30 août 2018
Tout au long de la semaine, les parents d'Eliott et sa petite amie Lucille s'étaient relayés au chevet de leur artiste endormi. Les médecins étaient assez confiants. Il survivrait. Avec le bras cassé le visage amoché, quelques cicatrices sur le corps, mais il survivrait.
Quand l'hôpital avait appelé le père d'Eliott pour le prévenir, il s'était empressé d'appeler son épouse, et ils s'étaient précipités auprès de leur garçon. Karine, la mère avait beaucoup pleuré. Elle avait pleuré quand elle avait appris l'accident, quand elle avait compris qu'il était dans le coma, quand les médecins avaient dit être inquiets, puis quand ils avaient dit que ses jours n'étaient plus en danger. Marcus, le père, était resté fort. C'était un homme très fier, très pudique aussi, qui avait à cœur de toujours se montrer fort. Et puis, il se devait de soutenir sa femme.
Ils avaient immédiatement prévenu Lucille. Elle était avec Eliott depuis deux ans et faisait pratiquement partie de la famille. Malgré des hauts et des bas, principalement dus à l'investissement excessif du garçon dans son travail, elle était profondément attachée à son petit-ami et fut profondément bouleversée par l'accident. Pourtant, malgré la douleur que la vision de sa moitié inconscient dans un lit d'hôpital lui infligeait, elle était là, tous les jours. Elle lui lisait son journal préféré, lui faisait écouter ses chansons préférées, et parfois même, elle restait lui tenir la main en silence, en priant pour qu'il se réveille bientôt.
- Rentre chez toi, ma belle. Il faut que tu te reposes, dit Karine en posant une main sur l'épaule de la jeune fille.
Lucille réfléchit un quart de seconde. Elle vivait seule et habituellement, cela lui convenait. Mais pas là. Elle ne voulait pas rester seule. Elle ne le supporterait plus.
- Ça vous dérange si je reste avec vous ? Depuis l'accident, je ne supporte pas de rester seule chez moi.
- Bien sûr ma chérie, répondit Karine avec douceur. Tu peux même manger et dormir à la maison autant que tu le souhaites.
- Merci Karine.
Alors qu'elle tenait toujours la main de son petit-ami, elle sentit une larme rouler sur sa joue. Se laissant enfin aller à ses émotions, elle ne sentit pas la main d'Eliott serrer doucement la sienne. Ses pleurs redoublèrent d'intensité.
- Karine... murmura-t-elle entre deux sanglots. Il se réveille.
Alors, les larmes de la mère se joignirent à celles de la jeune femme. Eliott revenait à lui. Eliott allait vivre.
12 septembre 2018
Les médecins avaient été clairs. On ne sortait pas du coma d'un seul coup. Malgré leur impatience, les parents et la petite amie d'Eliott s'étaient contentés du peu qu'ils pouvaient obtenir chaque jour. Une main serrée un jour, des réactions à des sons un autre, puis les yeux ouverts, Eliott revenait à lui peu à peu.
Ses parents s'étaient absentés quelques heures, laissant Lucille seule avec le garçon. Elle lui lisait son livre préféré, en prenant bien le soin d'y mettre les intonations.
- Lu... cille... murmura Eliott d'une voix à peine perceptible
La brunette interrompit sa lecture d'un coup et lâcha son livre, qui tomba au sol. Elle avait tant attendu ce moment qu'elle crut d'abord à une hallucination. Mais il répéta
- Lu...cille
Elle se jeta au cou de son petit ami, le sourire aux lèvres, et des larmes de bonheur plein les yeux.
- Oui bébé... je suis là... je suis là... je t'aime, dit elle dans le cou de son copain.
Eliott fronça les sourcils. Il ne savait pas quel jour il était, ni où il était. Et pire encore, il n'avait pas compris un traître mot de ce qu'avait dit sa petite-amie.
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Sur tes lèvres
RomanceSuite à un accident grave, Eliott, écrivain célèbre, a perdu l'audition. Ou plutôt, il souffre d'une surdité verbale : il entends les sons, mais n'est plus capable de reconnaitre les mots à l'oral. Peu à peu, il s'est enfermé dans un mutisme l'isola...