que jamais je ne pourrais jouer au football avec mes fils, je ne pourrais pas non plus aller nager avec eux, je ne pourrais pas faire du roller avec ma fille.
En fait je ne pouvais plus rien faire avec eux car je ne pouvais même plus conduire.
Ce fût la première fois que je pleurais devant mes enfants avant de m'énerver et d'aller m'enfermer dans ma chambre.

Avec les mois qui passèrent, je m'étais enfermé dans une bulle d'homme aigri et insociable.
Je ne voulais voir personne et surtout que personne ne me voit.

Seul mon avocat venait, d'ailleurs le procès était pour bientôt et selon lui je pourrais obtenir environ 500 000€ de dommages et intérêts contre le motard qui m'avait fauché.

C'était une belle somme mais pour moi avoir sa mobilité et mieux que tous les millions du monde.

"Bonjour Kouadio " dit Mama en entrant dans ma chambre.
"Tu peux frapper avant d'entrer "
"Tchip "
" Tu en as pas marre de rester dans le noir "
"Mais merde ! Referme ces rideaux !!!"
"Hors de question ! Et puis parle moi correctement Kouadio ! "
"Qu'est-ce que tu veux ?"
"Qu'est-ce que je veux ???? Tu me demandes ce que je veux ???? Et toi-même qu'est ce que tu veux Kouadio ???? Tu veux foutre ta vie en l'air ????"
"Elle est déjà foutue !"
"Tchiiiiiip. Tu es en vie mon fils ! Tu es en vie est c'est tout ce qui compte !"
"En vie mais à quel prix ??? Je ne peux rien faire !"
"Mais arrête un peu de te lamenter sur ton sort, lève toi et bat toi !"
"Meme me lever je ne peux plus !"
"Tu m'as comprise ! Depuis des mois tu es infecte avec les gens qui t'entourent en particulier ta femme ! Tu es vraiment égoïste Kouadio ! Elle ne mérite pas de souffrir ainsi !"

"Pffff elle souffre de quoi ? C'est moi qui suis dans un fauteuil hein, pas elle !"
"Mais tu t'entends parler ? Elle a perdu pas loin de 15 kilos, elle est tout le temps triste. Tu lui parles mal eh Dieu ! Mais le jour où elle va se réveiller et te quitter il ne faudra pas venir me faire un rapport hein !"
"Laisse moi tranquille !"
"Hummm" clap clap dit elle en frappant des mains. "Je ne t'ai pas élevé ainsi. Où mon battant de fils ? Où est il ?"
"Il est mort voilà !"
"En tout cas tu aurais dû perdre l'usage de ta bouche au lieu de tes jambes. Je m'en vais, reste ici comme un enfant punit, mais sache seulement que meme le cœur de la femme la plus amoureuse a ses limites !"