Les Masques

Épisode 11 - J'avance - Part III

Quel ennui... me voilà au centre-ville de Toulouse, seule comme une idiote entourée de tourtereaux qui s'empiffrent de chocolat chaud.

"Hello Marine, je vais faire une course à Toulouse, on prend un verre place de la Daurade après ?"

C'est au tour de Théo, 29 ans, de se manifester et j'avoue que cela a le pouvoir de m'extirper immédiatement de ma morosité. Il ne pouvait pas mieux tomber.

"Bonjour Théo, je fais justement du shopping au centre..." je ne vais tout de même pas lui dire que je viens de passer un moment de folie avec un robot TinSnap.

"Quelle coïncidence, les grands esprits se rencontrent, je te garde une place au Café des Artistes à 18h30". Il fait preuve d'une certaine assurance et cela me plaît bien.

"On fait comme ça, pourquoi pas". Voilà une réponse des plus sobres, je n'en fais pas trop. Rien dans ce court échange ne témoigne des montagnes russes émotionnelles que je vis cet après-midi et surtout de l'effervescence qui surgit à nouveau en moi, après ce moment de solitude place Salengro.

J'approche du café, il est déjà attablé, les yeux rivés sur son téléphone. Je reconnais son visage et son aspect sportif typé handballeur ou peut-être bien rugbyman. Il semble bien bâti et doit facilement mesurer 1m85. Je suis un poids plume en comparaison, mais j'aime qu'un homme soit plus grand que moi. Cette première évaluation visuelle me donne des papillons dans le ventre.

Il lève les yeux comme s'il avait senti que quelqu'un l'observait. Nos regards se croisent et il esquisse un sourire en levant les sourcils. Cette mimique accueillante me touche aussitôt et je me sens tout de suite mieux. Je n'ai pas le temps de me faire un film et de stresser outre mesure. Une nouvelle fois, M! respire profondément et avance sans réfléchir ! Fais-toi confiance et tout ira bien.

Tout va effectivement très bien. Théo est un gentleman confiant, sûr de lui et la discussion est naturelle. Il mène le débat et parle la majeure partie du temps, je n'ai pas à faire beaucoup d'efforts si ce n'est l'écouter, l'observer, répondre, parfois. Bien sûr, je pose quelques questions pour qu'il se sente considéré et à l'aise en retour. Ce rôle-là, je le maîtrise à la perfection. Cela me va très bien pour cette première rencontre. 

J'ai même le loisir de me laisser aller à quelque imagination fantasmatique incluant ce mâle robuste et élégant. Je me sens bien et j'ai l'impression qu'il est attiré aussi. Ses compliments et les questions de plus en plus indiscrètes à mon endroit montrent sa disposition à creuser mon sujet ; mmh creuser mon sujet. M! Tu divagues, concentre-toi. Je m'ouvre peu à peu et me prête volontiers à ce jeu d'attraction en le laissant m'ausculter plus en détails.