Aveux

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— Bien. Récapitulons : tu me fais la guerre depuis maintenant huir ans. C'est-à-dire depuis l'année de terminale. Elle a débuté par ce que tu étais en partie jalouse de Manuel. Et je cherche toujours la ou les autres raisons qui t'ont poussées à ça.

— Je dois admettre que c'est un joli récapitulatif. Clair, net, précis, pas trop long. Ce qui n'est pas dans tes habitudes d'ailleurs...

— Merci chère collègue. Un compliment venant de toi est tellement rare... Ce n'est pas un reproche, juste un constat. Malgré qu'il soit suivi d'une remarque assez désobligeante je dois dire.

— Tu trouves que je ne complimente pas assez ?

Laura cru discerner une lueur d'inquiétude dans le regard de son ancienne meilleure amie. Elle cru halluciner. Agathe était devenue bien trop fermée et stricte pour s'inquiéter de ce que pensent les autres personnes qui gravitent autour d'elle.

— Depuis qu'on est dans l'entreprise, tu as du faire trois compliments en tout...

— Tant que ça ! Ça ne va pas du tout, il faut que je baisse la cadence dis donc. Un petit sourire moqueur naquit aux coins de ses lèvres.

Les deux se regardèrent puis eclatèrent d'un rire franc. Chose n'étant pas arrivée depuis très longtemps. Puis le naturel revint au galop, se surprenant à rire ensemble, les deux jeunes femmes se turent.
Un silence gênant, étouffant, pris alors place.
Un petit crépitement se fit entendre.

— Attention ! Me revoilà. On stop la conversation ou toute autre chose. Oreilles sensibles en approche.

— Vous en faites pas. Il ne se passait rien depuis un petit moment. Vous êtes même arrivé au bon moment. Il y a de la progression ?

— Oh, je vois. Vous ne vous êtes toujours pas réconciliées ?

— Et non, décevant n'est-ce pas ?

Agathe avait pris la parole, Laura trop concentrée sur ses pensées à chercher ce qui avait bien pu causer la rupture de leur amitié.

— Au fait, étant donné que je connais votre prénom à chacune et que pour avoir une relation avec un minimum de confiance il faudrait se présenter... Je m'appelle Paul. Paul Roland.

— Puis-je être honnête avec vous Paul ?

— Je dirias même franche, c'est plus approprié. Agathe, c'est bien ça ?

— Et bien, je ne me sens pas plus en confiance en connaissant votre nom.

— Oh... vraiment ? On entendit sa déception dans le ton de sa voix, prenant le relais sur sa petite blague, malgré l'envie de la cacher.

— Ce n'était en aucun cas pour vous vexer monsieur Roland. Loin de là, mais il est vrai que c'est un bon début.

Ce dernier fut quelque peu ragaillardit par tant d'élan de reconnaissance venant de cette fameuse Agathe, personne à la fois troublante, mystérieuse et donnant des compliments non dissimulés à chaque tremblement de terre. Mais également tout aussi attachante que repoussante.
Un silence reprit à nouveau place dans l'habitacle. Les trois protagonistes n'en remarquèrent même pas cette arrivée, trop plongés dans leurs pensées. Le premier, à essayer de cerner les deux personnes à qui il devait assistance. Le deuxième, à chercher des réponses sur une querelle de longue date. Et enfin, le dernier, à ressasser le passé et s'imaginer à quoi pouvait bien ressembler sa vie si tout s'était déroulé selon ses envies.
Se rappelant soudainement de son intervention, Paul brisa ce silence, bien que pour une fois n'étant pas gênant.

— Du coup, je venais juste aux nouvelles. Savoir si vous étiez toujours en vie. Et si oui, comment vous vous portez.

Les deux jeunes femmes mirent un certain temps avant de comprendre qui leur parlait et ce qu'elles faisaient assises dans un ascenseur.

9 m2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant