5. Livres

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Peter fut surpris.
Il y avait du pain (volé par une certaine Ashley), encore un peu de jambon et de fruits, du manioc, plusieurs gourdes pleines, quelques noix de coco. Pour dix-sept personnes, il y avait de quoi survivre trois jours, en se rationnant.
Ari avait déjà fait l'inventaire, et trié les aliments. Un garçon armé d'un gourdin montait la garde. Il n'était ni costaud, ni spécialement beau, et le gourdin était aussi gros que son bras, mais Peter était sûr qu'il n'hésiterait pas à s'en servir. Il était du genre loyal, à en juger par la façon dont il surveillait Peter.

Peter monta dans les étages. Plus haut, il y avait une sorte de cuisine où s'affairaient Jean et une fille aux longs cheveux noirs. Ari semblait être passée par là aussi : tout était en ordre, et une marmite en fer (volée, elle aussi) était remplie d'eau. Ils avaient trouvé un système génial pour faire cuire les plats : une caisse en fer, réalisée avec des bouts de cabane volés, qui permettait de faire un feu sans brûler la tour.
Peter continua à monter.
Au-delà, il y avait surtout des chambres, et une salle de bains. La pièce d'eau se trouvait tout en haut. C'était à la fois un avantage et un inconvénient : on ne la traversait pas sans cesse, mais acheminer l'eau jusqu'en haut était une vraie galère. Peter était en train de concevoir des plans pour pallier le problème.

Dans la chambre la plus haute, Ari était assise sur un lit, le dos contre le mur, plongée dans un livre. Le bouquin en question avait une couverture pliée et cornée, où des falaises et un jeune homme fringuant étaient représentés. Les pages étaient jaunies et usées à force d'être feuilletées.
- C'est quoi, demanda-t-il.
Elle sursauta, et se reprit bien vite.
- "Arsène Lupin, l'aiguille creuse". De Maurice Leblanc.
- C'est Arsène Lupin, lui ? Interrogea Peter en désignant l'homme sur la couverture.
Elle rit, et parut se détendre un peu.
- Non, c'est Bautrelet, voyons !
Elle montra plusieurs autres livres posés sur le lit à côté d'elle.
- Je n'ai emmené que mes favoris, en particulier "Le mystère de la chambre Jaune", de Gaston Leroux. C'est mon préféré.
Elle tendit un livre encore plus usé que L'aiguille creuse. Sur la couverture, de grosses lettres jaune canari formaient le titre, au-dessus d'un homme en costume à quatre patte devant un autre homme tiré à quatre épingles trimbalant un matériel de photographe.

Ils discutèrent donc...De livres. Peter n'avait jamais parlé de bouquin avec personne, même pas avec Harry. De toute façon, de manière générale, Peter ne lisait pas beaucoup. Alors qu'Ari, elle, semblait toujours plongé dans des histoires de meurtre et d'enquête, que ce soit les aventures de Bautrelet, de Sainclair ou d'Hastings.
Au bout d'une heure, la fille aux cheveux noirs que Peter avait croisée dans la cuisine constitua un brusque retour à la cruelle réalité.
- Ariane, il faut que tu vois Louis... C'est Jason qui...
- Zoé, dis à Jason que j'arrive.
Et ladite Zoé disparu dans l'échelle de corde.
- Comment tu fais pour te souvenir de tout le monde ? Demanda Peter, singulièrement étonné.
Elle haussa les épaules et descendit à son tour.

Seul avec les autres [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant