Bonne lecture !
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Il fait chaud, même à cette heure-là. Le soleil s'est couché trente minutes plus tôt, mais la nuit les températures ne descendent même pas. Blaize sent la sueur qui dévale son torse, et ignore volontairement ses joues rouges et ses cheveux humides.
Devant lui, Killian lui sourit avec un air amusé.
– Alors, t'abandonnes ?
– T'aimerais bien, hein ? Mon cul ouais, joue et boucle-là.
Un haussement d'épaules, et le ballon de basket continue de rebondir sur le sol. Le son résonne dans les rues vides, et contre les arbres de ce petit parc. Il est vide, tout comme les quatre terrains qui les entourent : il n'y a qu'eux, leurs respirations hachées, et le ballon un peu sale de Killian.
Ce dernier s'élance, et Blaize glisse sur le sol dans ses vieilles chaussures. Il grimace, jure, et s'élance à la poursuite de celui qui vient de le dépasser. Le panier lui paraît soudain beaucoup trop proche, et sa poitrine en feu lui fait comprendre que son corps en a marre.
Il tente pourtant le tout pour le tout dans un sprint qui lui retire ses dernières forces, et rattrape Killian qui affiche un air féroce pendant une seconde. Il s'arrête, Blaize écarquille les yeux et se laisse entraîner dans son élan.
Killian prend position, tir calmement, et le ballon rentre dans le panier. Un trois-points.
Blaize s'arrête, les mains sur les genoux.
– Espèce de salaud, articule-t-il en toussant, le front plein de sueur et les muscles en feu.
Killian aussi est à bout de souffle. Il essuie ses joues avec son débardeur, et le toise avec un rictus.
– J'espère que tu sais compter. Ça serait con d'avoir à te rappeler que j'ai...
– Que t'as gagné, ouais ouais. Putain.
Il se redresse, et marche avec des jambes tremblantes jusqu'à la parcelle d'herbe où il a déposé son t-shirt et sa bouteille d'eau. Il s'y laisse tomber dans un soupir et en bois les trois quarts. Killian le rejoint rapidement, en lorgnant sur son cou et la peau nue de son torse.
La chaleur l'assomme presque, et Blaize s'allonge dans l'herbe verte. La nuit est silencieuse, de ce côté-ci de la ville.
– C'est dommage que William soit pas venu. Ça fait longtemps que je l'ai pas vu, moi.
Il rajoute avec un sourire en coin :
– Pas que ça me dérange d'être seul avec toi pour une activité physique, m'enfin.
Blaize lève les yeux au ciel.
– Oh, la ferme. Si tu veux tout savoir, on a pas eu de nouvelles depuis un moment. Mika s'est pointée chez lui l'autre jour, et apparemment son appart' était dans un bordel pas possible.
Cette fois, l'expression amusée de Killian disparaît, et il fronce les sourcils.
– William ? Du bordel ? Tu rigoles, ce mec nettoie la table de mon appart' avant de poser son verre. Il est plus maniaque que mon père.
– Ouais, et bah Mika lui a dit à peu près la même chose. Il a rien voulu entendre, et lui a dit que tout allait bien.
Il hausse les épaules, et ouvre à nouveau sa bouteille pour boire quelques gorgées. Le ciel est sombre, sans étoiles.
– Ouais... faudrait qu'on le force à venir un jour. Ça lui ferait du bien de sortir.
– Ça lui ferait surtout du bien de s'éloigner de sa sirène là. Trop chelou ce gars.
– Celui de l'accident ?
– Celui-là même.
Une partie de la ville en avait parlé, pendant un moment. Au détour d'une conversation, au café, lors d'une soirée. Le sujet était apparu, puis avait disparu.
– Mika dit que William est presque obsédé. Elle me harcèle toute la journée pour que j'aille le voir aussi, mais j'ai l'impression qu'il veut pas nous parler. Il répond pas à mes messages non plus, pour ce que ça change. En plus, il sort pratiquement plus de l'aquarium. C'est la dame de l'accueil qui l'a dit à Mika, l'autre jour.
Killian reste silencieux, la moue inquiète. Il lui pique sa bouteille d'eau, et la fixe une seconde avant de la descendre.
– C'est bizarre. Il me manque presque. Si le seul mec un peu sensé de ce groupe part en cacahuète aussi, on est pas dans la merde.
Il se reçoit un coup dans les côtes, et Blaize le fusille du regard.
– C'est pas drôle, putain. Je le connais depuis le collège, et j'ai pas envie qu'il... qu'il fasse une connerie.
– Comme quoi ? Voler des poissons à l'aquarium. Mec, détends-toi.
– Et s'il paraît avec ce mec et qu'on le revoyait jamais ? Si ça se trouve, il se passe un truc pas net : j'ai lu sur internet que les femmes battues se coupaient de leurs amies. Y'a des signes.
– Les femmes battues ? Mais t'as fumé quoi ce soir ? C'est la chaleur ?
– Et pourquoi ça serait si ridicule ? s'énerve Blaize. Tu l'as pas vu depuis un moment, qu'est-ce que t'en sais ?
Killian soupire bruyamment.
– William fait presque 1m90, et il court comme un forcené : il est plus musclé qu'un sportif pro. Tu veux qu'il lui arrive quoi.
– Putain tu me saoules, on peut jamais discuter sérieusement avec toi. Ça veut rien dire ces conneries.
D'un coup, Blaize se lève. Il attrape son t-shirt noir, et le passe sans se soucier de son corps encore transpirant. Mais des doigts attrapent son poignet et la seconde d'après il est de retour sur le sol. Killian approche son visage du sien.
– Je suis désolé, d'accord ? On essaiera de faire un truc pour lui, ça te va ?
Son autre main vient sur son cou, caresse sa peau, et Blaize serre les lèvres en retenant un frisson. Sa colère se calme petit à petit, et il soupire :
– D'accord. Espèce de con, va.
Killian sourit, ses cheveux devenus un peu trop longs coulant presque sur ses joues. Des reflets caramel et une peau mate : son foutu look de surfeur et ses boucles épaisses. Blaize le fixe.
– J'ai envie d'aller sur la plage.
– À cette heure ?
– Pourquoi, ta mère t'attend à la maison ?
Il a encore plus chaud, avec le corps de Killian sur le sien comme ça. Il a envie de se relever un peu, de pencher sa tête, de toucher ses lèvres.
– Crétin. On a qu'à aller faire un tour. Il fait trop chaud pour dormir de toute façon.
– Viens chez moi ce soir.
Killian hausse un sourcil, et ses lèvres s'étirent. Il hoche doucement la tête, s'abaisse un peu, laisse sa respiration caresser le nez de Blaize, les lèvres de Blaize, la joue rouge de Blaize. Il ne fait rien, et se relève.
– C'est demandé si gentiment. Allez, viens-là.
Il lui tend une main, et Blaize l'attrape sans hésiter. La nuit est sombre et brûlante.
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Des bisous !
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Cher à mon coeur
Fantasía| Boy's love | Histoire terminée | William est ce qu'on appelle un spectateur. Il observe sa vie, sans vraiment la vivre, et se perd dans les romans qu'il dévore chaque nuit. La journée, il travaille dans le grand aquarium de sa ville, et voit les...