4. Forêt

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Peter laissa tomber sa bûche.
- C'est quoi ? Demanda l'autre garçon, un certain Nathan.
- Je sais pas !
De nouvelles têtes émergeaient des tentes, et murmuraient entre elles. Puis, un second cri, puis un troisième, résonnèrent.
- ça vient de la forêt, cria Ari en s'élançant sur la plage. Peter la suivit en courant, Carmen, Nathan et Tina sur les talons. Au bout d'un quart d'heure à courir sous les arbres, Ari s'arrêta.
- On entend plus un seul cri, fit Tina, essoufflée. Elle s'assit contre un tronc et reprit son souffle.
Peter n'avait absolument aucune idée de la provenance du cri. Comment Ari l'avait-elle su ?
- Nathan, reste ici avec Tina. Pete et Carmen, vous venez. Déclara Ari en s'enfonçant vers l'ouest, suivie par Peter et Carmen, qui ne cessait de rejeter ses cheveux blonds derrière son épaule en regardant autour d'elle, angoissée.

Peter balaya les environs du regard. A côté de lui, Carmen. A cinq ou six mètres devant, Ari. Derrière, à dix mètres, peut-être, Nathan et Tina. Sans savoir pourquoi, il se sentait opressé. Quelque chose devait arriver. Il respira plus vite, plus fort. Soudain, devant lui, Ari poussa un long cri. Il courut vers elle. Elle était toujours debout, les jambes raides et tremblantes, fixant un point sur le sol devant elle. Carmen arriva, et eut un hoquet : un simple hoquet, puis le silence. Peter regarda à son tour ce qui mettait les filles dans un tel état, et ce qu'il vit ne pouvait être traduit en mots.
La scène était d'une barbarie extraordinaire. Le corps -enfin, les restes- d'un garçon qui avait été gardé dans le premier camp par Alban (son nom était Elliot, se souvint Peter) reposaient dans le fossé en contrebas. Le fossé n'était pas très profond, deux mètres tout au plus, mais les morceaux du garçons n'étaient pas au fond de ce fossé. Ils étaient disposés sur une corniche en pierre, tachée de sang, dans une disposition... A la fois horrible, répugnante et fascinante. En effet, le garçon avait été grossièrement découpé en morceau, et frappé de nombreux coups avant d'être démantelé, à en juger par les bleus qui lui couvraient le corps. Et ensuite, son meurtrier avait reconstitué son corps, et dessiné sur son front l'étrange dessin qui était gravé dans la dalle découverte plus tôt.

Peter prit leurs bras et les tira en arrière.
De retour sur le camp, ils ne dirent rien au sujet de leur macabre découverte. Carmen se dirigea sans un mot vers la tente où se trouvait Louis, le blessé. Ari partit vers une espèce de tour (un assemblage de cabane qui couvraient un pin de haut en bas) sûrement pour faire le point sur les vivres, et Peter se retrouva seul au milieu du camp.
Il décida de retrouver Nathan et Tina, restés en arrière, à qui Ari avait ordonné de rentrer. Inconsciemment, cette dernière s'était improvisée cheffe de leur petit groupe : on lui faisait confiance pour savoir quoi faire, trouver une solution.

Peter vit Nathan qui surveillait Crystal. La jeune fille ramassait du bois en murmurant pour elle-même. Peter choisit de parler au garçon ; qu'y avait-il d'autre à faire ?
- Où est Tina ?
Nathan le toisa, puis déclara :
- Elle est partie chercher du bois avec Sam et Juliette. Pourquoi ?
Peter fut tenté d'éconduire le curieux et de rejoindre Ari, mais il se força à entretenir la conversation : il n'avait vraiment pas besoin de se faire des ennemis dans son propre camp.
- Par rapport à tout à l'heure... Ari vous avait dit de rentrer.
- Les cris ? Quand Tina a arrêté de courir ? Bien sûr qu'on est rentrés.
Nathan haussa un sourcil, puis ajouta :
- Tina est complètement bouleversée. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Puis, voyant que Peter réfléchissait :
- La vérité, s'il te plaît.
- Je ne peux pas. Il faut que je demande à Ari.
Nathan haussa les épaules, et reporta son attention sur Crystal.
Peter, quant à lui, marcha d'un pas vif jusqu'à la tour dans laquelle Ari s'était engouffrée.

Seul avec les autres [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant