J'avais été incapable de me rendormir cette nuit-là. Lorsque j'avais vu la porte de ma chambre grande ouverte, je m'étais jetée dans le couloir, cherchant à prendre l'intrus -car j'étais certaine qu'il y en avait un- en pleine fuite. Mais le couloir était vide, sombre et silencieux. Je m'étais alors ruée dans la chambre et l'avais fouillée frénétiquement, mais une fois encore, il n'y avait personne. Je m'étais alors enfermée à clé et avait attendu le matin, roulée en boule dans mon lit.
Quand à 9h mon réveil avait sonné, j'étais partie me prendre une douche en verrouillant ma porte et en traînant des pieds. Les nuits blanches ne m'avaient jamais réussi, et la douche froide ne me fut pas d'une grande aide pour remettre mes idées en place.
En arrivant au réfectoire, j'aperçus Mélissa et Edgard installés seuls à une table. Tant pis pour leur moment d'intimité, il fallait que je parle à Mélissa. Sa chambre n'était après tout qu'à quelques portes de la mienne au quatrième étage, près des escaliers. Si quelqu'un les avait dévalés en courant après ce bruit assourdissant, elle l'avait forcément entendu. Mais lorsque je lui posai la question, elle sembla totalement perdue.
- "Un gros bruit ? Comment ça ? Je n'ai rien entendu la nuit dernière."
- "Comment t'as pu ne pas l'entendre ? C'était si fort que j'ai bien cru que ça avait réveillé tout l'étage, au moins !"
- "Je suis désolée ma belle. Crois-moi, si je l'avais entendu, je serais aussi sortie pour savoir d'où ça venait, et on se serait vues dans le couloir."
- "On aurait vraiment dit une sorte d'explosion, ou de coup de feu. Ça m'a tellement fait flippé que j'ai pas fermé l'œil de la nuit. Il y avait quelqu'un, j'en suis sûre."
- "Quand je dors je suis une vraie tombe ! Je suis presque sûre qu'une explosion ne m'aurait pas réveillée."
Voyant que sa tentative d'humour pour me détendre avait royalement échoué, elle ajouta :
- "Ecoute, si tu dis qu'il y avait quelqu'un dans ta chambre, alors je te crois, explosion ou pas. Tu aurais dû venir me réveiller, on aurait pu vérifier ensemble, ou aller prévenir Bob, et au moins tu n'aurais pas attendu toute la nuit toute seule. Tout à l'heure, on va ensemble raconter ce qu'il s'est passé à Bob. Il pourra peut-être faire quelque chose, surveiller la résidence la nuit c'est aussi son job. Et si jamais quelque chose comme ça se reproduit, viens me voir, on passera la nuit dans ma chambre."
- "Une pyjama party et je ne suis même pas invité ?" lança Kay, qui venait d'arriver, avec un air faussement blessé. "Qu'est-ce que vous mijotez les filles ?"
- "Quelqu'un s'est incrusté dans la chambre de Marie cette nuit.", l'informa Edgard.
- "Quoi ? Marie, tout va bien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Kay avait posé son plateau et me fixait à présent d'un air sincèrement inquiet.
- "Je me suis réveillée au milieu de la nuit parce que quelqu'un était en train de me parler. Au début j'étais dans les vapes, j'ai pas réalisé de suite qu'il y avait vraiment quelqu'un dans la chambre avec moi. Puis il y a eu ce bruit énorme, qu'apparemment personne n'a entendu, qui m'a réveillée pour de bon. En me levant j'ai vu que ma porte était grande ouverte, mais j'ai trouvé personne, ni dans le couloir, ni dans ma chambre. Le salaud s'est enfui."
- "Bon sang ! J'y crois pas ! Il t'a rien fait au moins ?"
- "Non, je sais pas ce qu'il voulait, mais il a juste parlé. Il m'a pas touché, il a rien volé non plus."
- "Y'a vraiment des barges partout...", soupira Edgar, ce qui lui valut un regard assassin de Mélissa, qui semblait vouloir dire "Tu n'aides pas, là."
VOUS LISEZ
Of Lovers Past
Художественная прозаDu haut de ses 18 ans, la jeune Marie Baines a toujours mené une vie simple et ordinaire. Mais depuis son arrivée à la prestigieuse Résidence Falkhurst, des choses inexplicables et inquiétantes ne cessent de lui arriver. À commencer par cet étrange...