Chapitre 14 : Un choix à faire

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Appartement d'Ella, Londres 7h30.

Il était passée sept heures quand la lumière du jour vint chatouiller mon visage et que mon réveil me tira de ma nuit. J'émergeais difficilement de mon lit, les yeux emplis de fatigue, à moitié fermé je m'avançais devant mon miroir pour voir l'étendue des dégâts. Hier soir, nous avions parlé jusqu'à presque deux heures du matin et...

- Oh Bordel ! Taron ! M'exclamais-je pour moi-même, me rappelant que ce dernier dormait sur le canapé du salon.

Ce fut aussi efficace qu'une douche froide. Je me hâtais d'enfiler un pull par dessus ma nuisette et sortit de ma chambre en trombe. Je priais pour qu'il ne soit pas déjà partit, lorsque j'entendis l'eau couler. Ouf, il était sous la douche. Le pauvre après la soirée d'hier, il devait être KO. J'en profitais pour aller nous faire un thé. 

Au bout de cinq minutes, je le vis sortir de la salle de bain torse nu, la serviette que je lui avais donné la veille, enroulée autour de la taille. Mon cœur fit un bond en le voyant et la tasse que je tenais dans ma main faillit m'échapper, tellement la vue de son torse me perturbait. Je me surpris à rougir, gênée par cette vision, troublée même. Il le remarqua mais ne fit que sourire, avant de prendre la parole.

- Salut, bien dormi ? J'ai cherché du café mais je n'en ai pas trouvé. Dit-il en pointant ma tasse.

Je repris connaissance rapidement et me concentra sur mon thé. Il fallait absolument que je pose cette tasse avant qu'une catastrophe n'arrive.

- Oui, pardon je n'en bois pas. Mais par contre je peux te faire un thé, si tu veux ? Demandais-je après avoir détournait mes yeux de ce sublime corps, fixant ma théière qui me paraissait d'un coup, drôlement plus intéressante que l'homme qui se trouvait en face de moi.

- Est-ce que ça va ? Va pour un thé, ça sera parfait. Tu pourras me refaire mon pansement, j'ai dû l'ôter pour prendre une douche ?

- Je...Oui pas de problème. Taron, j'ai peut-être des affaires propres à te filer si tu veux.

- Des affaires propres à ma taille ? Me demanda t-il en levant un sourcil interrogateur.

Cela pourrait surprendre, mais bien avant que je ne rencontre Conrad, j'avais vécu une très longue histoire d'amour, qui c'était soldée par une rupture douloureuse au bout de 5 ans. Nous avions 19 ans quand nous nous étions rencontrés. Peut-être que nous étions trop jeune ou que c'était trop tôt, que nous n'avions pas eu suffisamment d'expérience avant pour pouvoir vivre notre histoire sereinement. Je l'avais aimé à en crever, lui aussi probablement au début. On était fiancé depuis six mois, et puis tout avait basculé, c'était il y a un an. Je rentrais de la pâtisserie, ce soir là, je voulais lui faire une surprise pour notre anniversaire de rencontre. Le dernier avant notre mariage, j'avais fait un fraisier en forme de cœur pour l'occasion. J'étais heureuse, rien n'aurait pu détruire ma bonne humeur. Jusqu'à ce que j'entre chez lui, j'avais les clés je vivais quasiment là-bas. On avait pour projet de déménager, pour se trouver un nid à nous. Mais ce soir là, il en avait décidé autrement. J'avais posé la tarte sur la table, jusqu'à ce que j'entende gémir, il n'était visiblement pas seul. Apparemment ça durait depuis plusieurs mois, même si je ne l'ai su qu'après. Ce soir là, j'ai posé la bague de fiançailles avec le gâteau sur la table et je suis partie, complètement détruite. Et puis je me suis rappelais ce que ma mère m'avait dit. Les papillons, le feu d'artifice, tout ce que je ne ressentais pas quand j'étais avec lui et j'ai compris qu'il n'était pas l'homme de ma vie. Je ne l'ai jamais revu, pas même pour qu'on s'explique. Il m'a renvoyé mes affaires sans chercher à me revoir et moi j'ai voulu jeter les siennes, avant d'envisager de les donner à des associations. Finalement je les ai lavé et je n'ai jamais trouvé le courage de les donner. Jusqu'à aujourd'hui. J'étais sûr d'avoir fait mon deuil, d'avoir tourné la page.

