Chapitre 23 : Tellement mal

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Je me réveille et je sais déjà que je suis à l'hôpital. Je la sens, cette odeur typique qui laisse deviner à n'importe qui où il se trouve. Je n'ai aucun doute, mais pourtant j'ai un moment de flottement avant de réaliser pourquoi je suis là. Mes paupières papillonnent lentement, tentant de s'ouvrir et s'habituer à la lumière blanche aveuglante. Quand j'y arrive enfin j'aperçois tout de suite Griffin penché sur mon lit, assis sur une chaise inconfortable, ma main est dans la sienne et il me la serre. Il me regarde, les larmes aux yeux, son regard rouge et gonflé.

Et je me souviens.

C'est une claque. Le coup émotionnel le plus violent auquel je n'ai jamais fait face, un coup plus douloureux encore que ceux, réels, que j'ai déjà reçu auparavant.

Je revois Jason s'écrouler, la scène passe en boucle dans ma tête. Le sang ne quitte pas mon esprit, tout ce sang qui s'est écoulé de sa plaie. Ma vision se brouille. Je vois rouge.

Je commence à trembler. Je regarde Griffin suppliante. J'attends qu'il me dise que l'homme que j'aime va bien, qu'il est dans une autre chambre un peu plus loin et que je pourrais le voir très vite.
Mais quand une larme coule le long de la joue de son meilleur ami, je comprends. Il ouvre la bouche mais je secoue la tête.

« Ne dis rien, ne dis rien, ne dis rien. »

Je répète cette phrase en boucle comme une litanie. Je ne sais pas si je la pense simplement, ou si je la dis à voix haute. Je ne sais pas si je chuchote ou si je crie.

« Ne dis rien, ne dis rien, ne dis rien. »

Griffin se lève et se penche au-dessus de moi attrapant mes épaules pour calmer mes tremblements.

NE DIS RIEN, PITIÉ GRIFFIN, NE DIS RIEN !!

Je sais désormais que je hurle. Je ne peux pas m'arrêter. Je ne peux pas l'entendre me le dire, même si je le sais, je ne veux pas que ses mots rendent la chose réelle. C'est impossible.

― Je suis tellement désolé Aisling, on n'a rien pu faire, il est mort sur le coup.

― NOOON ! TAIS-TOI, TAIS-TOI, TAIS-TOI !!!

Je me débats dans tous les sens alors que Griffin fait de son mieux pour me calmer comme il le peut. Mais rien n'y fait j'ai trop mal, mon cœur vient de m'être arraché à vif et j'ai mal, il faut que j'extériorise.

― Aisling, murmure Griffin près de mon oreille, il faut que tu te calmes tu vas rouvrir ta plaie.

― Je m'en fous. C'est ma faute, c'est ma faute Griffin ! Il est venu pour moi. Il est venu pour moi et il ne m'a pas tué. Pourquoi il ne m'a pas tué ?! Je veux mourir Griffin ! Laisse-moi mourir, je t'en supplie !

Je n'ai plus de souffle, je n'arrive plus à respirer, mes larmes coulent le long de mes joues, une boule me barre la gorge, une poigne me serre l'estomac, et le néant prend place dans ma poitrine. Je ne peux pas vivre, pas sans lui, pas quand il est parti à cause de moi. Je ne peux pas. Je n'ai pas le droit.

―Laisse-moi mourir Griffin, je répète dans un murmure cette fois.

― Je ne peux pas faire ça ma belle.

Je secoue la tête, j'évite son regard empli de pitié et de larmes. Je mourrais de toute façon. Je ne vivrais pas comme ça, je ne peux pas. Je comprends mieux mon père maintenant, je suis à la même place que lui. Et je finirais comme lui.

J'ai la tête résolument tournée pour ne plus voir Griffin. Je ne crie plus, je ne bouge plus. Je vais partir, rejoindre Jason, dès que je suis seule je partirais. Je suis décidée.

Relève moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant