- 11 -

3K 158 47
                                    

Le lendemain fut quelque peu morose pour Ailean. La jeune femme s'était accordée une grasse matinée au vu de la nuit qu'elle avait passé. Elle faisait partie de ces malheureuses personnes chez qui, quand une question n'avait pas de réponse, avait le sommeil agité. Plusieurs fois elle s'était réveillée dans la nuit. A six heures, elle s'était même levé boire un verre d'eau à la salle de bain, et elle ne savait dire si c'était l'état gazeux dans lequel elle se trouvait, ou réellement ce qu'elle avait vu, mais il lui semblait avoir aperçu une vieille dame dans la rue, versant un sceau dans la bouche d'égout. Toute la nuit n'avait été que flou et incertitude.

Lorsqu'elle décida enfin de se lever, ce ne fut que par la bruit de la sonnerie de sa maison. Là, elle se souvenu qu'elle s'était fait livré sa nourriture. Le sourire qu'elle offrit au monsieur venu lui donner son paquet retomba aussitôt la porte refermée. Elle rangea ses courses, sentant qu'elle n'aurait l'énergie ni la motivation de le faire plus tard.

Ailean regarda sa baie vitrée. Il faisait toujours beau dehors mais l'envie n'y était pas. De plus, elle n'était pas suffisamment réveillée pour pouvoir mettre son masque de jeune femme joyeuse lorsqu'elle verrait ses chers voisins. La vision de Tom lui tordit le cœur, aussi décida-t-elle de se reprendre. Elle ne pouvait pas se lamenter pour si peu, du moins tenta-t-elle de se convaincre. Mais le jeune acteur l'avait déjà touché, et il était trop tard pour empêcher le délicieux poison d'atteindre son cœur.

La matinée passa et il était proche du repas lorsque de l'agitation se fit entendre dans la rue. La curiosité l'emportant, Ailean posa son carnet ainsi que son crayon et s'approcha de la fenêtre de sa cuisine donnant sur son quartier. Son léger rideau suspendu sur sa main lui permet de voir sa voisine d'en face. Une vieille dame, celle-là même qu'elle avait cru voir dans la rue tôt dans la matinée, avait ouvert sa porte. Elle parlait fortement avec une personne dans sa voiture. Le ton montait si fort qu'elle eut peur pour la vieille dame et sortit sur le pas de sa porte. Une fois dehors, elle comprit qu'il s'agissait d'un homme connaissant son mari, hospitalisé hier soir dans la nuit. Elle feignit de prendre son courrier pour ne pas paraitre impoli, et lorsque la voiture partie enfin, elle put se détendre.

- Bonjour, ma jolie, la salua-t-elle.

- Bonjour.

Sur ce, la vieille dame rentra dans sa maison après lui avoir adressé un signe de main. Ailean resta là quelques secondes, se demandant comment elle pouvait avoir l'air si joyeuse quand son mari était à l'hôpital. Peut-être que comme elle, elle portait souvent un masque mentant sur ses sentiments. En regagnant sa porte, celle d'à côté s'ouvrit. Le troubla la submergea lorsqu'elle vit Tom sortir les poubelles. Le brun lui adressa son magnifique sourire avant de la saluer.

- Salut...lui répondit-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.

Son ton laissa Tom interdit alors qu'elle rentra et ferma la porte sans un mot ni un regard de plus. Elle pénétrait à peine dans son salon qu'elle le vit, derrière la grille. Il regardait vers elle. La jeune femme sentit ses veines bouiller alors que souvenir d'hier soir, en train de faire la même chose revenue comme un boomerang. Elle aurait pu rester là, le laisser attendre comme elle avait attendu. Mais elle ne pu. Le brun lui faisait de grands gestes afin qu'elle le rejoigne. Elle s'arma de fausses défenses, se jurant à elle-même de ne pas le laisser s'en tirer comme ça, qu'elle n'était pas une fille avec laquelle on jouait. Mais tout ceci n'était qu'illusoire, car elle savait pertinemment qu'elle ne réussirait pas longtemps à lui en vouloir. Ailean n'était pas rancunière, et le conflit lui était insupportable.

- Tu vas bien ? S'enquit Tom une fois qu'elle fut devant lui.

Ailean ne se laissa pas berner par son inquiétude dans le regard.

- Très bien, pourquoi ? Posa-t-elle en relevant ses mains sur ses hanches.

- Je ne sais pas...tu sembles distante. Il s'est passé quelque chose ?

- Justement rien, répondit-elle presque aussitôt.

Tom fronça des sourcils. Il regarda vers sa maison, s'assurant que personne n'allait sortir puis s'avança totalement et posa sa main sur la grille. Il avait toujours ce regard. Ailean tenta d'y faire abstraction mais ce fut plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas ne pas le regarder. Il avait une telle bienveillance qui émanait de lui, et lorsqu'il la regardait cela se transforma plus intensément, si bien qu'elle sentait son bas ventre se contracter.

- C'est parce que je ne suis pas venu hier soir ? Posa Tom. Je suis désolé, j'ai oublié de te prévenir...

Ailean leva déjà les yeux au ciel, avant même qu'il n'ait fini sa phrase et le regretta presqu'aussitôt.

- Nous avons été alerté peu après le live que monsieur Bernathy, notre voisin d'en face avait fait un malaise. Sa femme est venue sonnée chez nous, comme elle nous connait bien, elle a confiance. Je suis allé le conduire à l'hôpital et quand je suis rentré, il était fort tard, je pensais que tu étais déjà rentrée...

La barrière et toutes les promesses qu'elle s'était faite tombèrent une fois la fin de son explication. La honte l'envahit et elle ne su quoi dire. Elle qui s'était fait tant de films alors qu'il n'avait qu'aidé une personne âgée en détresse. Elle se sentit extrêmement idiote.

- Il va bien ? Demanda-t-elle.

- Il est stable. Ce n'est pas le corona...

Ailean acquiesça. Les deux jeunes gens se regardèrent un long moment, essayant de savoir ce que l'autre ressentait. Pour finir, la jeune femme avança, l'air coupable.

- Je suis désolée, Tom, je pensais que tu m'avais oublié ou pire que tu ne voulais plus venir...

- J'aurai du te prévenir. J'aurai ressenti la même chose que toi...je m'en veux que tu ais attendu si longtemps.

Sa main posée sur la sienne à travers le grillage suffit à lui réchauffer le cœur en un instant.

- Je n'ai pas attendu si longtemps...mentit-elle.

Tom rit jaune tout en lui caressant le dos de la main à l'aide de son pouce. Son autre main se leva à son tour pour se poser sur le grillage. Ailean l'imita. Leurs deux mains étaient jointes ensemble, leurs yeux ne s'étaient pas détachés l'un de l'autre. La même envie les tiraillait tous les deux. La perspective d'envoyer tout valser les tentait tandis qu'un passa suffisait pour que leur corps se touche. Ce fichu grillage était une plaie.

- Je me demande quel gout ont tes lèvres, souffla Tom.

Ailean sourit tendrement.

- Et moi quelle douceur ont tes cheveux...

Les deux jeunes gens rirent doucement ensemble. Cela sonnait peut-être humour et taquinerie, mais ce fut de réelles questions. A ce moment-là, Tom se fit la promesse qu'une fois qu'ils seraient autorisés à sortir, il viendrait chez elle. Cela devenait une torture de pouvoir juste lui prendre la main et de devoir se désinfecter après. Dans quel moment vivait-on à présent quand on était interdit de pouvoir vivre pleinement ce qui était la première expérience d'amour véritable pour les deux ? Inconsciemment, Ailean s'était déjà faite cette promesse.

/•\

Un plus long chapitre pour me faire pardonner O:- )

Ahhh ça va, il avait une bonne excuse! ^^

- Si proche de toi -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant