Cher à mon coeur

𝟗 | 𝓷𝒆𝓾𝒇

(je commence le boulot demain, j'aurais donc beaucoup moins de temps pour écrire et pour poster, mais l'histoire est bientôt terminée de toute façon ^^)

Bonne lecture !

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Après l'incident avec Octavius, les visites à l'aquarium baissent pendant une semaine.

Tous les matins, William se rend à l'aquarium la peur au ventre, en se disant que ça y est, c'est le jour. Qu'il va trouver des dizaines de journalistes devant la porte, que David va être emmené par la police, et qu'Octavius sera enlevé par des scientifiques qui se battront pour l'avoir.

Qu'ensuite, le monde tombera certainement dans le chaos, à la chasse à la sirène.

William marche plus lentement, ne se rend plus au bord du bassin avant de prendre son service, et part de l'aquarium sans même prendre le temps de discuter avec Monica qui lui répète tous les matins à quel point il a l'air fatigué, et à quel point sa nièce est super et que s'il acceptait de la rencontrer au moins une fois...

William n'écoute pas : il nettoie, évite d'observer, de lever la tête, de respirer. Il se fait petit, cache son grand corps derrière son balai et sa combinaison bleue.

Les visites baissent, les gens parlent. Les rumeurs vont bon train pendant un jour, deux jours, trois jours. Finalement, Mika arrête de le harceler de message au bout de cinq jours.

Il fait chaud, les journées sont longues, et William court ; il se démène jusqu'au port, ignore sa respiration sifflante et son estomac qui se tord. Il vomit deux fois dans une poubelle, deux jours d'affilés. Les passants ont l'air dégoûtés, mais personne ne dit rien.

La mamie du port est toujours là, avec son air à la fois triste et apaisé, et son livre posé sur ses genoux. Parfois elle lit, parfois non, ça dépend de l'heure. Elle finit toujours par pleurer quelques larmes. Plusieurs fois, William hésite à aller s'asseoir à côté d'elle quelques minutes. Il ne le fait pas.

Au bout d'une semaine, les visites reprennent.

Les visiteurs reviennent, d'un coup, comme si une fois le dimanche passé il n'y a plus de raison d'avoir peur. Ils vont voir la belle sirène, pointent du doigt les poissons colorés, et se baladent dans les grandes galeries.

La vie reprend son cours au bout d'une semaine, et William ne comprend pas.

C'est étrange comme les choses qui nous paraissent les plus importantes sont finalement insignifiantes aux yeux des autres. Pour beaucoup, Octavius n'est que le beau garçon qui se déguise en sirène et qui peut tenir longtemps sans respirer sous l'eau.

Pour William, c'est différent. Parfois, son existence lui paraît si essentielle qu'elle s'apparente à l'air qui passe par sa bouche et qui emplit ses poumons. L'eau qu'il boit, la nourriture qu'il mange. Capital, fondamental. Une chose ancrée en lui, dont il ne peut plus se passer.

Et parfois, il regarde la mer, et le sentiment disparaît. Il est allongé sur son lit, fixe son plafond, écoute les bruits de la rue, et se souvient que sa vie avait un sens, avant son arrivée. Qu'avant Octavius, il y avait quelque chose.

C'est difficile, mais il y arrive.

Puis il part pour l'aquarium, et William replonge dans l'eau à la fois chaude et glacée, terrible et magnifique.

Primordiale, décisif, déterminante.

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En arrivant le lundi, William trouve Théodore dans les vestiaires. Ce dernier semble l'attendre de pied ferme, les sourcils froncés et la jambe agitée : il redresse la tête à son approche, et se lève. Son teint est un peu pâle pour la saison.