6 - Une bonne première impression

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  En arrivant dans le couloir du premier étage, je fus assez surprise de constater que beaucoup de portes -et donc de pièces- avaient disparu. En entrant dans la chambre que m'avait indiqué la jeune domestique un peu plus tôt, et qui se trouvait à peu près au niveau des salles de répétitions du 21° siècle, je compris pourquoi. Cette chambre était immense. À elle seule, elle devait occuper l'espace d'au moins quatre salles de répétitions. Dans le présent, ou plutôt le futur, ces grands espaces devenus inutiles avaient dû être fragmentés pour créer plus de pièces. Malgré tout cet espace, la décoration de la chambre restait assez simple, dans des tons chauds et accueillants de rouge, de bois et de champagne.


La voix de la domestique me tira de mes pensées :

- "Miss Watson, vous voilà ! Comment vous sentez-vous ?"

Me glissant dans la peau de mon personnage, je répondis :

- "Mieux, merci."

Bon, d'accord, j'avais encore du progrès à faire. Cette courte réponse parut pourtant suffire à la jeune femme, qui reprit avec un sourire :

- "Je suis ravie de l'entendre ! Cela a dû être effrayant de se faire attaquer et dépouiller de la sorte ! Ce genre de chose arrive rarement par ici, mais il faut tout de même être prudente lorsqu'on voyage, et d'autant plus si on est une jeune femme telle que vous. Dieu sait ce que ces brigands auraient pu vous faire !"

  Je la regardai avec un sourire contrit, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. Tout en parlant, elle s'était mise à retirer les draps de l'immense lit à baldaquin qui trônait contre le mur sur ma gauche. Pour ne pas rester plus longtemps plantée à la regarder les bras ballants, je la rejoignis et entrepris de l'aider.

- "Vous devez être encore choquée. Pour aujourd'hui, ne vous surmenez pas, et ne vous souciez pas de ce que pourra vous dire Monsieur Georges. Il est le serviteur et le suivant de Monsieur Falkhurst, et nous autres petits employés sommes tous sous sa direction. Cet homme a le cœur dur comme la pierre. Quel gâchis, lorsqu'on a un si beau visage ! Puisque vous venez d'arriver, attendez-vous à ce que ni lui ni Madame Falkhurst ne vous épargnent. Soyez donc bien attentive à ce que je vous montre : Madame Falkhurst aime que les choses soient faites à sa manière, et Monsieur Georges ne rate pas une occasion de nous reprendre."


  Tout en m'expliquant en quoi consistaient nos tâches dans le manoir, et de quelle façon elles devaient êtres exécutées, Mariella (c'était son nom) me dressait le portrait de chaque personne vivant sous ce toit. Selon elle, les domestiques s'entendaient tous à merveille entre eux, et en dehors de Georges et de Madame Falkhurst, je n'aurais à craindre personne. Pour moi, c'était déjà deux personnes de trop, d'autant plus que je ne savais pas combien de temps j'allais rester là. Je l'écoutais parler un peu distraitement en l'aidant à épousseter les grands rideaux de velours rouge, quand mon regard fut littéralement captivé par un élément qui m'avait jusque là échappé. Sur le mur qui faisait face au lit était suspendu un grand tableau, le portrait en pied d'un jeune homme blond, la tête haute et l'air confiant. Je le reconnus aussitôt : cet homme, c'était mon fantôme !

  J'avais dû rester à le fixer la mâchoire pendante plus longtemps que je le pensais, car Mariella se mit à rire en me regardant. Je me ressaisis aussitôt.

- "Ne vous inquiétez pas Amanda, notre Monsieur Falkhurst fait cet effet à toutes les dames ! Et il est aussi bon que beau. Nous attendons d'ailleurs son retour avec impatience : Monsieur Georges nous malmène moins lorsque son maître est dans les parages."

"Monsieur Falkhurst" ? Alors, c'était le nom de mon fantôme ? Et il était ici, en vie ? Non seulement il était vivant, mais il était également "Monsieur Falkhurst", mon "patron", et le maître des lieux. Par contre...

Of Lovers PastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant