Kingsman : Mission à haut risque ! [Terminé]

Chapitre 11 : Maître Soké

Hagakure, Dojo de Londres, 19h.

Toute l'après-midi, j'avais cogité sur la manière d'annoncer à Taron que je savais qui il était. J'en avais conclu qu'avant toute chose, je devais aller me défouler au Dojo. J'étais sûr que Maître Soké serait de bon conseil. Après avoir pris un bus et avoir marché pendant dix bonnes minutes, je me retrouvais devant le Dojo. J'ôtais mes chaussures comme le voulais la tradition et les pris à la main avant de rentrer. J'aperçu Maître Soké dans son bureau, en grande discussion avec un individu que je ne voyais que de dos. Habituée des lieux, je décidais d'aller mettre ma tenue de sport. Ce soir pas de Kimono, j'avais seulement besoin de frapper un puntching-ball et de parler avec mon maître. Je n'avais d'ailleurs pas de cours de prévu, mais comme chaque adhérent, j'avais le droit de venir en dehors des cours pour m'entraîner.

Après avoir enfilé mon leggings et mon débardeur de sport, je m'approchais du premier puntching-ball disponible, salua les personnes qui était présente autour de moi et commença à faire mordre la poussière, à ce bout de caoutchouc. Un coup à droite, puis à gauche, un autre pour Tyron, et un coup de genou pour cette agence, qui ne cessait de me poursuivre. L'instrument de mon défouloir volait dans tous les sens. 

Cela devait faire peut-être vingt bonne minutes que je me déchargeais, oubliant que j'étais dans un espace public, peu m'importais. Mon esprit se vidait petit à petit, laissant place à une quiétude dont j'avais sérieusement besoin en ce moment. Alors que je décidais de faire une pose, et de boire à ma bouteille je vis Maître Soké s'approcher de moi, un sourire doux et apaisé dessiné sur son visage, comme à son habitude il posa un regard bienveillant sur moi.

- Ella, je suis ravie de te voir. J'ai l'impression que tu as besoin d'évacuer, ce soir. Constatât-il en souriant.

- Bonsoir Maître Soké, en effet j'avais besoin d'extérioriser. La journée a été particulièrement étrange.

- Tu sais que si tu as besoin d'en parler, je suis là.

- Oui, justement je voulais vous parler, c'est un peu délicat mais j'aurais une question pour vous. Dis-je hésitante.

- Je t'écoute...

- C'est à propos de mon père.

J'observais sa réaction, mais il ne sourcilla pas, son sourire perdurait comme s'il connaissait déjà, la teneur de ma question.

- Pose ta question, mon enfant. Me rassura t-il.

- Ma mère m'a dit que vous vous connaissiez bien, et qu'il vous avez choisit pour m'entraîner bien avant son décès, bien avant mes 5 ans.

- C'est exact.

- Pourquoi ? Pourquoi vous choisir vous ? Demandais-je prise d'une soudaine confiance en moi.

J'avais besoin de réponse, j'étais prête à tout entendre, à tout encaisser. Bien sûr j'avais une idée derrière la tête, je soupçonnais quelque chose mais j'avais besoin de savoir, avant de pouvoir affirmer ma pensée.

- Ella... Ton père Charly a été mon élève pendant de nombreuses années. Les enseignements qu'il en a tiré, lui ont certainement étaient profitable et il a probablement voulu que tu puisses grandir avec cette même philosophie, pour que tu te sentes forte et capable d'affronter tous les obstacles de la vie.

- Vous avez probablement raison. Comment était-il quand il était ici ? L'interrogeais-je curieuse.

- Viens avec moi... 

Nous nous dirigions vers son bureau, que voulait-il me montrer ? Je me le demandais bien. Une fois à l'intérieur, il me tendit un cadre sur lequel se trouvait un jeune homme d'à peine 17 ans, déjà costaud pour son âge, au physique d'Apollon. Je souriais bêtement devant cette image de mon père. Ma mère m'avait montré quelques photos, on en avait à la maison mais pas de lui, aussi jeune. Pourtant elles avaient toutes une chose en commun, son regard. Il était brillant, vaillant, comme si un feu crépitait en lui. Je relevais mes yeux, pour interroger mon mentor, mais il me devança.

- Il avait 18 ans sur la photo et c'était le meilleur de sa promotion. Il avait acquis une discipline exemplaire, et n'avait qu'un objectif en tête, que tout ce qu'il avait appris ici soit utile aux autres. Je t'ai observé t'occuper des enfants lorsqu'ils attendaient leur maître, je t'ai vu leurs enseigner des techniques pour s'améliorer. Certains avait plus de mal que les autres, et toi tu étais là pour eux. Vous avez la même étincelle dans vos yeux. Et je peux te garantir qu'il serait très fière de voir la personne que tu es devenue.    

- Merci, ces derniers temps j'ai vraiment l'impression de le sentir proche de moi, comme s'il essayait de me faire passer un message. Je sais que c'est étrange, mais j'ai l'impression d'être proche d'un choix à faire et ça me fait très peur... Finissais-je par avouer bien malgré moi.

- La vie est faite de choix et quand le moment sera venu, tu sauras comment faire face. M'expliqua t-il posément. Je dois te présenter quelqu'un, il sera ton partenaire pendant plusieurs cours. 

- Vous pensez que je suis prête pour ça ? Demandais-je étourdie.

- Le fait que tu poses la question, prouve que tu l'es. L'heure est venue pour toi de t'entraîner à te battre avec une personne d'un niveau légèrement plus élevé que toi. Continua t-il toujours sur la même intonation.

- Bien, qui est-ce ? 

- Tiens, justement le voilà ! 

Je vis le maître lui faire signe d'entrer par la baie vitrée de son bureau. Au même moment, curieuse, Je décidais de tourner la tête pour voir qui j'aurais l'honneur d'affronter au prochain cours. Il était là debout devant moi, un sourire indescriptible sur le visage. Comme s'il était fier d'avoir réussi à me damer le pion avant que je ne puisse le faire. Il pensait avoir une longueur d'avance, mais il avait tort. 

Soudain mon regard se posa dans celui rassurant de Maître Soké. C'est à cet instant précis que je pris conscience, qu'il faisait sûrement partit lui aussi de cette même agence. Mon cœur se fendit en deux, tomba sur le sol pour éclater en morceaux. La seule personne a qui j'avais accordé 200% de ma confiance, m'avait mentit toute ma vie. Il n'y avait pas de place pour le hasard dans cette histoire. Hors de question de mettre en danger l'agence, même si je commençais fortement à la haïr. Je ne pourrais donc pas les mettre devant la vérité ici, dans un lieu public. Mais je pouvais leur faire comprendre, que je n'étais pas la jeune femme naïve qu'ils s'imaginaient sans doute. Non, j'étais loin d'être une idiote et le fait que Taron se trouve là, devant moi était une preuve supplémentaire qu'on voulait quelque chose de moi, ou bien qu'on croyait me protéger. Alors que j'allais répliquer, des larmes jaillirent de mes yeux sans vraiment que je ne m'y soit attendu, comme un trop plein, la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mes larmes coulaient sans retenues sur mes joues, je les observais l'un puis l'autre. Le sourire de Taron s'était effacé à la minute où mes larmes étaient apparues. Maître Soké, lui restait fidèle à lui-même, comme s'il savait déjà ce qui se passait dans ma tête...