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Chapitre plus long à cause du personnage qui a un vocabulaire bien plus fourni que les autres.


-Aïe ! Espèce d'orchidoclaste !

Je me suis massé le pied en sautillant comme un demeuré sur place.

-Tout va bien ? A qui tu parles ? apparu soudainement maman en passant sa tête par la trappe de ma chambre.

-A la plinthe, je ne l'avais point vu, j'ai dit. Mon pied en a fait les frais.

J'ai soupiré en le reposant à terre et me suis assis sur le premier carton avoisinant. Diantre, je ne me faisais définitivement pas à ces planches.

-C'est quoi c'te tête ? elle a souri en montant les dernières marches pour ensuite s'approcher de moi et s'assoir à mes côtés. Pourquoi mon fils préféré est déçu de sa nouvelle chambre dis-moi ? Je croyais que tu l'aimais bien !

-Je l'apprécie ! me suis-je défendu. Simplement, le rude changement d'environnement me désarçonne. J'apprécie le milieu rural, et je suis sincèrement ravi de notre nouvelle vie. Mais peut-être aurait-il fallût opérer une transition plus douce. Nous passons de seize années de vie à Lyon, ville dynamique et urbaine, à la (trop ?) paisible Commune de Porte des Pierres Dorées -si je ne me trompe point dans le nom. Je dois avouer être déstabilisé.

-Je vois ça, elle a levé un sourcil, tu recommences à parler comme ton arrière-grand-père. Tu radotes mon cher.

-Je ne radote poin- pas. Je suis juste fatigué de cette chaleur étouffante.

-D'où le manque flagrant de vêtement ?

J'ai haussé les épaules en toute réponse. Mes chaussettes et mon haut étaient sûrement au rez-de-chaussée. Je me trouvais assez bien en bermuda pour ne pas m'habiller plus.

Le déménagement avait été plus rapide que prévu, pour ma mère comme pour moi. Si j'avais en premier lieu été ravi de nous voir en terre inconnue emplie de végétation, de pierre et respirant l'été, j'avais cependant vite déchanté. Notre nouvelle habitation était certes près de quelques commerces et d'une pharmacie, mais toute réelle civilisation se trouvait lointaine. Il était impératif d'avoir un moyen de locomotion pour vivre décemment.

Peut-être était-ce mauvais de ma part, mais je me voyais soulagé de savoir que la rentrée, et donc les cours, prendrait place chez mon père, resté dans la troisième commune de France avec ma sœur. Je ne souhaitais pas devoir prendre le bus tous les matins pour aller dans un milieu hostile -aussi appelé lycée.

-Pourrai-je avoir ultérieurement un vélo ? ai-je demandé en regardant le ciel via la grande lucarne. Je peux le payer avec mon argent de poche s'il le faut, mais je supposais que mon anniversaire-

-La vache, « ultérieurement » ?

- « Plus tard ».

-Je connais le sens des mots Alwin, je suis libraire ! roula des yeux maman. Je me demandais simplement comment mon jeune pouvait être aussi vieillot dans son langage ! On dirait un vieux centenaire, elle a rigolé en ébouriffant légèrement mes cheveux.

-Pléonasme, j'ai marmonné.

Quand je commençais à nommer les figures de style utilisées oralement par mes interlocuteurs, c'est que je commençais à être véritablement en ébullition. Il fallait croire que la canicule me tapait bel et bien sur le système.

-Tu auras un vélo, bien sûr, dix-sept ans ça mériterait même presque une moto- je sais que tu n'aimes pas ça, je ne projetais pas de t'en acheter, je mentionnais juste. Mais avant ça, va falloir réaménager c'te baraque, et faire un peu tourner la boutique, sans oublier deux-trois trucs à retaper... Tu veux bien être un ange et gérer ta chambre tout seul ? Je vais m'occuper de la cuisine, histoire qu'on puisse manger- pardon, « se sustenter », mima-t-elle ma voix.

Putain de CampagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant