(je commence à rattraper mes chapitres d'avance, alors je vais sûrement espacer le rythme des updates)
Bonne lecture !
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Durant les trois premières semaines, William a observé. Ils n'ont pas parlé, ou pas beaucoup. William n'a jamais été un bavard.
Il a donc observé en silence, et a remarqué trois choses qui lui ont paru importantes.
La première, c'est qu'Octavius déteste la nourriture que les soigneurs lui donnent. Le poisson mort, ce n'est définitivement pas son plat préféré. Il leur lance les cadavres dessus quand ils passent près de son bassin, et ça le fait bien rigoler. William s'est longtemps demandé ce qu'une créature pareille pouvait bien ingérer au fond de l'océan. Puis il est venu à la conclusion qu'il ne le saurait sûrement jamais, étant donné que personne n'avait jamais découvert leur existence avant aujourd'hui.
La seconde, c'est qu'Octavius prend un malin plaisir à se moquer des humains. William l'a déjà vu faire semblant de parler aux poissons, simplement afin de faire croire à tout l'aquarium qu'il était capable de les comprendre. Tout le monde s'est extasié sur cette capacité pendant des semaines, et la sirène a tellement ri qu'il en a oublié de lancer sa nourriture sur les soigneurs.
La troisième, et la plus importante, c'est qu'Octavius se sent vraiment seul. Il paraît menaçant, presque méchant, un peu impertinent parfois, mais au fond il n'y a qu'une créature vivante coincée dans un bocal géant. Si au début il n'a parlé à personne, une fois William près de lui il n'a cessé d'ouvrir la bouche. De tout, de rien, mais certainement pas des choses qui importent. Rien sur lui ou sur sa vie dans la mer, mais beaucoup sur tel ou tel visiteur qui ne lui a pas plu.
Parfois, Octavius lui paraît si humain qu'il oublie tout le reste. Et parfois, Octavius lui paraît si surnaturel qu'il peine à le voir autrement que comme une créature incroyable.
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Quand William sort de chez lui, il a déjà une bonne vingtaine de minutes de retard.
Ses cheveux négligemment attachés en un chignon désordonné, il marche rapidement le long des ruelles bondées de sa ville. Le début d'après-midi est très chaud, presque étouffant, et il fait deux arrêts pour contempler la mer qu'on peut apercevoir au-dessus des maisons. La ville est en pente vers l'ancien port, pleine d'escaliers en pierre et de maisons jardins.
Il arrive au petit café avec trente-trois minutes de retard. Ce que Mika lui fait immédiatement remarquer.
– Tu as trente-trois minutes de retard, dit-elle en haussant un sourcil quand il s'installe, hors d'haleine, sur la chaise libre à leur table en terrasse.
Ce café-là ne donne pas sur l'océan, ainsi il est bien plus facile d'y trouver de la place. Et bien sûr, les prix des boissons suivent le même chemin.
– Désolé, répond-il, presque penaud.
Mika l'observe avec un air irrité qu'il lui connaît bien, et Blaize boit sa boisson au concombre en silence, presque perdu dans ses pensées.
– J'étais...
– En train de lire, oui on sait.
Mika hausse les épaules. Puis soupire, et là William sait que tout est oublié. Elle pousse vers lui un verre de jus de fruit, qu'il ne reconnaît pas immédiatement. De l'orange ? De la clémentine ? Ça n'a pas vraiment d'importance, au final.
Il l'accepte volontiers et descend la moitié pour soulager sa gorge sèche.
– Ça fait un moment qu'on t'a pas vu, remarque Blaize en revenant vers eux. Killian me le dit presque tous les jours.
William fronce les sourcils, et soulève distraitement son t-shirt afin de laisser passer l'air. Une brise traverse la rue, et il frissonne de bonheur.
– Tu le vois tous les jours ?
– Ouais. On travaille ensemble.
– Depuis quand ?
– Au moins deux mois.
Cette fois, une grimace déforme les traits de William et il ressent le besoin de s'excuser. Il n'a déjà pas beaucoup d'amis, mais si en plus il se met à les ignorer...
– Te fais pas de bile, on sait que t'as des horaires chiants.
Mika sourit soudain, presque avec fourberie. Elle pose ses lèvres rouges sur sa paille pleine de rouge à lèvres, puis lève sur lui un regard coloré par son maquillage orange. De beaux traits, pour ce que William y connaît.
– Oui, et surtout on sait que t'es dévoué corps et âme à ta sirène.
Dans sa poitrine, son cœur loupe un battement. Il serre ses doigts autour de son verre et fronce les sourcils.
– Qu'est-ce que tu veux dire ?
– Oh, allez. Je sais que t'es responsable de l'entretien et tout, mais tu ne vas pas me faire croire que t'es pas au courant de la rumeur. L'aquarium a doublé ses entrées depuis qu'ils ont engagé ce type là, pour faire la sirène. Super convaincant, d'après ce qu'on dit. Et super canon.
Elle bat innocemment des cils, et Blaize fait un « oh » avec sa bouche. Ils s'échangent un regard.
– Alors, dit Blaize. T'as eu son numéro ?
– Quoi ?
– C'est pour ça que tu nous vois plus ? Tu vois quelqu'un ?
William se rembrunit, ce qui fait sourire Mika. Elle pointe l'un de ses longs ongles peints en rouge sur lui.
– Mon petit William, tu sais que je t'adore. Et tu sais aussi ce que je pense de ton vœu de chasteté.
– Je n'ai jamais fait vœu de chasteté.
– Ah ouais ? On dirait pas.
Il soupire, et porte son verre à ses lèvres. Un serveur vient les voir pour leur demander s'ils veulent manger, et Mika manque de s'évanouir en affirmant qu'elle est affamée. Ils commandent tous la même chose que d'habitude.
– Vous savez très bien ce que je pense de tout ça, souffle William, presque gêné.
– On sait ce que tu penses du sexe, répond Blaize. Nuance. Ça n'empêche rien, tu peux te trouver quelqu'un pour qui ça n'aurait pas une importance capitale. Alors, ce mec ? Tu l'aimes bien ou Mika se fait encore des plans sur la comète ?
Cette dernière lève les yeux au ciel, et William se mord la lèvre. Il pense à Octavius, à ses yeux tantôt verts, tantôt rouges, à ses épaules et à ses cheveux bouclés. À son expression affamée, et à la manière dont ses doigts ont effleuré sa peau, quelques jours plus tôt.
À l'intonation de sa voix, quand il prononce son prénom.
Il finit par détourner le regard vers un gars qui passe tranquillement en vélo, et Blaise sourit largement.
– Oh, je vois.
Comme si son silence est la meilleure réponse possible.
– C'est génial, articula Mika en tendant sa main vers Blaize afin qu'ils se fassent un « top-la ». Vraiment trop génial.
– Les plats arrivent, fait remarquer William en voyant revenir le serveur. Ça vous fera un autre sujet de conversation.
Mika plisse les yeux.
– Tu t'en tireras pas aussi facilement, beau brun, le prévient-elle. Avec Iris, on vient à l'aquarium demain après-midi, histoire de voir tout ça de nos propres yeux. J'espère qu'il est aussi canon qu'on le dit, ça serait dommage de se déplacer pour rien.
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Des bisous !
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Cher à mon coeur
Fantasía| Boy's love | Histoire terminée | William est ce qu'on appelle un spectateur. Il observe sa vie, sans vraiment la vivre, et se perd dans les romans qu'il dévore chaque nuit. La journée, il travaille dans le grand aquarium de sa ville, et voit les...