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La remarque de Livaï eut l'effet d'une douche froide et ramena immédiatement Julie sur Terre. L'étudiante posa son poing droit à l'emplacement de son cœur en se raidissant. Satisfait suite à l'exécution de ce geste, le brun tourna son regard las vers la rousse, attendant visiblement qu'elle explique la raison de sa venue. Julie déglutit, encore sous le choc d'avoir devant elle un Livaï des plus réels en trois dimensions, et se demanda combien de filles auraient vendu leurs âmes pour se retrouver dans ce bureau. Mais ses pensées divagantes furent rapidement balayées par la voix de Petra :

"- Marc a trouvé cette jeune femme endormie dans les écuries ce matin, l'air complètement perdu et sans uniforme. Et quand on lui a demandé ce qu'elle faisait là elle s'est mise à tenir des propos incompréhensibles..."

Petra prononça tout cela en s'avançant de quelques pas vers le bureau de son supérieur qui fronça les sourcils au fur et à mesure du récit de la rousse. Julie elle, resta médusée devant le fait que sa présence était presque ignorée, mais sachant pertinemment que le caporal n'était pas connu pour sa tendresse, elle ravala ses exclamations pour observer en silence la suite des événements.

"- Quel genre de propos ?
- Mh.. Je ne saurais pas vous les répéter. Mais ce qui est le plus inquiétant caporal, c'est qu'elle n'est pas une recrue. Je la soupçonne de s'être échappée de l'hôpital de la ville la plus proche."

La mâchoire de la blonde se décrocha face à ce que venait de dire Petra. Elle la pensait donc véritablement folle. Et comment la blâmer ? C'était la réaction la plus lucide à avoir face à une inconnue retrouvée un matin et qui utilise des mots invraisemblables. 

"- Alors ramenez la. C'était tout ?
- Oh.. heu.. oui. À vos ordres caporal."

Petra salua de nouveau Livaï, la mine un peu déconfite face à l'expédition si directe de son problème et saisit le bras de la blonde avec fermeté pour l'entraîner hors de la pièce. Mais Julie resta solidement sur ses pieds. Cette soudaine résistance lui valus un regard repli d'incompréhension, sourcils froncés, de la part de la rousse. Elle devait faire quelque chose si elle ne voulait se retrouver dans un hôpital, qui plus est dans un univers où la mort n'était jamais loin. Surtout si elle finissait par être prise pour une grande tarée.

Elle allait devoir être convaincante si elle voulait rester avec des personnes qui lui étaient familières. Julie prit une grande inspiration et se décala légèrement sur le côté pour avoir le caporal dans son champ de vision. Elle leva ses prunelles vers Livaï, bien déterminée à gagner le droit de rester ici, et dit avec très peu d'assurance :

"- Je ne suis pas folle..! Écoutez, je sais que vous vous méfiez, et c'est légitime, mais laissez-moi parler à Erwin. Je vous assure que j'ai toute ma tête.
- Et qu'est-ce que tu veux lui raconter à Erwin ?"

Les deux soldats la jugèrent silencieusement et le brun croisa les bras en plissant les yeux. Il se mit au fond de son fauteuil en attendant la réponse de Julie à sa question. Question, qu'il avait prononcée dans un ton aussi glacial que pouvait l'être son regard. Julie déglutit en jetant une œillade vers la rousse qui la regardait avec autant d'agressivité que Livaï de derrière son bureau. Elle se mit alors à jouer nerveusement avec le bijou autour de son cou.

Que devait-elle dire ? Pourtant elle en savait des choses sur eux, encore plus qu'ils n'en savaient sur eux-même d'ailleurs. Il fallait qu'elle arrive à éveiller la curiosité de Livaï, assez pour qu'il décide qu'elle devait rester là. Et elle n'avait pas beaucoup de possibilités pour ça.

"- Quelque chose que je ne peux pas vous dire comme ça, vous ne me croiriez jamais. Mais pour résumer, je sais... beaucoup de choses. Et comme il est évident que si je n'ajoute rien à ça, vous aller forcément m'envoyer dans un asile, je vais être obligée de vous en donner la preuve. Et je m'excuse d'avance de réveiller des souvenirs douloureux."

Julie prit une nouvelle inspiration en se mordant l'intérieur de la joue. Est-ce que son stratagème allait marcher ? Et est-ce que ce n'était pas, au fond, un peu égoïste ? Après tout, elle n'était pas dans son univers, elle n'avait absolument pas le droit d'interférer avec ses personnages, ou même plus généralement avec déroulement des choses. Mais elle avait peur. Peur pour sa vie, peur de savoir que même dans un monde qu'elle adulait, elle n'était pas à sa place. Mais le temps n'était clairement pas aux hésitations, et elle planta son regard dans les yeux aciers du caporal qui la toisait de façon presque haineuse et elle lui balança sans le lâcher du regard. 

"- Kuchel, Kenny, Isabel, Furlan."

L'enchaînement de ces quatre noms entraîna un froncement de sourcils chez Petra : absolument aucun ne lui parlait véritablement. Mais quand la rousse tourna  ses prunelles vers Livaï, elle comprit que ces paroles étaient directement destinées à son supérieur. Ce dernier avait un léger haussement de sourcil, et serrait les dents : preuve que les mots de la brunette ne le laissait pas indifférent. À ses côtés, Julie aurait préféré disparaître à tout jamais sous terre que de subir le regard assassin que lui jetait désormais le caporal. Livaï se leva de sa chaise en appuyant ses mains à plat sur le bureau.

"- Petra, merci pour le rapport, tu peux retourner à tes occupations."
- B-bien caporal."

Sur ces mots, la rousse lança un dernier regard à Julie qui semblait se liquéfier sur place et sortie de la pièce. Suite à quoi, le caporal contourna son bureau. Julie put alors constater de ses propres yeux une réalité qu'elle connaissait déjà, mais qui faisait particulièrement bizarre à voir : le si légendaire Livaï était véritablement petit. Tellement d'ailleurs, qu'elle le dépassait d'une petite dizaine de centimètres. Le brun se planta devant elle, le visage imperturbable, même si ses deux prunelles bleues trahissaient une certaine incompréhension.

Il la fixa pendant quelques secondes, un temps qui parut excessivement long pour Julie qui avait presque peur pour sa vie. Malgré sa petite taille, l'aura imposante qu'il dégageait était inhumaine, et l'étudiante se sentait incroyablement ridicule face à un charisme aussi écrasant. Livaï finit par détourner son regard dans un claquement de langue agacée avant de tourner les talons et de s'adosser avec négligence à son bureau. 

"- Comment as-tu connu ces gens ? 
- Je.. C'est.. Heu.. Est-ce que je peux parler à Erw-
- Je te repose la question une deuxième fois, et il n'y aura pas de troisième : comment as-tu connu les personnes dont tu as cité le prénom tout à l'heure ?"

Julie se senti blêmir face à la froideur des paroles de son interlocuteur : elle ne savait pas quoi lui répondre. Enfin, si, elle le savait, mais si elle le sortait telle quelle, la pilule ne passerait jamais. Surtout après avoir fait vriller Livaï dans cet état d'agressivité qui pouvait lui faire valoir quelques os cassés au moindre mot de travers. Les mains de la brune commencèrent à trembler, et elle tressaillit quand ce regard bleu aussi tranchant qu'une lame de rasoir se reposa sur elle. 

Il s'impatientait, et si elle ne disait pas quelque chose rapidement elle ne donnait pas cher de sa peau. Elle déglutit, sentant une goutte de sueur froide couler le long de sa nuque à cause de la panique. Pouvait-elle expliquer ça ? Qu'elle avait changer d'univers ? Elle n'arrivait toujours pas à le croire, alors un type aussi rationnel que Livaï... 

Mais elle se raidit en voyant le brun commencer à se décoller du bureau, les mains enfoncées dans les poches. Elle leva sa main devant elle en reculant d'un pas, se heurtant au mur. Ses jambes se mirent à trembler et au moment où Livaï avança d'un pas, l'instinct de survie de Julie se réveilla : si elle ne faisait rien, au mieux elle se faisait tabasser jusqu'à vomir ses tripes, au pire, elle finissait torturée. Voire les deux. Alors elle dit d'une voix forte et ferme, tranchant avec l'instabilité émotionnelle qu'elle ressentait : 

"- Je suis pas de votre monde !"

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Un situation bien sympa tout ça, surtout face à quelqu'un d'aussi conciliant et patient que notre cher Livaï. Lel. 

Pour une fois que j'écris un chapitre à des heures convenables, j'espère que sa qualité en sera positivement impactée -Ou pas MDR-
Encore une fois j'ai pas grand chose à dire, mais vous inquiétez pas ça devrait venir avec le temps.
Et on oublie pas : cœur sur vous.

Qui suis-je pour choisir ? -Attack On Titan-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant