Putain de Campagne

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J'ai émergé pour la deuxième fois de la journée, toujours autant dans le pâté. Heureusement, ma tête était moins lourde et ma gorge moins irritée.

Me redressant sur mes coudes, j'ai zieuté l'endroit où je me trouvais, à savoir ma chambre. On avait tiré les volets, placé un ventilateur pas loin, ainsi qu'un verre d'eau, un médicament et une assiette de quiche froide sur ma table de chevet.

Et il était 14h53.

J'ai avalé cul sec le verre et les cachets avant de me lever pour aller éteindre le ventilo. Tout en mangeant mon plat, j'ai pris la direction du rez-de-chaussée en essayant de marcher un minimum droit.

Ma « sieste » m'avait fait du bien. Mais la fatigue restait.

Papa, affalé dans le canapé du salon en lisant un livre, s'est aussitôt levé en m'entendant percuter un mur :

-Alex, ça va ? Tu as besoin de quelque chose ?

-A part dormir pour l'éternité, non, j'ai offert mon meilleur sourire-bouche-pleine pour le rassurer. Pourquoi t'es là ? Y sont où les autres ?

-J'allai pas te laisser agoniser dans ton lit enfin ! il s'est offusqué en me caressant les cheveux. Maman a quand même dû repartir -le crime n'attend pas- et Gabriel est avec tes amis dans le jardin. Il était tout paniqué, va le voir pour le rassurer... Sauf si tu te sens pas, je l'appelle et il vient !

J'ai dit que ce n'était pas un problème, ait posé l'assiette sur le premier meuble passant et ai pris mon restant de quiche pour la manger en sortant.

L'extérieur avait à première vue l'air désert, mais je me doutais qu'ils étaient sous les branches tombantes du saule pleureur. Ce qui se confirma lorsque je les entendis parler en m'approchant.

-Alors, on fait la fête sans moi ? j'ai à nouveau tenté un sourire en entrant sous l'arbre.

Elana et Gabriel se sont levés d'un coup avant de me regarder comme si j'avais une épée me traversant le torse.

Tentative d'apaisement ratée.

-Ça va ? mon cousin a abruptement demandé, les mains en avant dans une étrange posture.

-Mais oui, j'ai fait. J'ai dû avoir un coup d'chaud ou un truc comme ça.

Il s'est quand même approché et a pressé légèrement mon épaule avec sa main.

-C'est peut-être le stress de tout ça qui t'a dérangé aussi, Lana a poursuivi.

- « Tout ça » ? j'ai levé un sourcil sans bouger de la prise de mon cousin.

-Le rituel, Zélie, tout ça... La coïncidence est assez flippante, elle s'est lentement rassise.

J'ai eu un instant de latence :

-Ah, Gabi vous a dit.

-Yep, il a confirmé sans commenter le surnom.

-Mais coïncidence avec quoi ? j'ai poursuivi.

Il y a eu un léger silence durant lequel les trois ont regardé vers moi avec un air étrange.

-Hey, j'étais dans l'coma pendant les dernières heures, j'sais pas d'quoi vous parlez moi ! j'ai ri.

-Le rituel, Elana a répété avec un air mi-évident mi-perdu.

-Ok, merci chérie, mais quel rituel ?

Est-ce que ma sieste m'avait fait zapper un truc évident ?

-...Alex, te souviens-tu de ce que nous avons fait hier ? Alwin a enfin pris la parole.