Qui suis-je pour choisir ? -Attack On Titan-

- 8 -

La demande d'Erwin fit encore monter d'un cran l'amertume de Julie. Il venait de lui annoncer qu'elle allait devoir marcher vers sa propre mort sans y avoir donné le moindre consentement, et maintenant, il voulait tranquillement discuter ? Elle le toisa de haut en bas avec un regard noir et ouvrit la bouche avec la ferme intention de l'envoyer se faire foutre mais fût devancée par la voix rauque du blond :

"- Je sais que la décision que je t'impose est loin de te convenir, et je vois très bien à ta tête que tu allais t'empresser de me le rappeler. Je ne t'ai pas laissé le choix car jamais tu n'aurais accepté. Et comprend que désormais, tu fais partie du bataillon d'exploration et que, à ce que j'en déduis, tu joueras un rôle relativement important. Il est donc essentiel que tu sois préparée, et le plus tôt sera le mieux.
- Je comprends ton raisonnement d'accord ? Je le comprends vraiment. Mais c'est pas pour ça que je cautionne le fait de m'envoyer en expédition aussi tôt ! Hors des murs, le droit à l'erreur n'existe pas, on le sait tous les deux. Alors une imbécile heureuse comme moi, qui n'a même pas un dixième des compétences de votre pire soldat, même si l'intention est louable, ma probabilité de survie est de zéro !"

Julie répondit en haussant le ton, fusillant Erwin d'un regard qui mélangeait peur et colère. Elle était prête à défendre bec et ongles le fait que cette décision était d'une absurdité incommensurable, et surtout qu'elle allait y mourir.

Face à cette réponse, le blond se leva de son siège et contourna son bureau pour parcourir le peu de distance qui le séparait de la jeune femme. Malgré le fait qu'il la dominait de toute sa hauteur, Julie ne se démonta pas complétement et garda son regard brûlant de hargne planté dans les yeux bleus de son interlocuteur.

Les deux se jugèrent en silence, à quelques centimètres l'un de l'autre. Erwin avait toujours ce sourire insolent aux lèvres, la situation semblait presque l'amuser, ce qui ne faisait qu'alimenter l'énervement de la jeune femme. Le blond décela parfaitement cette lueur dans les yeux de Julie et cela renforça l'intuition qu'il avait à son égard. Pour une raison qui le dépassait, il était convaincu qu'elle avait les capacités de survivre et qu'elle allait très rapidement apprendre à devenir une soldate aguerrie.

"- Si tu déplaçais cette détermination que je lis dans ton regard sur ton entrainement, cela enlèverait déjà bon nombre de tes doutes. Je sens que ne mourra pas de sitôt, je suis prêt à en faire le pari."

Julie secoua la tête en entendant les paroles d'Erwin. Est-ce qu'il avait perdu la raison ? Elle commençait à se sentir dépassée par la rage et la terreur d'envisager sa présence à cette expédition. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance, qu'elle allait finir déchiquetée si elle sortait des murs. Même l'élite des soldats pouvait voir leur vie se finir face aux titans, alors la concernant, ça n'allait être qu'une question de minutes.

"- Je crois que le jugement que tu te fais de moi est loin d'être le bon. Tu as l'air de me surestimer, mais à un point ! Mon pauvre, quand tu me verras tomber de mon cheval au bout de cinq minutes hors des murs tu risques de-
- Ça n'arrivera pas. Quelque chose me dit que tu as toutes les capacités de t'en sortir. Tu as l'air de t'adapter très vite aux situations, tu sembles relativement intelligente et tu restes lucide dans tes propos malgré l'affluence de sentiments. C'est trois qualités essentielles pour un soldat du bataillon d'exploration."

Face à ce portrait extrêmement positif d'elle-même qu'on venait de lui faire, Julie écarquilla les yeux. Est-ce qu'il se payait sa tête ? En tout cas c'était l'impression qu'elle en avait. Comme depuis le début de cet échange, Erwin n'eut pas besoin des paroles de la jeune femme pour comprendre ce qu'elle pensait, et donc qu'elle ne croyait pas un mot de ses paroles.

Il posa une main sur l'épaule de Julie avec un léger hochement de tête, intimant silencieusement qu'il pensait ce qu'il venait de dire. Mais la brune était complètement focalisée sur le contact de la main d'Erwin à travers le tissu de sa chemise. Elle dégageait une légère chaleur et Julie laissa dériver son regard sur la mâchoire du blond puis sur les muscles de son cou qui disparaissaient sous sa chemise.