Chapitre 12

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Chanson : Let Me Know - Clear Eyes ft Lauren Jauregui

#PDV Lena

Je commençais à avoir mal aux pieds, traversant la ville depuis une bonne vingtaine de minutes déjà, ces talons me faisaient souffrir le martyr comparé aux rangers de l'armée. Des milliers de questions me trottaient en tête, sur mon avenir, sur ce qui allait se passer avec Lauren, sur moi même. La sensation de ses lèvres sur les miennes ne quittaient pas mon esprit, elle me hantait depuis cette nuit. Je ne pouvais avoir des sentiments pour une femme, bien qu'elle n'était pas n'importe quelle femme, c'était Lauren, c'était tout. Vivre avec la honte, la culpabilité, la peur au ventre. L'homosexualité... ce mot amené même en moi un sentiment de dégoût, ce que les gens pensaient me dégoûtait. C'était une maladie, punie par la loi. Non, c'était quelque chose de normal, juste de l'amour, de l'attraction et du désir comme n'importe quel être humain constitué d'un cœur. Je n'avais pas honte de pouvoir aimer Lauren, mais on ne pourra jamais être ensemble.

Un long soupir quitte mes lèvres, je commençais à avoir mal à la tête à autant réfléchir, je voulais juste trouver cette Mme Greenwald. Je finis par enfin rentrer dans le quartier d'Haight-Ashbury, longeant lentement le Buena Vista Park, de l'autre côté de la rue les maisons se succédaient, parfois en brique rouge parfois juste colorées. Je me stoppe en posant mes yeux sur le gardénia qui pousse devant la clôture du parc, le souvenir de Lauren apparaissant devant mes yeux.

"Elles sont belles n'est-ce pas ?" Je sursaute aussitôt à la voix rocailleuse qui vient de parler, me tournant rapidement vers mon interlocuteur. Une dame, visiblement très âgée, elle devait avoir au moins 90 ans. La peau de son visage tombe par endroit, accentuant les rides qui s'étaient formées au fil des années. La vielle dame était bien plus petite que moi, s'appuyant sur une canne en bois sculptée, celle-ci attirant le regard aussitôt. Ses cheveux blanc semblait plutôt long, attachés dans un chignon qui tenait avec un simple crayon en bois. Les yeux de la vielle dame étaient bleu, transperçant, irréels, bleu comme l'océan du Vietnam. Sa main ridée effleure les pétales blanches avant d'attraper la mienne, je recule aussitôt surprise mais elle resserre sa prise sur ma main. Elle lâche sa canne tombe au sol et pose sa main libre sur les notre, enfermant totalement ma main droite dans ses paumes bouillantes. La vielle femme ferme alors les yeux sous mon regard à la fois curieux et tétanisé.

"En voilà des blessures bien étranges..." Elle murmure me faisant froncer les sourcils. Je commençais à penser que cette vielle mégère était en fait une sorcière.

"Vous cherchez Mme Greenwald" Elle sourit en lâchant ma main, je regarde instinctivement ma paume, cherchant à savoir comment elle avait pu avoir cette information.

"Vous l'avez trouvée" Un rire quitte sa gorge d'une voix braillarde, elle se penche avec un petit gémissement pour ramasser sa canne et se redresse comme si de rien était, prenant la direction des habitations. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Elle marche d'un petit pas rapide, claquant à répétition sur le sol sa canne en bois.

"Tu viens ?" Elle râle sans s'arrêter de marcher. Passant du vouvoiement au tutoiement en un fragment de seconde, je me contente de lui emboîter le pas bêtement, confuse, comme si mon corps obéissait à son ordre sans que mon cerveau ne lui donne son accord.  On marche à peine quelques minutes avant qu'elle ne s'arrête devant le numéro 121.

"Je m'appelle Anne" Elle ajoute en entrant dans le petit jardin où des rosiers se trouvaient par dizaine.

"Lena" Je réponds en refermant le petit portail derrière moi. Je suivais vraiment une étrangère chez elle ? Bien qu'elle ne semblait pas pouvoir me faire de mal, elle était étrange, et savait des choses qu'elle ne devait pas savoir. 

The End Of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant