La jeune femme acerbe se retrouva dans une sorte de transe, incapable d'être maître de son esprit qui commençait à divaguer vers de sombres souvenirs de son passé. Elle qui avait mis tant de temps pour se détacher de ses années de sa jeunesse, en était maintenant prisonnière...
Comme il avait été annoncé plus tôt dans l'ascenseur, les deux femmes se connaissent depuis de longues années. Et depuis même l'état fœtal, leur mère étant des amies de longue date ainsi que leur père. Durant la grossesse des mères, ces dernières avaient passé leur congé maternité ensemble. L'une allant chez l'autre chaque semaine, effectuant une sorte de roulement.
Bien qu'il y eu un écart de trois semaines entre les deux grossesses, la perte des eaux des deux mères fut le même jour. Quand la première perdit les eaux, la seconde, quelques heures plus tard ne tarda non plus. Cette synchronisation surpris plus d'une personne. Après l'accouchement, personne ne fut surpris lorsqu'elles demandèrent à être dans des chambres voisines.
Les deux jeunes mères décidèrent d'être la marraine de l'enfant de l'autre.C'est ainsi que les deux nouveaux nés grandirent. Toujours ensemble, comme leur mère. Quand le moment de les placer en crèche arriva, il allait de soi de choisir la même. Mais il en fût autrement.
La mère ayant une grossesse à terme, ne pouvant supporter un retour au travail impliquant donc de voir moins son enfant lui était insupportable. C'est tout naturellement qu'elle choisi avec son mari ; après plusieurs jours de réflexion et de calculs ; de prendre en charge les deux petites filles jusqu'à leur six ans, à la maison.De l'école primaire au collège, les deux jeunes enfants étaient inséparables. Bien qu'elles s'étaient faites des amies communes ou non, elles passaient tout leur temps scolaire ensemble. Les week-end, elles se plaisaient à s'imaginer quand elles seraient plus grandes, à faire des spectacles alliant chant et danse pour vivre de cette passion qui les transportaient loin dans leur univers. Passion démarrée depuis la maternelle.
Les repas du samedi soir rassemblaient les deux familles toujours aussi proches. Les vacances de Pâques étaient également devenues une routine annuelle où chaque année, la destination vers une maison en bord de plage au Portugal, achetée par les deux couples, était et est toujours de rigueur.
L'entrée au lycée arriva enfin. Nos deux petites filles qui devenaient peu à peu de jeunes adultes avaient choisi un lycée accueillant peu d'élèves. Leur permettant ainsi de rester toujours ensemble, main dans la main face à ce que le monde et ses habitants leurs réservait.
Bien entendu, elle prirent toutes deux la filière Économique et sociale, plus communément appelé ES.
La première année était synonyme d'entraide. Nos deux adolescentes restaient une heure de plus dans l'établissement pour pouvoir faire leur devoirs et s'aider l'une l'autre lorsqu'ils étaient compliqués et n'hésitaient pas à reprendre les cours pour les expliquer quand l'une ne le comprenait pas.
En milieu de cette seconde, un surnom leur avait même été donné : le petit couple. Élèves comme professeurs, l'utilisant pour les nommer.Il est vrai que leur amitié pouvait parfois prêter à confusion. Rares étaient les moments de récréation et temps du repas où elles ne les passaient pas ensemble ou ne se tenaient pas par la main. En classe, le corps enseignant avait vite compris que de les séparer pendant les cours ne faisait pas bon ménage.
En effet à elle deux, le cours pouvait parfois vite se retrouver à être amusant pour les autres élèves de la classe, parfois même pour l'adulte qui enseignait. Mais elles savaient également quand s'arrêter et ne pas dépasser les limites.
Leurs parents respectifs leur inculquant toujours les bons et mauvais côtés des métiers qu'elles étaient amenées à rencontrer. Surtout celui de professeur, ayant un auditoire en pleine rébellion envers n'importe quel adulte et forme d'autorité.
Elles faisaient de temps à autre des sorties et soirées entre ami.e.s les week-end et vacances.
Elles s'étaient créées un cercle d'ami.e.s, principalement de la même. Car en effet, "le petit couple" iradiait de bonheur et était ouvert aux autres. Rien qu'en les regardant, on pouvait voir tout l'amour que l'une portait à l'autre mais également à toute personne voulant faire leur connaissance.
Un amour amical mais fusionnel.La deuxième année au lycée se passa tout aussi bien.
Mais lors de la troisième et dernière année, tout bascula. Notre chanteuse s'était éprise, pendant les vacances d'été, d'un jeune homme de deux ans son aîné. Étant son tout premier amour, elle n'avait d'yeux que pour lui, laissant peu à peu son amie de toujours, de côté chaque jour un peu plus.Au départ, notre amoureuse passait autant de temps avec son petit ami que son amie. Ne voulant pas la mettre de côté, bien trop attachée à leur quotidien. Tout en évitant de lui faire tenir la chandelle, situation peu confortable surtout pour une personne étant toujours célibataire.
Puis, plus les jours et semaines avançaient, plus son Jules prenait de la place dans sa vie. Les week-end qu'elles passaient habituellement ensemble furent remplacés par des week-end en amoureux.Les repas du samedi avec les deux familles ne passaient pas sans que le petit ami ne soit là. Ce dernier, accepté par les deux couples de parents rapidement étaient content de le voir souvent. Bien qu'ils voyaient la jeune femme encore célibataire être mise peu à peu de côté, en parler au jeune couple n'y avait rien changé.
- Et oh, tu m'entends ? Oh, Agathe !
La concernée revint peu à peu à la réalité, les appels de sa paternaire d'ascenseur lui faisant l'effet d'une douche froide.
- Agathe, tu es parmi nous ? Ses mains s'agitaient entre les deux paires d'yeux.
- En aucun cas cela ne vous concerne monsieur, répondit sèchement Agathe sur la défensive. Et cessez vos gesticulations, vous savez très bien que ça a le don de m'énerver.
- Je sais que ça t'énerve, mais tu ne nous répondais pas depuis plusieurs minutes... Elle détacha son regard puis dirigea sa tête vers l'interphone. Vous savez, même moi je ne sais pas pourquoi elle ne m'a plus adressé la parole du jour au lendemain. Sans compter les regards noir, les moqueries et méchancetés qu'elle a pu me faire. Laura était toujours aussi perdue face à cette amitié précieuse volée en éclat énergie seulement quelques semaines.
- Oh vraiment ? Tu n'as pas la moindre idée sur le fait que je devienne froide avec toi. Tu penses que je l'ai fait sur un coup de tête ?
- Pour tout te dire, oui Agathe. Je ne sais pas ce qui te prends depuis maintenant plus de huit ans. Cette dernière phrase fut soufflée, exaspérée par son amie d'enfance.
- Ça c'est la meilleure ! Si je te dis année de terminale, tu penses à quoi ? Elle posa ses mains contre ses hanches, montrant son énervement qui montait encore d'un cran.
- C'est l'année où tu as décidé de me livrer une guerre sans merci et qui reste à ce jour, encore inexpliquée.
- Mais ma parole, tu ne te remettra donc jamais en question Laura ! Tout en débitant ses paroles, elle se releva, les bras en l'air, excédée et commença à faire les cent pas dans le petit habitacle.
Agathe ruminait, transmettant son agacement à son ennemie. Cette dernière la regardait depuis maintenant une dizaine de minutes. Au départ, cela ne lui faisait rien. Bien au contraire, elle pu reposer sa tête contre le mur toujours assise. Mais voyant que son ennemie ne fléchissait toujours pas et que le technicien ne donnait pas de signe de vie, elle se dit que c'était le bon moment pour mettre les choses au clair et mettre à plat les tensions accumulées.
Mais tout ce qui sortit de sa bouche ne fut que reproche.- Tu vas arrêter ton cirque là ? On dirait un lion en cage franchement !
Agathe s'arrêta net en entendant ces paroles. Son regard qui était vide était maintenant rempli d'animosité.
- Déjà, je suis une lionne pas un lion. Et je ne fais aucun cirque pour ta gouverne. Même ton ancien petit ami là, le Monolo, il comprendrait pourquoi je fais ça en ce moment. Toi qui te dis si douée en écoute auprès des personnes, tu devrais savoir que tout passe d'abord par la gestuelle.
Un raclement de gorge se fit entendre,suivit d'une voix masculine au ton grave.
- Mesdemoiselles. Je sais je vous importune encore une fois. Mais j'ai quelque chose à vous annoncer.
- Vous choisissez vos moments pour intervenir exprès pour la sauver ? J'espère pour vous que votre ton de voix n'est dû qu'à un problème vous cernant vous et non nous deux. Agathe, espérait au fond d'elle que ce n'était pas une mauvaise nouvelle, bien qu'elle savait que s'en était le cas.
- Malheureusement non. Comme vous l'avez si bien soulevé, j'ai une mauvaise nouvelle. Et effectivement, elle vous concerne...
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9 m2
RomanceLes deux pires ennemies, de l'entreprise immobilière la plus sollicitée du moment, se retrouvent coincées dans l'ascenseur principal. C'est le moment pour mettre au clair tout ce qu'elles ont à se dire. Car comment les deux meilleures amies du monde...