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-Vous entendez ?

Gabi a levé un sourcil tout en continuant à avancer :

-Non ?

J'avais fait une pause à l'interstice entre la route menant au portail de Monsieur Bizarre et le petit chemin de terre au bout duquel nos vélos étaient cachés.

Il y avait eu un bruit.

J'ai ouvert les oreilles en grand, me concentrant sur le son environnant pour essayer de le réentendre. Mais entre les bruits d'oiseaux et de cigales, ce n'était pas très simple.

-Viens Alex, on s'en fout, mon cousin a fait un signe de la main.

J'avais sûrement rêvé.

J'ai haussé les épaules pour moi-même et ai suivi les autres :

-Quelqu'un a de la crème solaire, juste comme ça ?

-Oui, moi, Elana a fait mornement.

-Des fois j'me demande ce que t'as pas.

-Je fais juste très attention, elle a fait bas.

-Ah, c'est vrai que ça va être les heures chaudes, a réalisé le brun.

-On va prendre tarpin cher, j'ai ri.

-...« Tarpin » ? Alwin a froncé les sourcils. Je ne connais pas ce mot.

-Oulah, j'suis grave déçu de toi, comment oses-tu ne pas connaitre tous les mots de la langue française et ses termes populaires ? Gabriel s'est faussement outré en sortant le premier vélo des fourrés.

-Non, en vrai je sais pas si ce mot existe, j'ai souri. Je trouve juste que ça sonne bien. « Prendre tarpin cher ».

-Oh.

-En fait, si. Ça existe. C'est de l'argot marseillais, Elana a fait.

-Ah bon ? j'ai fait à mon amie en relevant ma bicyclette. Je savais pas que je parlais marseillais.

-Ils parlent français, abrutie.

-Non mais je veux dire-

J'ai interrompu ma phrase, parce que cette fois c'était certain : il y avait un bruit.

De moteur.

Qui se rapprochait.

Oh non.

-On panique ? j'ai demandé d'une voix soudainement blanche, mon « plan » totalement passé à la trappe.

Maman va me tuer.

-Bah plutôt qu'on nique pas, Gabriel a fait dans toute sa finesse.

-C'est pas le moment pour les blagues graveleuses, on se baisse et on attend qu'il passe, mon amie s'est accroupie, posant son sac à terre.

On s'est tous exécutés, reposant les vélos au sol.

Nous étions assez éloignés de la route principale, cachés un minimum par les fourrés. A moins que ce ne soit Monsieur Bizarre qui ait décidé d'un coup d'une soudaine envie d'aller cueillir des framboises sauvages, il n'avait aucune raison de ramener sa poire ici.

Le bruit se rapprochant de plus en plus rapidement, il arriva le moment où le son des cailloux volants de la route pu se faire entendre, indiquant que la voiture devait être à quelques dizaines de mètres.

Et bien sûr, comme on est stupide à quinze, seize et dix-sept ans, nous avons tous les quatre levé un peu la tête pour regarder.

Ce qui devait donner une image bien ridicule.

Putain de CampagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant