Chapitre 1

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   Zuko déposa son sac et s'étendit à même le sol. Il garda les yeux rivés sur le plafond parsemé de fissures. Il inspira et expira quelques fois de suite afin de se détendre puis ferma les yeux. Au bout de quelques minutes de répit, il sentit un léger voile se déposer devant son visage, bien qu'ayant le regard clos. Il ramena ses mains lentement le long de son corps jusqu'à atteindre sa tête et se frotta les yeux puis les rouvrit en maugréant. Il se redressa péniblement pour venir s'assoir en tailleur et contempla un nouvelle fois la pièce : elle était petite et carrée, ornée d'un papier peint rose pâle dont l'état était déplorable, avec une immense baie vitrée donnant sur la mer. En y regardant de plus près, il se rendit compte qu'une silhouette se démarquait dans le contre-jour qui lui faisait face, une jeune femme à première vue.

   Celle-ci commença à s'avancer vers Zuko qui se raidit mais se redressa pour lui faire face. Elle se stoppa et se planta devant lui. Il la reconnut. Comment oublié ces cheveux bruns et ondulés, ce teint halé, ces yeux bleus et ce visage fin. Il la contempla quelques secondes qui lui parurent une éternité. Le silence régnait dans la pièce, seules les vagues venant s'écraser sur la côte créaient un bruit de fond encore plus pesant.

- Euh... Bonjour Katara, tenta-t-il maladroitement.

   Elle ne répondit rien mais lui lança un sourire amer. Zuko quant à lui jouait avec ses doigts pour essayer de minimiser son stress qui commençait à prendre le dessus.

- Je... Enfin Sokka m'a dit de m'inst...

- N'essaie pas de m'amadouer comme tu l'as fait avec Aang !, l'interrompit-elle sèchement. Je ne suis pas sotte au point de croire que tu ais « changé » en si peu de temps ! Aang peut-être mais pas moi !

   Elle laissa passer quelques secondes puis reprit en se rapprochant encore un peu plus de Zuko.

- Ne me fait pas croire que le fière et arrogant « prince » du feu aurait ravaler sa fierté pour se rallier à l'Avatar afin de l'aider dans sa quête qui consiste quand même à éliminer d'une manière ou d'une autre ton père ! Sans compter que tu as passé des mois à pourchasser à mort des adolescents -nous- qui ne t'avaient absolument rien fait, sous prétexte de récupérer ton « honneur » ? Fais-moi rire !

   Zuko était sidéré. Il ouvrait la bouche tel une carpe, mais aucuns mots n'en sorti. En un sens il la comprenait.

    Katara quant à elle le dévisagea et elle peina à le reconnaître : il avait coupé ses cheveux bruns qui retombaient maintenant sur son visage, son expression était aussi moins crispée qu'à l'ordinaire et elle eut la très légère impression qu'un voile de tristesse s'était emparé de lui, elle en venait même à regretter un peu ses paroles. Elle remarqua aussi que ses muscles étaient plus saillants qu'à l'ordinaire dans sa tunique quelque peu déchiquetée, mais ses joues s'empourprèrent contre son grès à cette pensée et elle préféra détourner les yeux.

   Ceux du fils de la Nation du Feu se baissèrent vers le sol instinctivement. Katara commença à avancer vers la porte afin de s'extirper de cette situation plus qu'embarrassante pour les deux adolescents. Elle allait disparaître de la pièce quand Zuko l'interpella :

- Ecoute Katara, je...

   Elle le stoppa net une nouvelle fois encore :

- On mange dans vingt minutes. Tu as largement le temps d'aller te débarbouiller : il y a des serviettes et des habits dans la commode de la salle de bains. A plus tard, lui dit-elle en partant en direction de l'extérieur afin de retrouver le reste de l'équipe.

*****

   A cette heure-ci de la soirée, le temple de l'air de l'Ouest était empli d'une lumière époustouflante tant le soleil tapait sur les fenêtres, parfois dépourvues de vitres. Zuko s'aventurait dans le dédalle de couloirs que contenait l'édifice cherchant désespérément un point d'eau afin de pouvoir enlever toute la crasse qu'il avait accumulé en lui après plusieurs semaines de voyage en solitaire. Il longea un mur couvert d'une immense tapisserie elle-même à moitié recouverte de jeunes moisissures. Elle décrivait une séance de méditation avec en son centre l'ancien Avatar originaire des nomades de l'air et prédécesseur d'Aang. Il affichait une telle sérénité que le jeune maître du feu ne put en faire abstraction et demeura devant quelque temps avant d'être attiré à ce qui s'apparentait à des cris.

Seulement toi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant