Nous n'étions qu'au début du mois d'août lorsque j'arrivai à Londres. Les cours ne reprenaient qu'en début septembre mais la Résidence avait ouvert ses portes depuis fin juillet, et j'avais décidé qu'un temps d'adaptation me serait bénéfique avant le début de l'année scolaire. Située en périphérie de la ville, la Résidence Falkhurst était en réalité une grande propriété composée d'un immense manoir datant du XVIII° siècle, ainsi que d'un vaste jardin qui s'étendait tout autour du bâtiment. D'après mes recherches, tout cela avait un jour appartenu à une riche famille d'aristocrates, les Falkhurst, avant d'être laissé à l'abandon avec l'extinction de leur lignée au XIX° siècle ; et ce jusqu'à ce que de fiers défenseurs du patrimoine culturel Londonien finissent par obtenir la rénovation et la réhabilitation du bâtiment. Le manoir rénové avait alors été racheté par le directeur du Conservatoire Supérieur de musique de Londres, qui avait décidé d'en faire une résidence de luxe pour ses étudiants les plus aisés, ou les plus doués disposant d'une bourse. L'inauguration de la résidence et l'accueil des premiers résidents, qui avaient eu lieu deux semaines plus tôt, avaient d'ailleurs fait l'objet d'un événement médiatique local.
Le taxi qui m'avait conduite de King's Cross à la résidence s'arrêta au niveau du large portail qui marquait l'entrée de la propriété, où deux autres voitures étaient déjà garées. Visiblement, je n'étais pas la seule à avoir choisi d'éviter le feu des projecteurs. Après avoir payé le chauffeur, j'attrapai rapidement mes bagages et franchis le portail, me dirigeant vers l'imposant manoir qui se dressait au bout du chemin. Le résultat des rénovations était pour le moins impressionnant : pour peu que les réverbères qui longeaient l'allée jusque devant le manoir soient un peu moins voyants, on aurait pu se croire de retour au XIX° ! Voyant les deux autres étudiants, loin devant moi, atteindre les grandes portes en bois du manoir, je me mis à courir et manquai trébucher sur ma valise, espérant les rattraper avant que les portes ne se referment. Par chance, l'un des deux autres étudiants m'avait vu me démener avec mes bagages et eu la gentillesse de les retenir pour moi. Je l'en remerciai, et nous entrâmes ensemble dans le bâtiment.
Le large hall d'entrée donnait sur un vaste espace circulaire dans lequel avait été aménagée une petite zone réservée à ce qui semblait être le concierge, un vieil homme bedonnant et moustachu. La troisième arrivante, une grande brune, était déjà en train de se présenter, ce que nous fîmes de suite après elle. Le vieil homme, un certain Mr. Marshal qui désirait se faire appeler Bob, farfouilla un instant dans un tiroir avant d'en sortir trois paires de clés qu'il nous tendit. Il se leva ensuite, et commença à nous faire visiter la Résidence. Sur les côtés de l'espace dans lequel nous nous trouvions s'élevaient deux escaliers qui menaient aux étages. Au fond de cet espace, deux couloirs formant une intersection en "T" conduisaient aux chambres du personnel de la Résidence, à l'infirmerie, et à la buanderie. Au milieu, une ouverture en arc menait directement au réfectoire. Mr. Marshal nous indiqua que celui-ci débouchait encore sur les cuisines, interdites d'accès aux résidents, et surtout sur deux grandes salles communes où l'on pouvait trouver fauteuils et télévisions, elles-mêmes reliées aux étages par d'autres escaliers.
Certaines pièces avaient été complètement transformées. Au premier étage, par exemple, d'anciennes chambres gigantesques avaient été réhabilitées en salles de lecture, salles informatiques, salles de répétitions. Les deuxième, troisième et quatrième étages étaient réservés aux chambres des résidents. Contrairement aux deuxième et troisième étages, réservés aux étudiants qui payaient pour leur présence ici, le quatrième disposait de salles d'eau communes aux résidents, ces chambres étant dédiées à ceux qui, comme moi, ne pouvaient être là que grâce à une bourse.
Le jour commençait à peine à décliner lorsque cette visite guidée prit fin. Après avoir finalement trouvé ma chambre, dont le numéro était gravé sur la clé, je m'écroulai sur mon lit, épuisée.
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Of Lovers Past
General FictionDu haut de ses 18 ans, la jeune Marie Baines a toujours mené une vie simple et ordinaire. Mais depuis son arrivée à la prestigieuse Résidence Falkhurst, des choses inexplicables et inquiétantes ne cessent de lui arriver. À commencer par cet étrange...