II

59 4 2
                                    

Le sourire aux lèvres, l'homme s'approcha de Vaëlìn qui lui tournait le dos. Mais celle-ci se retourna brusquement et jeta à terre les éclats du verre qu'elle venait de briser. Sa main droite était recouverte de minuscules entailles, et du sang coulait le long de sa main qui paraissait pourtant si fragile. De fines gouttelettes de sang s'écrasaient contre le sol de pierres beiges pendant que les deux adultes s'affrontaient du regard.

- Vous ais-je contrarié, commandante ?

- Je ne peux rien pour vous, répondit sèchement Vaëlìn

- Vous ne pouvez fuir le combat, continua Aragorn, vous ne pouvez vous fuir vous-même.

La fille serra les poings pour tenter de contrôler ses émotions, comme elle l'a toujours fait. Mais cet homme en savait bien trop à son sujet, et lui faisait ressasser un passé douloureux. Il lui remémorait des souvenirs qu'elle avait, mains et maintes fois, tenté d'oublier à jamais. Elle ne voulait gâcher ce qu'elle avait accomplit jusqu'à présent, que les erreurs du passé se renouvellent. Vaëlìn n'appréciait guère cet homme, mais ne voulait pas pour autant sa mort sur la conscience.
Sans un mot, elle se dirigea vers un meuble en bois aux écritures elfiques sculptées. Elle ouvrit brusquement et rapidement des territoires avant de les refermer aussitôt. La femme fouilla sous une paperasse interminable, des objets anciens et autres de la sorte avant d'enfin sortir une feuille de parchemin légèrement froissée. Vaëlìn la regarda longuement avant de revenir auprès de son invité, et lui montrer le dessin d'un homme âgé dessiné en plein centre. Aragorn regarda ainsi le dessin, puis releva son regard incompréhensif pour planter ses yeux dans ceux de la fille.

- Cet homme s'est fait torturer pour savoir où je me trouvais, expliqua-t-elle fermement, il est mort dans une souffrance que personne ne peut imaginer ! Alors ne vous croyez pas malin de savoir qui je suis, car vous connaîtrez bientôt le même sort que lui. Tous ceux qui croisent mon chemin, sont déstinés à croiser celui de la mort sans pitié. Ou devrais-je plutôt dire, celui de Sauron !

Le silence rempli la salle d'une ambiance pesante. L'homme avait l'air songeur, ses bras croisés et son regard à présent plongé dans le vide. De longues secondes s'écoulèrent avant qu'il ne décide de prendre la parole :

- Je vois que nous sommes tous deux, à priori, de descendances qu'on ne souhaite à personne.

Sa voix était d'un ton calme, comme une profonde sagesse en pleine réflexion, mais qui laissait pourtant tant de sous-entendus.

- Qui êtes vous ? Demanda à nouveau Vaëlìn

- Je suis Aragorn, fils d'Arathorn et descendant d'Isildur...

- Et l'héritier du trône du Gondor, coupa la commandante intéressée, je comprends davantage à présent.

- Je ne suis pas venu jusqu'ici pour vous demander de sauver le peuple du Rohan, mais pour nous aider à vaincre Sauron. Ce qu'il a fait à l'homme sur ce parchemin ne se produira guère à nouveau, car lorsqu'il se rendra compte que vous êtes des nôtres il sera déjà trop tard pour lui. Ne restez pas cachée dans l'ombre, Vaëlìn. Joignez-vous à nous, et nous serons certains de le vaincre et enfin dire adieu à ces sal*peries d'orques qui envahissent nos terres ! Cela fait bien trop longtemps que nous tentons de nous en débarrasser en vain. Il est grand temps d'en finir, ne croyez-vous pas ?

Le visage fin de la brune se décomposa doucement, elle ne savait que faire. Elle sembla se perdre dans ses pensées pendant une éternité, affichant une profonde tristesse.

- Ce n'est pas si simple, soupira-t-elle, je l'aurais bien déjà fait...

Vaëlìn n'eu le temps de finir qu'un bruit sourd et répétitif se fit entendre de l'autre côté de la porte. En effet, quelqu'un acharnait ses points contre la lourde porte en bois. Presque étouffée à cause de l'épaisseur de la porte, Aragorn et Vaëlìn réussirent à distinguer la voix ferme d'une femme : "Je ne tolèrerai qu'ils sortent tous deux vivants de celle ville"
Les coups cessèrent pendant quelques instants. La surprise avait fait sursauter les deux adultes présents dans la salle où l'on entendait seulement leur coeur battre à une vitesse démesurée.

- La reine a dû être avertie, chuchota Vaëlìn, la connaissant, elle a dû avertir tous ces hommes ! Comment savoir depuis combien de temps est-elle derrière cette maudite porte ?

- Peu importe, s'empressa de dire l'homme, si comme vous dites, ses soldats son nombreux, nous devons partir rapidement avant qu'ils ne défoncent cette porte. Y a-t-il une autre issue ?

La jeune femme le regarda avec des yeux verts pleins de détresse, qui se tournèrent ensuite vers la partie sombre de la pièce.

- Seulement les fenêtres, soupira-t-elle, mais la hauteur est bien trop importante...

La Descendance De TulkasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant