Mon Idéal

Chapitre 21

Rahim
Je rentre à la maison tout joyeux, moi qui étais tout le temps de mauvaise humeur ces derniers jours.
Safie me fait tellement d'effets!
Comme convenu, je parlerais de nouveau à son père même si je redoute la réaction de ce dernier. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien.
Cependant, il faudrait d'abord que je l'appelle afin de fixer un rendez-vous étant donné que je ne voudrais pas débarquer chez eux de risque de me faire humilier une fois de plus.
Je compose son numéro le cœur battant. Il décroche à la deuxième sonnerie.

Lui: Allô!

Moi: bonjour Papa, Ly!

Lui: bonjour, kokou ( c'est qui?)

Moi: Abdou Rahim Guissé

Lui: Àh Guissé, Guissé (l'air surpris)!
Comment tu vas? Ça tombe bien que tu m'aies appelé, j'avais  vraiment besoin de te parler.

Moi: Je vais bien Dieu merci.
Ah oui! Moi aussi j'avais besoin de te parler. C'est d'ailleurs la raison de mon appel histoire de voir si je pourrais passer à la maison. Si oui, quand?

Lui: bien sûr, tu peux passer quand tu voudras mon fils. Je suis à la maison.

Moi: merci Papa, je passerai ce samedi alors.

Lui: Incha'Allah (s'il plaît à Dieu) Guissé.

Moi: Incha'Allah.
Merci et bien des choses à la famille (en raccrochant).

Bizarre! Que peut bien me vouloir le père de Safie, puis il m'a appelé mon fils.
C'est bon signe en tout cas.

Bref il faut que j'aille prendre un bon bain et m'allonge un peu en attendant la venue de ma femme.

Boubacar Ly
J'étais assis dans la véranda avec ma femme et mon fils quand je reçois un appel d'un numéro inconnu.
Je décroche et c'est Abdou Rahim Guissé.
Quand j'ai prononcé son nom, ils étaient tous les deux surpris et me regardaient bizarrement.

Je finis de parler avec lui et demande à Abdoulaye d'aller appeler Safie.
Si vous voyez le regard que m'a jeté ma femme avant de se lever et disparaître.

...: Papa, m'as-tu appelé?

Moi: oui ma fille, assoie toi stp.

Elle s'exécute.

Moi: tu sais ma fille, je sais ce que tu ressens en ce moment même si tu essaies de montrer le contraire.
Tu nous en veux à maman et à moi d'avoir refusé d'accorder ta main à Rahim et tu as parfaitement raison.
Nous n'aurions jamais dû réagir de la sorte moi en particulier.

Elle: Papa,  je m'excuse d'abord d'avoir été distante avec vous ces derniers jours.
Je ne vous en veux pas parce que vous refusez d'accorder ma main à l'homme que j'aime sous prétexte qu'il est casté.
Par contre, je vous en veux de ne m'avoir jamais parlé de ces traditions.
Si vous m'en aviez parlé plutôt, je ne me serais jamais engagé avec un "casté".
Je sais aussi qu'on ne commande pas son cœur à choisir la personne à aimer, mais j'aurai au moins lutté contre cet amour pour ne pas en souffrir comme je le fais aujourd'hui.

Moi: tu as parfaitement raison ma fille. Nous sommes vraiment passé à côté concernant ce sujet comme la plupart des parents d'ailleurs.

Elle: oui papa, je ne suis pas contre tous ces parents qui, soi-disant, respectent les traditions, mais il faudrait qu'ils soient beaucoup plus ouverts par rapport à ce sujet avec leurs enfants. Qu'ils leur donnent leurs opinions et les mettent en garde tôt.

Moi: tu es tellement ouvert d'esprit ma fille et je sais que si nous t'en avions parlé, on ne serait pas dans cette situation aujourd'hui.
Et c'est pour me racheter que j'ai décidé de parler avec Rahim.
S'il tient toujours à faire de toi sa femme, je vous accorderai ma bénédiction incha'Allah.
Car vois-tu ma fille, nous sommes tous semblables aux yeux de Dieu étant tous des descendants d'Adam et d'Eve.

Elle: tu es sérieux Papa! (en ouvrant gros les yeux)

Moi: oui Thiat, je suis plus-que serieux.

Elle: et maman dans tout cela?

Moi: ne t'en fais pas la concernant. Elle reviendra bientôt à de meilleurs sentiments.

Elle se lève, me prend et me serre fort dans ses bras en me disant: merci Papa, je t'aime tellement.

Moi: je t'aime aussi ma fille, tu es ma raison de vivre et pour moi, ton bonheur vaut tout l'or du monde.

Elle: merci, merci... Papouné!(en me faisant des bisous).

Alhamdoulilah j'ai retrouvé ma préférée!

Safie
Cela ne me surprend guère que Papa soit revenue sur sa décision.
Après tout il était sous l'influence de maman qui croît trop à ces histoires à dormir debout.
Pourvue qu'elle aussi revienne à de meilleurs sentiments et accepte enfin mon Rahim.

Je retourne dans ma chambre et compose le numéro de "mon idéal"
C'est à la troisième sonnerie qu'il décroche.

Moi: Amour devine!

...: mon mari dort, si tu as un message je pourrai bien le lui transmettre à son réveil?

Je ne dis rien, mais elle continue

...: qu'est-ce qu'il a, as-tu perdu ta langue petite garce?
Quand auras tu la grandeur de laisser le mari d'autrui, en l'occurrence le mien tranquille?

Quoi! Elle vient de me traiter de grâce?
Non il ne faut surtout pas que j'entre dans son jeu et par respect pour Rahim, je vais laisser passer.
Mais je décide quand même de la narguer:

moi: Il n'existe guère de mari d'autrui "Awo bourou keureum"(première épouse)!
Et oui j'ai un message, dis à "notre homme" de me rappeler à son réveil car j'ai une bonne nouvelle à lui annoncer (en prenant le soin d'insister sur notre homme).

Elle: espèce de...

Avant même qu'elle ne termine sa phrase, je raccroche le téléphone.

Elle ne va surtout pas me gâcher ma joie.
Je compose alors le numéro de Jeanne, il faut absolument que je lui raconte.
Vous vous demandez sûrement qui c'est! Et bien Jeanne Tavares est ma promotionnaire de l'Université.
Elle et Astou sont mes seules amies.
On s'est connus elle et moi en première année et depuis on partage beaucoup de choses.
Après la licence, elle était retournée chez elle au Cap Vert suite à la maladie de sa mère qui va maintenant très bien.
Elle est revenue récemment  espérant trouver du travail.
Jeanne connaît toute mon histoire avec Rahim puisqu'on n'a jamais cessé d'être en contact.
Son téléphone sonne dans le vide, elle est sûrement occupée.
Bon elle va rappeler.