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Cela faisait maintenant un moment qu'on trainait au cimetière. Gabriel, Alwin et moi étions en pleine enquête policière pendant qu'Elana faisait ses trucs auxquels on ne comprenait pas grand-chose.

Avec les informations qu'Aristée nous avait données, on avait enfin la confirmation d'une chose : Oprel était bien concerné par cette affaire et faisait des trucs étranges. Et s'il savait des choses qui pouvaient nous aider, je devais aller lui demander un coup de main.

Après tout, il me l'avait bien proposé la veille, pas vrai ?

-Tout ça n'explique quand même pas pourquoi elle aurait voulu se déterrer, mon cousin soupira finalement.

-Les textes disaient que les esprits avaient de grandes connaissances, Alwin réfléchit. Peut-être souhaitait-elle se ressusciter ?

-Mais alors pourquoi elle l'aurait pas fait ? Un imprévu ?

-...Vous pensez qu'elle savait qu'elle était morte ? j'ai hésité. Les docteurs avaient dit qu'elle avait clamsé sur l'coup, sans s'en rendre compte. P't-être qu'elle voulait juste... Voir si elle l'était vraiment ?

-C'est vrai qu'il avait été écrit que leur coopération dépendait de leur acceptation de leur décès, le châtain se rappela. Cela expliquerait sa... fougue. Non, oubliez, la théorie de la résurrection ne tient pas, il secoua sa tête. Sinon, pourquoi monsieur Oprel aurait juste suivi son homme sans intervenir ? Jouer avec la mort n'est pas l'une des choses les plus dangereuses ? Il aurait forcément tenté de conjurer le sort, non ?

-Juste, Gabi hocha la tête. Mais qu'est-ce qui l'aurait poussé à juste suivre le gars au calme sans rien faire ? Il a forcément un motif ultérieur, non ?

La voix de l'homme s'imposa dans mon esprit sans que je ne le contrôle. « Ton erreur en a engendré une encore plus grosse, et je dois m'en occuper ».

J'entendais des voix, parfait.

Je n'avais aucune foutre idée de la discussion que nous avions eu la veille, excepté quelques vagues bribes. Mais j'imaginais que supposer que cette phrase en faisait partie n'était pas illogique.

-J'vais aller lui d'mander moi-même, j'ai soudainement lâché.

Les deux garçons me regardèrent avec une expression surprise.

-Heu... Comme ça, tranquille ? mon cousin demanda d'un air dubitatif.

-Ouais, j'ai fait d'un ton étrangement confiant, sans même savoir pourquoi. Restez ici pour faire vos spéculations et voir si y'a pas d'autres trucs, moi j'y vais. Ça d'vrait prendre vingt minutes. On s'rejoint au lac-piscine ?

-Alex, si tu crois que j'vais t'laisser y aller en solo après ce matin, tu te fous le doigt dans l'œil jusqu'à la clavicule, Gabriel fronça les sourcils. Et avec ce soleil ? Laisse tomber, je t'accompagne.

On s'est regardé dans le blanc de l'œil un instant en s'échangeant des arguments inaudibles.

-Ok, mais je parle, tu restes plus loin, j'ai finalement accepté.

-Vendu, il a levé le pouce.

-Vous êtes sûrs ? demanda Alwin.

On a hoché la tête en synchronisation. De tout façon, si quelqu'un pouvait tirer des « indices » de l'endroit, ce n'était pas nous. Plutôt lui.

Nous avons prévenu Elana avant de retourner hors du cimetière prendre nos vélos. Nous les avons enfourchés, et j'ai montré le chemin à mon cousin pour aller chez Monsieur Bizarre, en espérant qu'il ne serait pas celui à nous ouvrir.

Putain de CampagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant