Chapitre 4 : Bienvenue chez moi

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Je me suis endormie sur la route. C'est seulement quand le moteur de la voiture a été coupé que je me suis réveillée en sursaut, me demandant si j'avais rêvé et que j'étais toujours avec Ben. Mais un coup d'œil dans la direction du conducteur me prouve que rien de tout cela n'était un rêve. Jason est bien là, et un regard vers le pare-brise me montre que je ne suis pas chez moi. On est garé dans un parking sous terrain, l'endroit assez sombre, éclairé simplement çà et là de néon qui nous laissent sous une lumière beaucoup trop artificielle ne me rassure pas.

― Vous êtes en sécurité ici.

Je me concentre à nouveau sur Jason, le fait que je n'ai pas bougé depuis quelques minutes lui fait visiblement facilement comprendre ce qui se passe dans ma tête. Des cas comme moi il doit en voir souvent, il y est surement habitué, et je me demande s'il n'en a pas marre, s'il préférait avoir une soirée tranquille plutôt que d'avoir à ramener du boulot chez lui. Je soupire avant de baisser la tête.

― Je suis désolée que vous devez vous coltiner ma présence cette nuit.

J'aperçois du coin de l'œil sa main qui s'approche lentement des miennes posé sur mes cuisses, mais il s'arrête au dernier moment et la recule.

― Vous n'avez pas à vous excuser, si ça me dérangeait je vous aurais proposé l'hôtel et aucune autre solution. Mais si vous ne vous sentez pas à l'aise vous pouvez encore changer d'avis.

Je ne réfléchis pas longtemps avant de secouer la tête, il commence à se faire tard, je ne vais pas lui faire faire de nouveau aller-retour à cause de moi. Il a peut-être eu une longue journée lui aussi, et n'a qu'une hâte : rentrer chez lui. Il esquisse un sourire quand je lui réponds et sort de sa voiture. Après une longue inspiration je me décide à faire de même et le rejoins derrière la voiture.

― Vous préférez l'ascenseur ou bien les escaliers ? Je suis au cinquième étage, précise-t-il avant que je ne réponde.

J'ai toujours détesté les ascenseurs, mais je sais que je n'ai absolument pas la force de grimper autant de marches ce soir, alors cela devra faire l'affaire. Je suis Jason jusqu'à celui-ci, et attends les quelques minutes nécessaires avant que les portes ne s'ouvrent. Je somnole le long du trajet si bien que la montée ne semble durer qu'une seconde ou deux, j'ai besoin de me coucher rapidement où je risque de m'endormir à même le sol si je continue comme ça. Je suis encore une fois l'homme devant moi, je ne cherche pas à observer quoi que ce soit autour de moi, préférant me concentrer ardemment sur mes pas pour éviter de m'effondrer.

― Aisling ?

Je relève la tête quand j'entends mon prénom. Jason me regarde en fronçant les sourcils. On est devant son appartement, ses clés sont déjà dans la serrure mais il n'a pas encore ouvert la porte. Je crois qu'il m'a parlé et qu'il doit attendre une quelconque réponse mais je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il m'a demandé. Il doit le comprendre puisqu'il redemande :

― Est-ce que vous avez peur des chiens ?

― Moins que des hommes, dis-je sans réfléchir.

Jason cache aussitôt la réaction qu'il aurait pu avoir face à ma réponse en tournant la tête vers la porte et en enclenchant finalement la poignée. Je comprends aussitôt pourquoi il m'a posé cette question quand un énorme chien tout en muscle vient sauter sur son maitre. Ce dernier le caresse joyeusement et m'invite à entrer tout en faisant en sorte que son chien reste vers lui.

― C'est un pitbull, je m'exclame en ayant enfin une bonne vue sur sa tête.

Je suis surprise de voir un chien d'une telle race avec un agent des forces de l'ordre. Ce n'est pas rare de penser que ces chiens sont mal réputés, même si, à voir celui-ci devant moi qui remue sans cesse la queue et qui essaie d'avoir toute l'attention de son maitre en tentant de lui lécher chaque partie de peau visible, à l'air tout sauf dangereux.

Relève moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant