Ponte di Castel Vecchio

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Tintin marchait vite, d'un pas saccadé dans l'air froid. Dans sa poche, ses doigts étaient crispés sur le pendentif. Il voyait déjà à travers la brume la silhouette du Ponte di Castel Vecchio, le colossal pont qui surplombait l'Adige.
Il accéléra, longeant la rive, et le brouillard dévoila une haute  silhouette. Il la reconnu aussitôt;
- Spontz !
Il se tourna vers lui, souriant;
- Mais voyez qui se joint à la fête ! Vous avez la clef ?
Tintin s'approcha, méfiant.
- Je veux voir Jeanne d'abord.
L'ancien militaire arbora une moue détachée;
- Tsssk tsssk.... Vous êtes si pressé !
Vous voulez voir votre amie...- Il fit un geste, désignant le haut du pont les surplombants - Elle est ici.
Le jeune homme retient son souffle. Cette petite silhouette, qu'il n'avait pas remarqué... C'était bel et bien Jeanne, qui ligotée, était maintenue au dessus du vide par un sbire, menaçant de tomber à chaque instant.
- Délivrez-la et je vous donne la clef.
- Donne-moi la clef ou je la fait jeter dans le vide.
- Vous... vous ne la relâcherait pas !
- Pas bête, le gamin.
Tintin se mit à reculer, constatant qu'il s'était jeté dans un sacré guêpier. Soudain, il sentit un bras puissant entourer sa gorge. À l'aide de ses exellents réflexes, il se dégagea et assena au gaillard un grand coup de poing qui, s'il fut efficace, ne suffit cependant pas à l'assomer.
Il se précipita en avant, esquivant le coup de matraque d'un des gaillards, avant de l'assomer.
Une main s'agrippa à sa cheville, le faisant tomber, et Milou, maintenu par un des assaillants, ne put lui venir en aide. Il se ramassa sur lui-même, avant de bondir, attrapant le poignard du bonhomme . Hélas, une main se glissa dans sa poche et déroba le pendentif. Le jeune homme, d'un coup de pied, envoya valser l'objet au sol, avant de se précipiter, d'un même élan avec le colonel déchu, vers le précieux objet.
Ce dernier se jeta au sol, la main posée sur la clef, puis afficha une expression  comique quand il sentit la lame d'un couteau se poser sur son cou.
Le temps sembla s'arrêter. Tintin, hors de lui, tenait fermement la lame, menaçant à tout instant de trancher la jugulaire de son ennemi. Celui-ci souriait;
- Vous ne me tuerez pas.
- Et pourquoi donc ? Répondit le jeune homme, le défiant de s'opposer à lui.
Le traitre bordure, pour toute réponse, afficha un sourire cruel, tandis qu'un cri déchirant de terreur se faisait entendre.
Tintin leva brusquement la tête. Une petite silhouette tombait du pont, pour aller s'écraser dans l'eau noire.
- Réfléchissez, Tintin... c'est cette malheureuse clé ou bien votre chère amie...
Sans perdre un instant, le jeune homme se précipita en avant, coinçant sa lame entre ses dents, avant de bondir dans les eaux sombres de l'Adige.
Il nagea avec la force du désespoir, affolé. Soudain, il aperçu des remous à la surface. Il se dirigea vers l'endroit, et plongea sans perdre une minute.
Et soudain, il l'aperçu.
Le teint blafard, les cheveux ondulants dans l'eau, les yeux exorbités, la jeune fille se débattait dans l'onde, inexorablement attirée au fond par la lourde pierre qui était attachée à ses chevilles. Elle l'aperçu, et, désespérée, tendit les bras vers lui.  Mais elle coulait bien trop vite, et son ami n'arrivait pas à la rattraper.
Elle toucha le fond, et, sous le regard impuissant du jeune reporter, elle cessa de s'agiter, puis ferma les yeux.
Il la rejoignit d'un mouvement, avant d'enrouler un bras autour de sa taille. Il se tordit pour atteindre la corde, qu'il trancha en quelques coups de couteau.
Puis, elle céda. Il remonta, serrant son amie contre son torse. L'eau semblait l'attirer vers le fond, et sa progression se faisait de plus en plus lente. Il sentait qu'il allait bientôt suffoquer, mais, empli de désespoir, il redoubla d'effort. Enfin, il fendit la surface, et mis le corps inconscient de la jeune fille sur le dos pour qu'elle puisse respirer.
Il fit appel à toute la force de ss volonté pour ne pas sombrer. Leurs vies en dépendait.
Heureusement, ils arrivaient vers la berge. L'eau se fit de moins en moins profonde, et il eu bientôt pied. Il se leva, Jeanne dans les bras, et, arrivé sur la terre ferme, s'effondra, vidé par son effort.
Mais, sans même reprendre son souffle, il alongea la jeune fille au sol et l'entoura de ses bras.
D'ordinaire, la vue de sa silhouette mince mise en valeure par sa robe blanche trempée, désormais presque transparente, l'aurait fait se détourner, mais cette fois-ci, elle était en danger.
D'un doigt, il caressa sa mâchoire, puis descendit jusqu'à son pouls.
Il ne le sentait pas. Elle ne respirait pas.
Horrifié, il plaqua ses mains sur la poitrine de la jeune femme et se mit à la secouer.
Il appuya, tentant en vain de faire revenir sa vie.
Des larmes glissèrent sur ses joues quand il se rendit compteque son massage cardiaque ne fonctionnait pas. Hésitant, il passa un doigt sur ses lèvres violettes, légèrement entrouvertes, puis inspira profondément.
Maintenant son visage entre ses mains, il plaqua sa bouche sur la sienne, lui inssuflant l'air qui lui manquait. Il continua quelques minutes, mais sans obtenir de réaction.
Quelque chose clochait.
Cette odeur... était-ce du sang ?
Il se redressa, et affolé, constata que ses mains étaient pleines de sang. Son regard dévia vers la source écarlate.
Dans le creux du poignet de la jeune fille, la chaire avait était tailladée, dessinant un manticore ensanglanté.
Il déchira précipitamment un large pan de sa chemise, et fit un garrot, avant d'à nouveau lui inssufler de l'air. Il ne respirait presque plus, luttant pour la vie de Jeanne.
Il sentit soudain un léger mouvement. Elle avait tressailli.
Il continua son bouche-à-bouche, ne se laissant pas distraire par les aboiements de Milou, l'arrivée de ses amis et le cri horrifié du Capitaine en voyant leurs états respectifs.
Jeanne respirait, et c'était tout ce qui comptait.

Les Aventures de Tintin - Tintin en ItalieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant