Chapitre 15

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Rahim
Aujourd'hui, je dois déjeuner chez ma Safie afin de rencontrer ses parents.
Avant, il faut que j'aille voir mes sœurs pour leur parler de mon intention de la prendre pour seconde épouse.
Je ne fais rien sans leurs consentements mais je sais qu'elles seront ravies. Elles ne veulent que mon bonheur.

Nous sommes une famille de trois, Habi notre aînée qui nous a élevé après le décès de nos parents, moi et Ramata.
Elles vivent toutes les deux à la maison familiale, aux Parcelles Assainies, avec leurs familles respectives.
Habi a perdu tôt son mari, et depuis elle ne s'est pas remariée.
Quant à Ramata, elle n'a pas voulu rejoindre son domicile conjugal pour des raisons qu'elle juge personnelles.

Je me lève du lit en y laissant ma femme et entre dans la salle de bain.
En y pensant, elle m'a vraiment surpris hier quand je lui ai annoncé vouloir prendre une seconde épouse. Moi qui pensais qu'elle allait me faire un scandale, bizarre!

Quand je finis de me préparer, elle était toujours au lit. Je décide alors que j'allais prendre le petit déjeuner une fois chez mes sœurs.
Je lui laisse un mot et sort de la maison. Elle sait que d'habitude les samedis, si je ne suis pas au cabinet, je suis à la maison familiale.

À peine je pénètre la maison que ma nièce Hawa saute sur moi.
On dirait un bébé alors qu'elle vient d'obtenir son baccalauréat.

Elle: tonton adoré, comme tu m'as manqué!

Moi: rires, tu m'as aussi manqué ma filleule, mais détaches-toi ou tu risques de m'étouffer.

Elle est folle cette fille, disait sa mère Habi à l'autre bout de la véranda où elle était assise avec Ramata.
Nous éclatons tous de rire.

Ramata: dis tu es matinal toi, où est ta femme?

Moi: n'ai-je pas le droit de venir rendre visite à mes sœurs adorées?

Habi: laisse la parler et viens t'asseoir, à mes côtés, que je te serve le petit déjeuner.

Moi: voilà qui est une bonne soeur. Rires

Ramata: "yéna kham deh" (c'est votre problème)

Après avoir mangé et demandé après toute la famille, j'entre dans le vif du sujet:

moi: bon si je suis le c'est pour vous parler d'une décision que j'ai prise.
Au fait il y a moins de quatre mois j'ai fait la rencontre d'une jeune fille, elle s'appelle Safietou Ly.
Le courant est vite passé et nous avons commencé à nous fréquenter. J'ai vu en elle des qualités qui me plaisent énormément.
Et comme vous savez que je ne marche jamais dans des futilités, j'ai décidé de la prendre comme épouse.
Mais, je devais d'abord vous en parler avant de voir ses parents.

Habi: Alhamdoulilah, tu me montres de jour en jour que je n'ai pas failli à ton éducation. Tu pouvais aller te marier sans pour autant nous en parler, mais non.
En tout cas moi, tu as tout mon soutien.

Ramata: un homme responsable devrait toujours se comporter de la sorte.
Et comme le dit Ramata, tu as tout notre soutien. Ton bonheur est le nôtre.

Moi: je savais que je pouvais compter sur vous.

Habi: nous serons toujours là pour toi.
Et ta femme?

Moi: au début, quand elle a su que je fréquentais Safie, elle m'a amené tout un tas de problèmes. Mais lorsque je lui ai parlé de ma décision hier, elle m'a donné son accord, disant que j'avais droit jusqu'à quatre femmes.

Ramata: bizarre, ta femme ne fait jamais quelque chose pour rien. Tu as intérêt à faire très attention si tu veux que ton projet aboutisse.

Moi: arrête toi aussi sœurette, je sais qu'elle est pleine de défauts mais ne fait jamais semblant.
D'ailleurs j'aimerai bien qu'un jour vous arriviez à enterrer la hache de guerre.

Habi: oublions cette histoire, c'est du passé.
Le plus important est que tu sois heureux.
Dis, tu passes la journée?

Moi: non, je dois déjeuner chez ma future "niarel"(seconde épouse)

Ramata: hi, tu es vraiment engagé Rahim!

Elles éclatèrent de rires.

Je vais même pas vous répondre (en me levant).
Lorsque vous la verrez, vous saurez pourquoi je suis aussi engagé.

Habi: rires, tu nous l'amènes quand?

Moi: bientôt.
Bon, j'y vais. Je vous appelle ce soir, bonne journée.

Elles: by...

Betty
J'ai entendu dire que le copain de Safie viendra déjeuner tout à l'heure à la maison.
Et bien, ça va chauffer lorsque mes parents sauront que leur futur gendre n'est autre qu'Abdou Rahim Guissé, un "maabo"(casté)
Vous vous demandez sûrement comment je l'ai su. Et bien, au Sénégal, il y a des noms de famille des qu'on les entend, savons où ils appartiennent.
Nous sommes des "Toroodos" et qui connaît bien le système des castes chez les "toucouleurs" doit savoir que nous ne nous mélangeons jamais aux autres castes.
Safie ignore que mes parents n'accepteront jamais qu'un casté épouse leur fille. Rien que pour cela, j'ai pitié d'elle.
Mais qu'on se dise la vérité, elle n'a vraiment pas froid aux yeux. Comment peut-elle se permettre de fréquenter cet homme qui est déjà marié. J'ai pitié de sa femme.
Je ne la connaissais pas aussi osée ma soeur, elle que mes parents considèrent comme un ange!

Attendons de voire!

Safie
Cherif m'a vraiment énervée tout à l'heure. Qu'il peut être culotté!
Mais il ne va surtout pas gâcher ma journée.
J'entre dans la cuisine et m'affaire dans la préparation du déjeuner.
Je vais préparer le plat préféré de Rahim "attiéké" (met traditionnel ivoirien à base de manioc).

Lorsque je termine la cuisson, je décide d'aller prendre un bain avant que Rahim ne soit là. Je m'habille d'une taille basse en wax qui m'allait très bien.
En sortant de ma chambre, j'entends des voix dans le salon. Donc j'en déduis qu'il est arrivé.
J'y entre et le trouve tranquillement assis entrain de discuter avec Laye. Mes parents quant à eux étaient silencieux. Bizarre, eux qui étaient d'habitude d'une courtoisie extrême.
Je le salue et retourne dans la cuisine.

Après que j'ai fini, nous déjeunons dans une bonne ambiance. Papa, Laye et Rahim ne cessaient de me complimenter.
Par contre maman avait le visage serré, ce qui faisait la joie de Betty qui ne cessait de sourire.
Je me demande bien ce qui a bien pu se passer?

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