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"- Bien. Maintenant que nous sommes au calme, j'aimerais que vous m'expliquiez pour quelle raison le caporal-chef semble vous chaperonner de la sorte."

Debout derrière son bureau, dans une pièce qui ressemblait plus à une bibliothèque qu'à autre chose, Erwin parla avec une très légère pointe d'amusement dans la voix. Il n'avait toujours pas réussi à percer le mystère entourant la jeune femme et le mutisme de Livaï à ce sujet n'aidait pas. Le trio était rentré dans un silence de plomb, qui n'avait été perturbé que par les jurons de Julie qui avait de nouveau été malmenée par son cheval.

Exténuée d'avance de savoir qu'elle allait une nouvelle fois devoir chercher ses mots pour expliquer l'inexplicable, Julie jeta un coup d'œil vers Livaï en croisant les bras. Elle avait une once d'espoir que ce dernier se décide à parler pour elle mais malheureusement, il se contenta de la toiser avec agressivité. La brune soupira longuement en fermant les yeux.

"- Bon, je vais tenter de faire court. Il y a encore quelques heures, à mes yeux vous n'étiez que des personnages tout droit sortis d'une histoire. Non, je n'ai pas d'explications sur comment j'ai atterri ici, et non, je ne sais pas non plus comment repartir. Oui, moi aussi j'aimerais avoir plus de réponses, mais non, je n'en ai pas plus que vous. Et pour parfaire le tout, étant donné qu'il s'agit d'une histoire que j'ai lue, je sais en quelque sorte ce qui va se passer par la suite."

Julie déroula tout ça dans un débit de parole extrêmement rapide, et une fois fini elle planta son regard dans celui d'Erwin qui la dévisageait en clignant des yeux. Elle croisa ses jambes en poussant un nouveau soupir.

"- Je vous en supplie, ne me faites pas répéter."

Le blond ouvrit la bouche et la referma sans qu'aucun son n'en soit sorti et tourna un regard vers Livaï. Cette histoire était invraisemblable, et il comprenait mieux ce qu'avait voulu dire son subordonné précédemment. Pendant quelques secondes silencieuses, les deux hommes se regardèrent et le brun eut un léger acquiescement pour rassurer son supérieur. Voyant qu'Erwin restait muet, Julie enchaîna plus doucement,  elle parla presque plus pour elle-même que pour eux, trahissant son épuisement :

"- Ecoutez.. je peux comprendre que vous ne me croyiez pas une seule seconde, j'ai moi-même remis en question le fait que j'étais saine d'esprit. Mais je n'aurais aucun avantage à vous mentir, surtout en vous sortant quelque chose d'aussi gros. J'aimerais juste que vous compreniez une chose : je me suis réveillée dans une écurie, dans un monde qui m'est presque totalement inconnu, on m'a pris pour une tarée pendant toute une journée et j'ai fait plus de quatre heures de cheval. En d'autres termes : je suis épuisée, affamée et je sens la sueur. Je ne serai vraiment pas contre le fait de vous laisser discuter de ça tous les deux, pendant que je prends une douche, un dîner et que je vais m'endormir en gardant l'espoir que demain, tout sera fini et je serai de retour dans mon appartement."

Elle leva un regard suppliant vers Erwin en jouant nerveusement avec son collier. Ce dernier la toisa un instant avant de pousser un long soupir en baissant la tête. Il pouvait lire dans les yeux de la jeune femme une immense fatigue mêlée à beaucoup d'incrédulité, lui prouvant que la situation la dépassait réellement. Il s'approcha de la porte avant de l'ouvrir en douceur et ajouta en regardant Julie du coin de l'œil : 

"- Livaï va te montrer où tu pourras te laver ainsi que l'endroit où se situe le dortoir des femmes. Il te trouvera des vêtements propres et je vais demander de te faire amener un repas. 
- Merci."

Julie soupira de soulagement en se levant de sa chaise sous le regard plus qu'irrité de Livaï qui était tout à fait ravi d'apprendre qu'il allait devoir jouer les guides touristiques. Quand la jeune femme se trouva aux côtés d'Erwin, le caporal fronça les sourcils en la voyant poser une main sur l'épaule de son supérieur. Il la vit murmurer quelque chose qu'il ne fut pas en mesure d'entendre ou de deviner, mais en constatant la lueur qui s'éveilla dans les yeux d'Erwin, il n'avait pas besoin de plus pour savoir que ces paroles n'avaient pas laissé le blond indifférent. 

Il sortit lui aussi de la pièce à la suite des deux autres et présenta à Julie ce que le major avait demandé précédemment. Il lui fit des explications plus que succinctes et fini par abandonner Julie devant les dortoirs féminins pour pouvoir retourner dans le bureau d'Erwin. La soirée était loin de se terminer pour les deux soldats. 

Il repassa la porte en bois qu'il avait franchi quelques minutes auparavant, sans se donner la peine de frapper. Sans surprise, il retrouva son ami, assis à son bureau avec les mains entrelacées devant lui et un verre rempli d'un liquide ambré à ses côtés. Livaï s'assit face à lui, se mit au fond de sa chaise et croisa les bras en gardant son regard bleu acier sur le blond qui semblait plongé dans une intense réflexion. Ils restèrent ainsi, dans un silence qui était bien loin d'être gênant ou inhabituel entre les deux hommes.

Au bout de quelques minutes, Erwin sorti un second verre et y versa le même liquide qu'il s'était lui-même servi, faisant parvenir aux narines de Livaï des effluves d'alcool. C'était annonciateur que quelque chose perturbait Erwin, et malheureusement, il se doutait bien que la brune avec qui ils avaient passé la journée n'y était pas pour rien. Il saisit le verre que lui tendait le blond et prit une lampée avant de briser le silence religieux qui régnait dans la pièce :

"- T'en penses quoi ?
- Qu'elle dit la vérité."

Livaï ne répondit rien, n'ayant pas lui-même la réponse à sa propre question. Mais si Erwin croyait aux paroles de cette fille, c'est qu'il y avait véritablement quelque chose. Il prit une nouvelle gorgée d'alcool, se disant que pour tenir la discussion qui allait suivre, c'était un moindre mal.

"- Qu'est-ce qu'elle t'as dit avant de partir ?
- Quelque chose qui me fait justement penser qu'elle dit la vérité.
- Alors qu'est ce que tu compte faire d'elle ?"

Le brun n'insista pas plus en voyant qu'Erwin n'avait pas répondu à sa question. Pour qu'il refuse de lui en parler, cette nana avait réellement dû trouver un argument de taille. Sans doutes du même acabit que ce qu'elle avait pu dire pour lui.

"- Je ne sais pas encore, mais il est clair que si elle détient des informations que nous n'avons pas, elle doit rester parmi nous. L'idéal serait même de pouvoir l'emmener en expédition, dans le meilleur des cas, évidemment.
- En expédition ? Tu plaisantes ? On est pas sûr que ce qu'elle nous vend soit la réalité Erwin. Qu'est-ce que tu feras s'il s'avère qu'elle bluff ? Son but est probablement de nous approcher, et vu comme tu es parti, elle va avoir ce qu'elle veut."

Livaï siffla ses paroles entre ses dents, passablement excédé par la réflexion d'Erwin qui manquait de lucidité à ses yeux. Face à ces questions, le blond ferma les yeux avec un léger sourire. Quand il les rouvrit, ses yeux azur brillaient d'une lueur que Livaï n'apprécia pas déceler dans une situation aussi critique. Il soupira en sachant d'ores et déjà ce que le blond allait lui répondre, et fini son verre d'une traite quand effectivement, son supérieur ajouta :

"- Je suis prêt à prendre ce pari, aussi risqué semble-t-il. Le gain à la clé a l'air d'en valoir la peine."

Quelques couloirs et escaliers plus loin, Julie était allongé en hauteur dans un lit superposé. Malgré son épuisement, son cerveau marchait à plein régime et l'empêchait de sombrer dans les bras de Morphée. Elle fixait le plafond, les mains croisées sur son ventre en se laissant bercer par les respirations régulières des soldates qui partageaient sa chambre.

Elle tritura la manche de la chemise qui lui servait de pyjama tout en se repassant en boucle cette journée invraisemblable. Elle se tourna sur le côté, posant ses yeux sur les rayons de la lune qui filtraient par la fenêtre et qui s'écrasaient sur le sol. Est-ce que tout ceci n'était qu'un rêve, même avec tout ce réalisme ? Elle priait de tout cœur pour que demain, elle retrouve sa chambre, réveillée par les travaux des voisins ou par un appel de sa petite sœur qui avait besoin d'un taxi. Elle sourit à cette pensée et ferma les yeux, gardant en tête cet espoir de retrouver ce quotidien qu'elle avait pourtant détesté la veille.

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Élément principal de ce chapitre ? ERWIN ET LIVAI QUI BOIVENT. J'aurais aimé les rendre bourrés mais je pense que pour que ces deux là finissent par ressentir les effet de l'alcool IL FAUT Y ALLER. Et pas doucement.

Et les fans de eruri je vous vois, Erwin et Livaï, seuls dans un bureau, toussa toussa..
- moi fan de eruri ? Pas le moins du monde, vous vous méprenez -

J'espère que vous passez toujours un bon moment devant mes chapitres parce que moi j'aime toujours autant les écrire !

Gros cœur sur vous ❤

Qui suis-je pour choisir ? -Attack On Titan-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant