𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐭𝐫𝐞

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6 septembre 1917
19:36



« - Joly qu'est-ce que tu fous ? Reviens là ! »



Un de mes alliés cri mon nom de famille aussi fort qu'il le peut dans l'espoir que je fasse demi-tour, seulement je ne m'arrête pas. Je cours aussi vite que possible à travers le champ de bataille, à travers les armes et les hommes afin de rejoindre mon camarade blessé au sol.



Lorsque je l'aperçois, je me précipite à ses côtés et le tir par les pieds pour rejoindre notre tranchée qui se trouve à deux pas.



« - Joly bordel, lâches moi. peine t-il à articuler alors que je continue d'avancer. Tu vas te faire tuer putain.



- Tais-toi Renault. dis-je avant de sauter dans le renfoncement de la tranchée. Debout, allez. je m'impatiente, en remettant vite mes cheveux longs qui tombent de mon casque, de peur que quelqu'un les aperçoive. Renault t'es blessé à l'épaule pas à la jambe, alors dépêche-toi avant que je te laisse là. »



Il saute maladroitement et trébuche à la réception. Je le relève et l'entraîne à ma suite jusqu'à la tente où se trouvent les infirmières pour leur confier le blessé.
Une fois qu'elles l'ont installé sur un lit, je les regarde défaire le haut de son uniforme, curieuse de voir l'ampleur de la blessure.



« - Tu me revaudras ça. dis-je avec ironie en effleurant son épaule opposée à sa blessure.



- Ta belle gueule, ta voix aiguë et toi êtes des sales cons, Joly. il me répond en fermant fort ses yeux sous la douleur que lui infligent les infirmières. »



Je ne lui donne aucune réponse et me dirige vers la sortie de la tente dans le but de rejoindre celle dans laquelle nous nous accordons du repos. Dehors, les coups de feu incessants sont toujours désagréables, cependant après avoir passé un mois ici, ces bombardements deviennent habituels, et c'est lorsqu'on ne les entend plus qu'il faut s'inquiéter.



Je me faufile entre les soldats qui courent remplacer ceux qui, comme moi, ont eux-mêmes remplacé leurs défunts camarades. Notre précieux temps se décompose en sorte de services, comme un ouvrier dans une usine qui, chaque heure, pourrait prendre une pause pendant qu'un collègue assurerait sa place. Ce qui diffère des ouvriers, c'est que nous sommes ici contre notre gré, et pour risquer nos vies.



J'atteins finalement la tente que je partage avec neuf autres soldats, et découvre avec soulagement qu'elle est vide. Je me dirige vers le lit de camp que j'occupe et commence à retirer mon uniforme. Automatiquement, mon corps se relâche et, après avoir poser ma veste bleue et mon sous pull, je m'attelle à défaire le bandage chargé de dissimuler ma poitrine désormais apparente. Je le déroule lentement et apprécie les courtes secondes durant lesquelles je peux ne pas me sentir oppressée sous l'emprise de cette bande jaunie par le temps.



Je m'assois sur le petit lit et commence à de nouveau enrouler le bandage autour de ma poitrine, lorsqu'un de mes camarades pénètre brusquement dans la tente. Je me lève d'un bond en tenant fermement la bande contre moi dans l'espoir qu'il ne remarque rien, seulement son regard passe l'habitacle en revue, jusqu'à se poser sur moi. À ma vue, ses yeux s'agrandissent et semblent m'analyser sous l'étonnement.



𝐒𝐨𝐥𝐝𝐢𝐞𝐫 | 𝑗.𝑗𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant