/!\ Contenu sexuellement explicite
15 novembre 2018
- Lucille, arrête de t’inquiéter tout le temps pour moi. Ça va je te dis.
Ça allait, s’il faisait abstraction du fait qu’il n’était plus capable de comprendre le moindre mot que les gens prononçaient, ni même ses propres mots. À chaque fois qu’il parlait, Eliott sentait son cœur se serrer. C’était une sensation très étrange, d’être capable de formuler des pensées dans sa tête mais de ne pas pouvoir vérifier si elles sortaient correctement de sa bouche. Tout en lui le poussait à ne plus prononcer le moindre mot, mais son orthophoniste avait insisté sur le fait que pour ne pas perdre trop de ses capacités langagières, il était important de continuer à utiliser le langage oral.
Lucille avait acheté une ardoise qu’elle prenait toujours sur elle, pour pouvoir communiquer au mieux avec son petit ami. Elle faisait de son mieux pour l’accompagner sans l’ infantiliser, pour le soutenir sans l’étouffer. Eliott lui en était très reconnaissant, mais depuis son accident, il en voulait au monde entier, et malheureusement, c’était Lucille qui prenait pour le monde entier. Mais elle encaissait, avec toujours beaucoup de bienveillance, ce qui énervait encore plus Eliott, qui s’en voulait de la traiter ainsi et lui en voulait de se laisser faire. Lucille sortit son ardoise et écrit soigneusement
- Je t'aime Eliott.
Ce dernier se radoucit et déposa un baiser délicat sur les lèvres de sa petite amie. Il était en colère, et mal dans sa peau, mais il y avait une seule chose dont il ne doutait jamais : il était profondément amoureux de Lucille. Il posa son front contre celui de la jeune femme et sourit légèrement, avant de poser une main sur sa joue et de l’embrasser à nouveau, avec plus de passion cette fois.
- J’ai envie de toi, murmura-t-il.
S’il n’était pas sûr que les bons mots soient sortis, dans sa propre voix, il reconnut le désir, et il ne faisait aucun doute que Lucille le percevrait aussi. Elle passa ses bras autour du cou d'Eliott et le laissa la faire basculer sur le lit. Très vite, les deux jeunes gens se retrouvèrent nus l’un contre l’autre, leurs jambes enlacées, l’érection d’Eliott appuyant contre le bas du ventre de sa petite amie. Il était amoureux. Il était toujours en colère. Il était amoureux et en colère, et cela ne faisait pas bon ménage, ou alors peut-être que si. Il glissa une main entre les cuisses de Lucille, et vint la caresser sans ménagement alors qu’il mordillant et suçait la peau de son cou. Ce n’était pas doux. Il n’avait pas envie d’être doux. Il avait une tempête à l’intérieur de lui, et il avait besoin de la laisser sortir. Les gémissements de Lucille l’ encourageaient sur cette voix. Elle se saisit du sexe de son copain et se mit à le masturber vivement, ce qui fit tressaillir le garçon. Il adorait quand elle le touchait comme ça. C’était intense. Il avait besoin d’intensité.
- Je vais te prendre, Lucille.
Il se décolla légèrement de sa petite amie pour venir appuyer le bout de son sexe contre celui, trempée, de la jeune fille, et d’un brusque coup de rein, il la pénétra. Lucille lâcha un hoquet de plaisir, surprise par l’intensité des sensations qui s’emparaient d’elle. En temps normal, Eliott était plutôt doux et tendre. Mais loin de lui déplaire, cette brutalité nouvelle lui procurait un plaisir indescriptible. Eliott aussi, aimait ça. Penché sur le corps de Lucille, les mains appuyés de part et d’autre de son buste, il donnait de vifs coups de reins, sortait pour la pénétrer à nouveau, l’embrassait sur les lèvres, sur ses seins, dans son cou, partout où sa bouche pouvait trouver de la peau. La sensation délicieusement douloureuses des doigts de sa copine enfoncés dans sa chair, le son de leurs gémissements qu’ils ne cherchaient pas à réprimer et la vision de ses seins qui s’agitaient à chacun de ses coups de reins le poussèrent jusqu’à l'orgasme. Mais, loin d’en avoir terminé avec elle, il descendit entre ses cuisses, pour terminer ce qu’il avait entrepris : la faire jouir.
Il embrassa une dernière fois Lucille avant de se laisser tomber sur le matelas, éreinté. Il sentait une sensation d’apaisement dans son corps, avant d’être peu à peu envahi par une tristesse grandissante. Et, alors qu’il tentait de réprimer ses larmes en permanence depuis son accident, il les sentit couler sur ses joues. Lucille, qui planait encore après son orgasme déchirant, ne se rendit pas compte tout de suite qu’il pleurait. Mais, quand elle reprit contact avec le monde réel et qu’elle se pencha sur Eliott pour l’embrasser, son cœur se serra, et elle se figea.
- Embrasse-moi, dit Eliott d’une voix suppliante. Embrasse-moi, sinon, je ne vais jamais réussir à m’arrêter de chialer.
Elle s’exécuta, le cœur lourd, puis caressa les joues de son copain avec ses doigts. Malgré le baiser, il pleurait encore, et elle ne savait que faire. Elle tendit le bras pour attraper son ardoise, mais Eliott la stoppa.
- Arrête Lucille. Ça sert à rien.
Lucille secoua la tête en guise de ré
ponse et repoussa le bras du garçon pour saisir l’objet.« Parle-moi Eliott… »
Il se crispa. La colère qu’il pensait avoir réussi à évacuer revint à la charge avec une puissance qu’il peinait à contrôler.
- Te parler pour te dire quoi, Lucille ?Pour te dire que ça me tue de ne plus comprendre tes mots ? Pour te dire que j’ai l’impression de devenir fou parce que je ne comprends même pas ce que moi je dis ? Que je ne sais même plus si je suis toujours capable de parler correctement ou si j’ai déjà perdu des capacités de langage oral ? Que j’en ai marre d’être traité comme un putain de gamin incapable d’être autonome ? Que ça fait 2 mois que je n’ai pas été capable d’écrire le moindre putain de mot pour mon roman ? Putain Lucille, on peut même plus communiquer correctement sans cette putain d’ardoise. C’est pas la vie que je voulais pour moi. Pour nous. Pour toi. C’est ça que tu veux que je te dise ? Je te l’ai dit. Ça nous fait une belle jambe hein ? Nous voilà bien avancés. Je t'ai parlé, mais je suis toujours sourd et je le serai toujours. On ne pourra plus jamais communiquer comme avant et en plus de ça, si ça se trouve je ne serai plus jamais capable de créer des histoires. Et te parler, ça ne me rendra pas tout ça.
Lucille fit un peu effrayée par toute cette rage qu'Eliott exprimait. Il n’était pas quelqu’un d naturellement colérique, alors c’était inhabituel. Inhabituel mais légitime. Il avait toutes les raisons d’être en colère. Elle l’embrassa à nouveau avec douceur, avant de se redresser pour écrire sur son ardoise.« C’est vrai que ça craint. C’était pas dans mes plans non plus. C’est vrai que ça change des trucs entre nous. Mais ça ne change pas ce que je ressens pour toi. Je suis toujours aussi amoureuse de toi et si je dois passer ma vie à écrire sur une ardoise, alors je le ferai. »
Eliott secoua la tête. Il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas que Lucille ne doive subir son handicap toute sa vie.
- C'est pas une vie ça, Lu…
Elle effaça le message précédent pour en écrire un nouveau.
« Alors quoi ? Tu veux qu’on se sépare ? »
- Non ! J’ai juste pas envie de gâcher ta vie.
« Tu ne la gâches pas. Je t’aime. Je suis heureuse en étant avec toi. Laisse-moi t’aimer. »
- Je t’aime.
Lucille essuya les dernières larmes de son copain et le serra dans ses bras. Elle comprenait sa peine. Elle était légitime. Mais la jeune fille était confiante. Les choses iraient en s’arrangeant, elle en était sûre.
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Sur tes lèvres
RomanceSuite à un accident grave, Eliott, écrivain célèbre, a perdu l'audition. Ou plutôt, il souffre d'une surdité verbale : il entends les sons, mais n'est plus capable de reconnaitre les mots à l'oral. Peu à peu, il s'est enfermé dans un mutisme l'isola...