Karasu [Haikyuu!!]

Chapitre 2: Kageyama ou les amis d'enfance, c'est pas toujours facile

Le discours du proviseur ne fut pas vraiment transcendant. Disons même que cela n'avait pas valu celui de l'année de troisième de la jeune fille, où le directeur leur avait plus souhaité de survivre que de passer une bonne année, avant de tomber dans les marches de l'estrade car un de ces lacets s'était défait. Il s'en était sorti indemne mais personne ne l'avait laissé oublier cet épisode de l'année entière. Dans sa grande bonté, Kunimi avait même filmé la scène et la lui avait envoyée pour qu'elle puisse en rire quand elle ne se sentait pas bien. Un ange ce garçon (qu'il valait mieux avoir dans son camp quand même).

Enfin bref, pour en revenir à celui de cette année, le proviseur n'avait eu de cesse de leur rappeler que la discipline et la détermination faisaient beaucoup dans la réussite d'une scolarité, provoquant un soupir global des secondes. Il avait aussi insisté sur la réputation de l'école, comme quoi les élèves étaient les représentants de Karasuno et devaient prouver à chaque instant son excellence. En soit, un discours somme toute très banal, dans la veine qu'elle attendait. Il avait conclu en leur souhaitant un bon premier semestre. Tamora priait déjà pour un bon emploi du temps, avant de penser aux cours et à leurs soucis.

Puis, ce fut un important mouvement de foule pour rejoindre leurs salles de classe respectives. Tout le monde semblait assez excité de démarrer cette année, quand notre héroïne n'avait qu'une idée en tête: retrouver son meilleur ami. On aurait pu croire qu'elle l'avait rencontré pour assister au discours depuis le temps . Or, elle était arrivée juste, très juste, et avait dû rejoindre sa classe, la seconde cinq. Malheureusement, ils avaient donc été séparés, lui étant en classe de seconde trois. Cela ferait presque pensé à une histoire d'amants maudits, si Tamora ne ressentait pas des envies de meurtres à son égard. C'était peut être un peu extrême? Tant pis. Elle avait la rancune tenace, et son "Non" catégorique de ce matin restait en travers de sa gorge.

Elle finit par le repérer, enfin, dans cette marrée humaine. Ses cheveux bruns, sa peau pâle, et le mini-détail de sa taille d'un mètre quatre-vingt aidaient à le retrouver. Il n'allait absolument pas vers sa classe, mais plutôt vers la machine à briquettes de lait et autres boissons. La jeune femme eut une tête blasée. Bon, c'était pas cette année qu'il allait être plus concentré en cours. Elle leva les yeux au ciel, avant de s'approcher de lui d'un pas décidé, tout en étant le plus discrète possible. Elle allait tenter de lui faire peur. Elle allait même totalement lui faire peur d'ailleurs, pensa-t-elle. C'était le but recherché ici.

Tamora arriva à deux mètres de lui et, décidant que la distance était suffisante pour l'inquiéter, plaça ses mains en porte voix pour hurler:

- Kageyama Tobio, espèce de traître, de félon, lâche cette briquette de lait!

Le jeune homme manqua d'exploser ladite briquette dans sa main à cause d'elle et se mit à grommeler dans sa barbe. Tamora eut un sourire satisfait, alors que son meilleur ami se retournait et dardait son regard bleu nuit sur elle.

- Je la cassais, tu la repayais tu sais ? grommela Kageyama. Ça va pas nan ?

- Je t'ai fait peur hein ? répliqua la jeune fille avec un ton un peu taquin.

Le brun fronça les sourcils, agacé. Il devait actuellement maudire tous les ancêtres de Tamora et tout ce qui allait avec. Elle en avait l'habitude. Leurs caractères diamétralement opposés faisaient qu'ils se chamaillaient souvent. Cela ne les empêchait pas de se soutenir mutuellement et d'être là dans les bons comme les mauvais moments.

- Tu ne m'as absolument pas fait peur, c'est impossible de te louper avec une tignasse comme la tienne. Par contre, je tiens à mes oreilles, idiote, donc ne recrie plus jamais comme ça.

Bon, il était vrai que sa « tignasse », comme il l'avait définie, était assez voyante. Les cheveux blonds vénitiens n'étaient pas si fréquents que ça au Japon, merci à l'ascendance suédoise de sa mère. En revanche, ses yeux marrons caramels restaient relativement communs, donc ça lui permettait de ne pas trop sortir du lot.