- Oui, longue histoire. Il était moins large d'épaule mais faisait un peu près ta taille, ça devrait faire l'affaire. Bouge pas.

Je me dirigeais vers ma chambre et ressorti le carton que j'avais caché dans mon placard. Je pris un pantalon noir et une chemise blanche, qu'il m'avait demandé d'emmené chez le pressing deux jours avant qu'on ne se sépare, dommage pour lui, tant mieux pour Taron. Puis je retournais dans le salon victorieuse.

- Je te pose ça là, mais avant je vais te faire ton pansement.

Il m'observait sans rien dire, analysant le moindre de mes faits et gestes. Comme la veille, je pris soin de nettoyer sa plaie et de refaire une compresse. Mais alors que je relevais la tête, ses yeux vinrent plonger dans les miens, comme s'il tentait de me décrypter. Le peu de distance entre nous, me troubla. Je me surpris même à frissonner.

- Est-ce que tu veux en parler ? Me demanda t-il soudainement.

- Franchement ? Il n'y a rien à dire. Un grand classique, j'étais fiancé, il m'a trompé, on a rompu et je ne lui ai pas rendu ses affaires pour me venger. C'était puéril mais sur le moment, c'est la seule chose que j'ai trouvé intelligente de faire, pour me défouler. Finis-je par dire amusée, me rendant compte que c'était complètement débile.

- C'est un idiot, il ne te méritais pas et il ne sait pas ce qu'il rate. Finit-il par dire en soutenant mon regard.

- Merci, c'est gentil. Dis-je en mettant la compresse sur sa blessure.

- Et avec ton docteur c'est sérieux ?

Je me figeais sous sa question et détourna mes yeux pour ne rien laissait transparaître.

- Il s'appelle Conrad ! Lui rappelais-je gentiment. J'en sais rien, on apprend à se connaître. C'est difficile à dire, j'ai dû mal à faire confiance. Alors je préfère vivre au jour le jour et ne plus me projeter.

- Pardonne-moi, encore pour l'autre jour. Je n'aurais jamais dû faire ça, c'était crétin de ma part. Souffla t-il en détournant la tête vers la fenêtre du salon.

Je ne répondis pas et finis de faire son bandage. Repenser à ce baiser, me mettez hors de moi. J'aurais tellement voulu que les choses soient différentes. Qu'il ne le fasse pas pour le travail, mais parce qu'il en avait envie. Une fois terminé, je m'enfermais dans la douche avec mon pincement au cœur. Taron, en profita pour boire son thé.

PDV de Taron Egerton

Qu'est-ce qui m'arrivait ? Pourquoi n'étais-je pas capable de lui dire ce que je ressentais pour elle, depuis le début ? Probablement parce que je me l'interdisais. Je suis un agent et Harry m'avait bien fait comprendre que les sentiments n'avaient par leur place dans ma vie. C'était pourtant plus fort que moi. Quand je l'avais vu se défendre dans cette ruelle, et que j'avais vu cette arme, qu'elle même n'avait pas anticipé, j'ai eu peur et pourtant je n'en ai pas perdu de vue mon objectif pour autant. Se pourrait-il qu'Harry se soit trompé ? Je repensais à notre conversation d'hier, elle avait raison après tout, à sa place j'aurais tout fait pour savoir. Il fallait donc que je la conduise jusqu'au KG et que je lui présente Harry et Merlin. Après tout, ils seront obligés de parler et ne pourront plus faire marche arrière...

Kingsman : Mission à haut risque ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant