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Un coup de fil. Voilà ce qui brisa le silence matinal de cette journée de mars. Ailean ouvrit difficilement les yeux. Il lui fit un temps avant de s'habituer à l'aveuglante luminosité de la pièce. Se redressant doucement pour prendre son téléphone, elle s'empressa de décrocher afin de faire taire cette énervante sonnerie.

- Allo... ?

- Tu dormais encore ?

La voix de son amie Alexia résonna de reproches et d'humour en même temps dont elle seule avec le secret. Cette dernière était sa colocataire depuis peu, avec un troisième membre, Nethen. Tous les trois étaient originaires de la Nouvelle Angleterre et avaient décidés de prendre une année sabbatique en Angleterre, sur le vieux continent. Ses deux amis étaient repartis dans leur pays natal afin d'y ramener quelques affaires supplémentaires. N'ayant emménagés que depuis peu, Ailean n'avait pas encore eu l'occasion de visiter la petite ville anglais dans laquelle elle avait trouvé une maison, il y quelques mois. Elle passait ses journées à terminer de s'installer, pour qu'au retour de ses plus proches amis, ils puissent enfin commencer leur vie ici.

- Décalage horaire...grogna Ailean en se redressant pour s'assoir.

- As-tu vu les infos ?

Le ton inhabituel d'Alexia ne la rassura pas. La jeune femme se leva et se dirigea vers le salon. Le carrelage de ce dernier la fit frissonner, elle avait si hâte de mettre du plancher. Par chance, la télévision avait été installé la veille du départ d'Alexia et Nethen, et après avoir slalomer entre les caisses de carton, Ailean alluma les mauvaises nouvelles. À peine fut-elle réveillée qu'elle dû à nouveau s'assoir, comme assommée.

- Confinés... ?

Un soupir se fit entendre derrière le téléphone. Les trois amis avaient eu connaissance l'épidémie qui se propageait un peu partout en Europe, mais ils ne pensaient pas qu'ils en arriveraient là. Le nombre de morts qui défilaient aux infos glaça le sang d'Ailean qui éteignit aussitôt la télévision. La jeune femme ne regardait presque jamais les infos et cela en était un très bon exemple du pourquoi.

- Qu'est-ce-que cela veut dire ?

Un nouveau soupire.

- Qu'on est bloqué, ma belle... avoua Alexia, la gorgée nouée.

- Ça ne va pas durer ! Tenta de se convaincre Ailean.

- J'espère que tu as raison...

Les deux amies continuèrent à parler ainsi au téléphone sans vraiment rien se dire. Elles essayaient toutes les deux de faire comme si rien était arrivé. Mais elles étaient loin de se douter que ce confinement ne serait pas uniquement l'affaire de quelques jours ou semaines. Ailean était loin d'imaginer qu'elle ne retrouverait ni sa famille, ni ses amis de sitôt.

Après avoir raccrochée, la première chose qu'elle fit fut de sortir sur le pas de sa porte. Elle observa son petit quartier tranquille, vide de monde. C'était toutes des maisons séparées par un petit couloir d'herbe et dont les jardins étaient soit coupés par un grillage, soit par une haie, ou les deux. La fin de la rue aboutissait à un cul de sac et de hauts arbres bordaient le trottoir. Elle prenait doucement conscience qu'elle serait désormais bloquée chez elle, entouré de voisins qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait pas eu le temps de faire connaissance, ni même de se présenter.

La jeune femme rassembla ses longs cheveux bruns qu'elle remit sur le côté de son cou quand un homme âgé passa devant sa maison. En l'apercevant, il ôta son chapeau et comme pour la saluer le baissa.

- Bonne journée, mademoiselle !

- M-merci, à vous aussi, buta-t-elle un instant.

Le vieil homme lui sourit, mais au lieu de lui réchauffer le cœur comme cela aurait pu lui faire, cela eu l'effet contraire. Elle se mit à s'inquiéter pour cet homme qui semblait si gentil. Au même instant, un jeune homme arrive en vélo à la maison d'à côté.

- Bonjour, monsieur Albert !

- Oh bonjour, 'Son !

Ailean regarda malgré elle le jeune homme. Ce dernier semblait de sa tranche d'âge, il avait de court cheveux blonds, légèrement bouclés. En croisant son regard, il lui fit un signe de salut. Ailean se sentit soudainement mal à l'aise et rentra bien vite, sans lui répondre. Elle se retrouva, dos à sa porte fermée, avec vue sur tous ses cartons non défaits et la lumière de son téléphone s'agitant comme pour lui signaler le flux de messages qui devaient parvenir de sa famille.

Sa mère lui informa bien vite que la situation était bien plus critique que ce que l'on pensait et la priait fortement de rester chez elle, en sécurité. « Restez chez vous », voilà bien des mots qu'elles verraient partout dans les prochains jours.

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On commence avec un petit chapitre d'entrée ;)

- Si proche de toi -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant