Chapitre 28

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Chanson : Route 66 - Chuck Berry

#PDV Lena

Jeudi 7 mars 1968

"Tu es prête ? Tu as pris toutes affaires ?" La voix de Lauren me sort brièvement de mes pensées alors que je tourne la tête vers elle, la bougeant faiblement pour lui donner mon accord. Elle sourit et passe la porte pour aller charger nos deux sacs dans le coffre de la Chevrolet Camaro qui allait nous emmener jusque dans le Tennessee. Honnêtement mon esprit était bloquée sur la veille, sur ces mots si important qui avaient quitté les lèvres de Lauren avant qu'elle ne quitte précipitemment l'appartement : Je t'aime. Elle m'aimait, elle l'avait dit. Mais elle me l'avait dit comme si c'était la chose la plus banale, comme si elle me le disait tous les jours et moi j'étais restée là, assise sur le canapé pendant de longues minutes, mon estomac vrillant dans tous les sens et la respiration saccadée par de simple mots, voilà une chose que mes heures de lecture m'avaient apprises, les mots avaient tout autant voir plus d'impacts que les gestes.

Je m'étais assoupi dans le canapé quelques heures jusqu'au retour de la brune, toujours excitée à l'idée de conduire jusqu'à l'autre bout du pays. J'avais tentée d'agir comme si elle n'avait rien dit puisque Lauren n'avait pas mentionné de nouveau ses paroles, dînant en discutant agréablement du trajet qui nous attendait. Traçant sur la cartes les différentes villes où on devait s'arrêter, l'argent que nous coûterait les hôtels ainsi que les repas et l'essence puis Lauren s'était excusée de m'avoir fait dormir dans le canapé, m'invitant à la rejoindre dans son lit.

"Lena ? On y va ? A quoi tu penses ?" Lauren était de nouveau revenue dans l'appartement et était juste à mes côtés, j'avais tellement été prise par mes pensées que je ne l'avais pas entendue rentrer.

"A rien, on y va, il faut qu'on passe chez Anne" Je souris et elle m'embrasse la joue avant de prendre son sac à main, sa veste puis les clés de la maison. Après un dernier coup d'oeil pour s'assurer que rien n'était oublié, elle verrouille la porte avant de monter dans la voiture. Je plie soigneusement la carte routière où on avait préalablement tracé la bonne direction pour la mettre dans le bac de rangement de la portière. A peine 10 minutes après elle se garait devant le petit portail de la maison Greenwald, bordée par les rosiers sans fleurs, d'ici quelques semaines quand le printemps pointera le bout de son nez, elles seront toutes épanouies et magnifiques.

"Je t'attends là ?" Lauren demande en coupant le moteur et je secoue aussitôt la tête.

"Non vient avec moi, Anne t'apprécie en plus" Je souris et faisant hésiter l'infirmière mais celle-ci finit par acquieser et sort de la voiture. Je lui ouvre la porte la laissant passer devant et je la vois aussitôt plisser le nez à l'odeur, posant une main sur sa bouche ce qui me fait rire, j'étais tellement habituée que j'oublais que ce n'était pas le cas de tout le monde. Mais ce qui agrandissait mon sourire, c'était l'odeur de café qui flottait dans l'air, Anne était levée.

"Bonjour Anne, je suis avec Lauren" J'annonce en avançant dans l'étroit couloirs pour me diriger vers la cuisine juste en face, la vielle dame était assise en train de lire le journal. Elle lève la tête vers nous puis le pose sur Lauren, la fixant étrangement comme pour la sonder, deviner quelque chose. L'infirmière semble légèrement mal à l'aise sous le regard bleu ciel de la vielle dame, bougeant maladroitement sur place.

"Bonjour Madame..." Elle dit doucement, pourtant ce n'était pas la première fois qu'elles se rencontraient mais elles n'avaient jamais discuté.

"Madame ? Elle est mignonne, appelle moi Anne ma jolie" Anne rigole faiblement et je m'asseois en face de la sorcière, invitant Lauren à faire de même.

The End Of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant