Chapitre 15

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Chanson : Happier - Bastille

#PDV Lena

Jeudi 30 Novembre 1967, Thanksgiving.

Je fronce faiblement les sourcils en essayant de déchiffrer l'écriture brouillon et penchée de la grand-mère de Lauren, le tout sur un carnet aux pages jaunies et à l'encre presque effacé. Je m'en sortais pas trop mal en cuisine mais c'était une recette que je n'avais jamais essayée ni même jamais goûtée, au plus grand désarroi de l'infirmière qui ne cessait de répéter que c'était, je cite : "Impossible, tout le monde a déjà goûté une fois dans sa vie une tarte à la citrouille, me prends pas pour un pigeon !". Cette phrase, en plus de m'avoir bien fait rire, avait déclenchée une folie culinaire chez ma colocataire.

"Je t'assure que je n'ai jamais mangé de tarte à la citrouille, de plus, je comprends rien au charabia qu'a écrit ton Abuelita, un mot sur trois est en espagnol." Je râle en me redressant de l'établi sur lequel j'étais penchée pour lire. Lauren commence à marmonner, elle aussi en espagnol, et me prends le petit carnet des mains commençant à lire.

"Dos Huevos ! Ça veut dire deux œufs Lena" Elle lève les yeux au ciel comme si c'était évident et retourne vers la gazinière où elle venait de poser une marmite d'eau, pour la faire bouillir.

"Tu veux bien vider la citrouille ?" J'hoche la tête et attrape une cuillère pour commencer à retirer la chair filandreuse du légume. Je ne peux m'empêcher de grimacer à la texture, assez désagréable, du légume, c'était froid et humide, de plus, ça a pas une super odeur.

"C'est la première fois que tu fais la recette de ta grand-mère ? Ally aurait peut-être dû nous confier la dinde ou la purée" Je rigole en nous voyant galérer pour une simple recette, moi qui ne comprenais rien à ce qui était écrit sur le carnet, et Lauren qui refusait de vider la courge parce que soi-disant ça lui filait des boutons. Je vide la mélasse à la poubelle puis commence à couper en gros morceaux pour les mettre dans l'eau bouillante, pendant ce temps, Lauren prépare le reste des ingrédients.

"Alors grand cheffe, est-ce que vous savez peser le sucre ou vous avez besoin de mon expérience ?" J'étais d'une humeur particulièrement taquine cette après-midi, et le petit air stressé de Lauren me donnait encore plus envie d'en profiter. Pourquoi était-elle si nerveuse pour un simple repas de fête ? J'avais des raisons de penser que c'était ma présence qui la rendait si nerveuse. Un semblant de sourire se pose sur ses lèvres mais elle reste concentrée sur la recette, je me penche pour regarder mais l'écriture était illisible à mes yeux.

"Azùcar y nuez moscada..." Je tente de lire mais c'était un vrai charabia.

"Alors grand cheffe, est-ce que vous pouvez lire la recette ou avez vous besoin de mon expérience ?" Cette fois c'est un grand sourire narquois qui fait son apparition sur son visage, bien joué. Je me mords la lèvres en regardant autour de moi et attrape le paquet de farine posé sur l'îlot derrière nous. Lauren écarquille les yeux, alarmée par ce que je tenais entre mes doigts.

"Tu oserais pas" Elle prévient en jetant un bref coup d'œil autour d'elle, cherchant sûrement de quoi se défendre si jamais. Je pince fortement les lèvres pour essayer de contenir mon sourire amusé, on allait mettre une sacrée pagaille. En l'espace de quelques secondes, Lauren est recouverte de farine et moi de sucre sans compter l'œuf qui vient de s'écraser dans mon dos, tentant de fuir de la cuisine. Son rire me suit ainsi que les bruits de ses pas qui me cours après.

"Lauren non !" Je supplie en essayant de la devancer.

"Tu as voulu jouer Wilson !" Elle rit et ses bras viennent m'encercler la taille pour nous stopper dans notre course. Sa poitrine qui vient s'appuyer contre mon dos, étale un peu plus l'œuf qui transperce mon t-shirt. Nos rires se mélangent à notre souffle erratique, épuisées par une simple course de même pas deux minutes. Lauren nous fait alors tomber dans le canapé et je me mords à la lèvre pour retenir le gémissement de douleur mais la grimace parle pour moi. Elle retire immédiatement ses mains de sur mon ventre.

The End Of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant