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A corps et âmes...#Chapitre106

Dans la peau de Kouadio

Entouré par plusieurs personnes, j'étais comme une toupie au centre.
Je ne savais plus où donner de la tête entre les chuchotements, les cris, les chantes et les bruits de tam-tam.

Puis parmi eux tous, je distinguais un hurlement.
Je me mis à courir de toutes mes forces, je poussais une puis plusieurs personnes avant d'arriver devant cette scène.
Le corps de Aicha était allongé à meme le sol et Ma'Adjoua dévorait sa chair.

"Viens Kouadio, il est l'heure. Mangeons. "
"Mais qu'est-ce que tu fais mama !" Dis-je horrifié.
"Nous devons la manger, elle a fait trop de mal. Viens mon fils, viens !"

Je ne savais plus quoi faire, j'avançais tout doucement et le bruit m'ecoeurait.
On aurait dit qu'elle mangeait de la viande.

Elle tendit sa main plein d'entrailles et de sang.
"Viens mon fils, mange"
Quand je voulu attraper sa main, j'entendis la voix de Yasmine.
"Kouadio NON ! NON !"
Je regardais à gauche, à droite mais je ne vis personne. Je regardais au ciel personne non plus.
"Yasmine ???"
"Kouadio ne l'écoute pas ! Elle ne sait pas ce qu'elle dit ! Viens manger mon fils !"

Je me rappelais alors de cette phrase que Ma'Adjoua m'avait dit que quoi qu'il arrive je devais uniquement faire confiance à mon amour et mon seul amour était Yasmine.
Je me mis à reculer de cette scène et Ma'Adjoua se releva furieuse.
"Je t'ai dit de venir à moi !!! Tu ne veux pas m'écouter ??? Après tout ce que j'ai fait pour toi ??? Tout l'amour que je t'ai donné ????"

Soudain, son visage se transforma en celui de Aicha à quelques traits près.
Elles étaient jumelles de base mais les circonstances de la vie faisaient qu'elles ne se ressemblaient plus tant que ça.

Je tombais par terre et Adjoua était devenu Aicha le tout sur mes jambes !!!
"Tu es à moi Kouadio ! Tu entends !!! Si je ne t'ai pas sacrifié c'est par choix. Tu es mon fils, j'ai besoin de toi et de ton étoile. J'ai besoin de la chance que tu dégages. Sans toi je suis perdue Kouadio. Reviens moi, je suis ta mère et tu le sais. Notre amour sera éternel mon fils "

Je ne pouvais plus bouger car mes jambes ne fonctionnaient plus.
Je sentais mon corps trembler et quand je vis plusieurs disciples arriver autour de moi je compris que c'était fini pour moi.
Mon heure avait sonné, j'allais mourir sacrifié.
J'avais extrêmement chaud et je suais à grosse goutte.

Je me mis alors à penser à mes enfants, je les voyais sourire et jouer puis je pensais à Yasmine.
Elle qui m'avait tant rendu heureux en si peu de temps. Je touchais alors le talisman qui réunissait notre sang.
"Je t'aime mon amour, jusque dans l'au-delà je t'aimerai "
"NOOOOOON NOOOOOON ARRACHEZ LUI LE TALISMAN !!!!" hurla Aicha

Tous ses disciples s'approchèrent de moi, la main serrée sur le talisman je pensais fort à l'amour de ma vie quand d'un coup mon corps se noyait dans la terre.
Je me sentais tomber dans le vide, en manque d'oxygène je comprenais que la fin était proche.

"IL L'A VAINCU !!! " cria le vieux sage.
Je me réveillais en sursaut sur une table en pierre, nu avec uniquement le talisman autour du cou.
Autour se trouvait plusieurs personnes que je ne connaissais pas.
Quand je tournais ma tête je vis le corps de Aicha étendu.
Elle était fébrile et vieille d'un coup.

Quatres femmes se dirigèrent vers elle et lui jetèrent une poudre.
Une âme sortit de son corps et mes yeux furent grands ouverts.

"Sort de ce corps ! Tu n'y as plus ta place ! Sort !!!!!" Disaient elle.
Aicha fut prise de crise d'épilepsie violente au point qu'elle tomba de la table.
Les quatres femmes se jetèrent sur elle et malgré leur nombre supérieur, elles n'arrivaient pas à la canaliser.
Je ne sais pas quelle force Aicha réussit à les éjecter et à se relever.

Ce n'était plus elle, comme si cette âme avait pris possession de son corps.
Les yeux rouges elle s'approcha de moi.
"Kouadio aide moi, aide moi "

Je la regardais sans dire un mot, je n'avais ni peur, ni de la peine.
Je ne savais pas qui cette personne était et je ne voulais pas en savoir plus. Je fermais alors les yeux quand elle m'attrapait le cou et tenta de m'étrangler.

Ma'Adjoua hurla dans la pièce.
Personne ne tentait de s'interposer et je compris alors que ce combat devait se faire uniquement entre elle et moi.

Mon arme était la paix du coeur, juste la paix.
Quelques minutes avant je me voyais quitter ce monde en étant un homme heureux car j'avais connu mon plus grand amour.
Pendant qu'elle tentait de me tuer c'est à ça que je pensais.

"Kouadio, c'est fini. C'est fini Kouadio " sniiiiiif sniiiiif. Dit Ma'Adjoua en pleurs et en me prenant dans ses bras.
Je suffoquais, tremblais et je suais de partout.

"Où sommes-nous ?"
"Dans la case du vieux sage. Tu as combattu Aicha Mon fils. C'est terminé " dit elle soulagée.
"Mais je ne comprends pas, tout ça n'était qu'un rêve ??"
"Des attaques démoniaques mon fils " dit le vieux sage.

Après cet épisode difficile, je restais chez le vieux monsieur durant une semaine.
Cloîtré ici, je n'avais pas revu Yasmine depuis.
Ils avaient instauré un rituel qui heureusement se terminait aujourd'hui.
Pendant 7 jours, le vieux sage ainsi que son fils me réveillait à 3h du matin avant d'aller m'enterrer dans la forêt à un endroit précis.
Il laissait seulement mes narines et ma bouche en évidence avant de me recouvrir entièrement.
Il me nourrissait d'une substance liquide toutes les heures et ce jusqu'à 00h.

Ce rituel était un calvaire mais je n'avais pas le choix Ma'Adjoua disait que cela avait pour but de me purifier.

Aujourd'hui je devais enfin m'en aller, du moins c'est ce qui avait été convenu.

"C'est le jour de ta renaissance mon fils" me dit le vieux sage.

Tout de blanc vetu, deux hommes vinrent me chercher avant de me porter et me faire asseoir sur un trône.
Ils marchèrent durant 30 minutes avant d'arriver sur le lieu.
Des chants de joie dans un dialecte que je ne connaissais pas, se faisaient entendre à des kilomètres.
Une ruée de femme se jetèrent sur moi et se mirent à danser.

"Elles disent l'homme nouveau est là " me dit un des hommes qui me transportait.
Ils posèrent mon trône dans un emplacement dédié.
Tout le monde dansaient et chanteaient.
Quelques minutes plus tard, une femme fit son apparition vêtue de blanc également mais avec un voile m'empêchant de la voir.

Je me levais brusquement et accouru à elle.
Sans même enlever son voile je lui dis "je t'aime Yasmine".

"Yiiiiiii yiiiiiii yiiiii" les cris des dames résonnaient dans mes oreilles.
Yasmine leva son voile et pleurait à chaude larme.
"Kouadio tu remarches "
Dans la précipitation je n'avais même pas réalisé que l'usage de mes jambes était revenu.
Je la serra fort dans mes bras et deux femmes arrivèrent et nous entourèrent d'un magnifique tissu brodé d'or...

A corps et âmes...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant