Chapitre 2

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PDV Nick

Plus tôt dans la matinée


Je n'avais pas vu les heures passées. J'étais resté au bureau pour finir de rédiger mes rapports et l'alarme que je redoutais sonna sur mon téléphone. Il était minuit, on venait de changer de jour, ce jour que je redoutais. Aujourd'hui était le 19ème anniversaire de la mort de Sophia. Elle ne quittait jamais mes pensées. Elle seule m'avait permis de tenir pendant mes 8 années de couverture en Amérique du Sud. Les profs pensaient qu'on était jumeaux, mais je savais au fond de moi qu'elle était mon âme-soeur, et ce jour de l'année était le pire pour moi. Tous les ans, je n'était plus Nick Torres, le beau gosse, l'agent imperturbable. En ce jour, je devenais Nicholas Torres, l'homme qui avait le coeur brisé. Je voulais pouvoir m'enfermer à quadruple tour chez moi et ne pas en sortir jusqu'à ce que cette journée interminable prenne fin. Mais c'était impossible et maintenant que j'étais au bureau devant cette photo, je ne pouvais plus partir. J'étais figé, dans mon monde. Notre monde qu'on voulait se construire. Je n'ai pas fermer l'oeil de la nuit, je me remémorais tous nos souvenirs. Je sentais les larmes coulées sur mes joues mais je n'avais même pas le courage de les essuyer. La lueur du soleil commençait à remplacer celle de la lune sans que je ne m'en rende compte. Quelques minutes, heures, je n'en savais rien, après ce changement, je sentis du mouvement dans notre espace. C'étais surement Ellie, elle et la ponctualité faisait un. Je n'avais pas le courage d'agir comme si de rien n'était, je ne pouvais pas. Ellie, El, était ma meilleure amie. Si je ne lui montrais pas à elle toutes mes facettes, alors à qui? Je savais qu'elle était la seule à pouvoir m'aider. Elle aussi avait perdu l'homme de sa vie, Qasim. Elle me comprenait donc mieux que quiconque dans ce bureau. Je sentais son regard sur moi et je sentis aussi quand elle s'approcha. Parfois je me demandais si elle n'était pas plus que ma meilleure amie mais je mettrai cette pensée de côté. Evidemment qu'elle était ma meilleur ami, ma partenaire, la plus exceptionnelle que je n'ai jamais eu. Et elle m'étonnait tous les jours. Ma seule joie de me lever le matin était de la savoir à son bureau à m'attendre patiemment pour rejoindre Gibbs sur une scène de crime, voir ses grandes boucles blondes autour de son visage. Beaucoup de personnes pouvaient la trouver maladroite, bizarre, certains l'appelait l'épouvantail. Pour moi, elle était tout sauf ça. Elle était...Je ne savais même plus ce qu'elle était pour moi. Jouer par les règles n'était pas mon fort mais la règle n°12, je la comprenais. Qasim et Clay. On avait pu voir les dégâts que pouvait commettre un meurtre sur deux personnes de l'équipe entretenant une liaison. Pour une fois, Gibbs avait raison avec ses foutues règles. Je préférais voir Ellie tous les matins en tant qu'amie, et me priver d'autre chose, plutôt que de nous savoir tirailler par l'envie de s'étriper à cause d'un rouleau de papier toilettes vide sur une scène de crime. Elle finit par me prendre dans ses bras et je posais ma tête sur son ventre. On avait pas besoin de mots, et ça nous arrangeait. On était nul quand il fallait se parler. Pour la première fois depuis 19 ans, cette journée n'était pas si mal. Je voulais qu'elle lise dans mes yeux ma douleur, je voulais qu'elle sache que je lui faisais confiance à ce point. Alors je suis sorti de ses bras et me suis assis sur mon bureau. Je la regardai fixement, j'espérais qu'elle comprendrait. Elle comprit sans doute et rangea le cadre. Elle ne savait pas combien j'avais besoin de ce geste, pour mettre ces pensées de côté. Puis elle avança ses mains vers mes joues et essuya délicatement mes larmes, sans dire un mot. Ils ne servaient à rien entre nous. Je ne voyais plus rien autour de nous, juste nous, ce contact entre nos deux corps, si mince et pourtant si puissant. Je ne compris pas tout de suite pourquoi elle sursauta puis aperçu McGee arriver à son bureau. Elle retourna à mon grand regret au sien. 

McGee: "Alors Nick, on est à l'heure pour une fois?" Il alluma son ordi pendant qu'Ellie s'assit à son bureau.

Torres: " Ouais t'as vu, j'essaie de prendre des bonnes habitudes!" J'essayai d'agir normalement. Si jamais McGee voyait que je ne tournais pas rond, il allait m'envoyer chez Jack, notre psy et c'était vraiment le truc que je détestais le plus.. J'échangeai un regard avec Ellie puis elle ricana doucement.

Bishop:" Bien sûr" elle murmurait en triant des papiers de la veille. "Et toi McGee, pas trop dur les les jumeaux hier soir?" elle leva les yeux vers notre coéquipier senior.

McGee:" Comment leur expliquer qu'à trois ans, on ne vas pas voir Annabelle 3 au ciné?" Un nouveau regard échangé avec Ellie et la crise de fou rire était partie. Sérieusement, il avait montré Annabelle à des enfants de 3 ans? Mais ils sont fous avec Delilah ou quoi? En fait, cette journée s'améliorait. Quoi de mieux qu'un moment privilégié avec sa meilleure amie et un bon fou rire à trois pour égayer vos journées maussades hein? Et dans le collimateur, Gibbs! Je me rassis de suite dans ma chaise. Il m'impressionnait, c'était rare mais lui avait cet effet sur moi. Il s'assit tout simplement à son bureau et nous regarda perplexe. On avait l'air de trois fous sortit d'asile à rire comme ça.

Gibbs:" Pourquoi ce fou rire?" Il regarda McGee. "Alors?"

McGee:"Et bien, on discutait de....ma soirée avec les jumeaux et ...euh...et bien..." Il devenait tout rouge, ça sentait le mensonge pour une soirée avec Delilah très caliente!

Torres: " Arrête de fayoter un peu et de faire le bon papa devant Gibbs, "je me tournais vers Gibbs d'un mouvement fluide dans ma chaise de bureau," il a déjà montré Annabelle à Morgane et John!" Ma voix venait de faire un saut périlleux dans les cieux. J'étais choqué qu'il ait montré ça aux enfants. J'étais leur parrain tout de même. Gibbs me regarda bizarrement puis se tourna vers Ellie. Ma voix était-elle si bizarre?

Bishop:" Vous savez, c'est un film d'horreur avec une sorte de poupée qui porte malheur et qui veut tuer les enfants qui la touche en les possédant?" Il leva un sourcil. "Non? Vous voyez pas? Enfin bon, c'est relaxant pour nous mais pour un enfant de trois ans faut éviter...." Alors là, c'en était de trop. Ma voix qui n'était toujours pas redescendu reprit à la même hauteur.

Torres:" Relaxant pour nous? Mais faut te montrer quoi comme film pour que tu flippes toi? Je sais que les films d'horreur ça te détend mais t'abuses là." Elle me fixa et m'adressa son fameux sourire qui tuerai un homme. Épouvantail, et puis quoi encore, ces gens-là ne l'avais jamais vu c'est impossible.

Bishop:" Et c'est qui la tapette maintenant hein?" Et le fou rire repris incluant Gibbs cette fois-ci. Ellie regarda en direction de son téléphone posé sur son bureau. Il venait de s'allumer mais elle ne le touchait pas. Le fou rire s'estompa un peu puis elle détourna le regard vers la baie vitrée donnant sur Washington. Gibbs aurait dû rétorquer règle n°3 mais un silence pesant tomba sur notre bureau sans aucune raison. A part ce coup de fil.



Règle n°3: Ne jamais être injoignable (Never be unreachable.)

Ellick: Règle n°12 {TERMINÉE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant